Retour annoncé de Bah Oury : des membres du BE de l’UFDG se font entendre

Bah Oury et Cellou Dalein« Sans dramatiser outre mesure mais sans rien négliger pour autant, il nous faut réagir pour que l’actuel malaise au sein de l’UFDG ne mette pas en péril notre volonté d’être ensemble et notre devenir commun. Pour ce faire, nous devons avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de poser les problèmes, sans complaisance ni tabou, et de proposer les solutions que nous croyons les plus objectives, pour qu’elles soient pérennes », écrivent les membres du « forum des cadres de l’UFDG ».

Ce document intitulé « propositions de refondation de l’UFDG » avait été écrit dans la perspective congrès de l’UFDG. Mais, c’est dans l’après-midi de ce lundi 18 janvier 2016 qu’il a été transmis à Guineematin.com pour publication.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous l’intégralité de ce document tel que transmis par un de ses signataires :

LE FORUM DES CADRES DE L’UFDG

PROPOSITIONS DE REFONDATION DE L’UFDG

A L’ATTENTION DES CADRES ET RESPONSABLES DU PARTI A TOUS LES ÉCHELONS

Nous sommes un groupe de cadres, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes œuvrant de concert pour approfondir la réflexion sur des questions d’ordre tactique et stratégique en vue d’apporter notre contribution dans l’édification de notre parti l’UFDG que nous voulons plus performant, moderne et démocratique.

Les assises du congrès annoncées devraient nous offrir l’opportunité de procéder aux corrections des dérives constatées et à la nécessaire restructuration de l’appareil du parti, au recadrage de sa gestion et de son fonctionnement.

Il nous a donc paru important de saisir cette opportunité des préparatifs du congrès pour  rechercher des solutions indispensables à la survie du plus grand parti politique de notre pays et son accession au pouvoir.

Nous savons que dans toutes les organisations humaines, les périodes de dépression succèdent ou précèdent souvent celles de faste. C’est une loi de la nature et les partis politiques n’échappent pas à cette dialectique. Et c’est le cas aujourd’hui de l’UFDG qui vit une profonde crise qu’il serait mal venu d’éluder en cette phase critique que traverse notre pays.

Les observations et suggestions contenues dans ce document sont  issues de la volonté de certains responsables, militants et sympathisants de notre parti de participer activement à la démarche tendant à attirer l’attention de la Direction du parti sur l’impérieuse nécessité  de circonscrire et de résoudre la profonde crise de confiance au sein de l’UFDG engendrée  par les frustrations et une gestion néo-patrimoniale du parti.

Sans dramatiser outre mesure mais sans rien négliger pour autant, il nous faut réagir pour que l’actuel malaise au sein de l’UFDG ne mette pas en péril notre volonté d’être ensemble et notre devenir commun.

Pour ce faire, nous devons avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de poser les problèmes, sans complaisance ni tabou, et de proposer les solutions que nous croyons les plus objectives, pour qu’elles soient pérennes.

La crise actuelle s’exprime donc dans les termes suivants et pose des interrogations fondamentales sur les buts poursuivis dans les formules de structurations jusque-là proposées comme organigramme de l’UFDG :

–    constitution de clans rivaux ;

–    découragement au sein de la base militante ;

–    persistantes interrogations de la base sur les aptitudes de la Direction du parti à la conduire à la victoire.

Faut-il le rappeler, l’UFDG d’aujourd’hui ne s’est pas constituée ex nihilo. Elle doit sa force actuelle à plusieurs courants politiques qui se sont développés depuis 1992-1993. La gestion de ces courants a été un difficile jeu d’équilibre, que la Direction du parti a su mener tant bien que mal, jusqu’aux élections présidentielles de 2010.

Après ces élections, il s’est installé une mainmise progressive de cadres venant de l’Administration et de transhumants politiques sortis d’autres partis. Toutes ces personnes se sont muées en opposants. Cette mainmise, a été couronnée par l’élimination systématique des anciens membres de l’UFDG de la direction du parti et le déclassement de certains anciens cadres du parti sur les listes aux élections législatives de 2013.

Il est également reproché à l’actuelle Direction du parti, les griefs ci-dessous listés :

  • le non respect du cadre légal existant,  bien que lui-même, comporte de nombreuses lacunes à corriger urgemment (statuts et règlement intérieur).
  • Le manque de soutien moral & politique au Vice Président et d’autres militants du Parti lors de leur procès ;
  • Les fréquents dédits politiques enregistrés au cours de ces dernières années notamment : le rejet puis l’acceptation de Waymark, la non participation annoncée aux législatives puis renoncée, etc…
  • l’inscription sur la liste nationale à la députation au détriment des militants de l’UFDG de leaders de partis qui n’ont jamais eu un réel poids électoral sur l’échiquier politique national, et d’autres cadres jusque-là inconnus à l’UFDG.
  • la mise en place d’une commission d’investiture partisane qui, lors de l’établissement des listes de candidatures a privilégié ses propres membres et les amis d’El hadj Cellou au détriment de beaucoup d’autres cadres du parti.
  • l’arbitraire mise à l’écart de la plupart des secrétaires fédéraux dont certains ont, à leur actif, plus de 20 ans de militantisme.
  • le clientélisme, le népotisme et la gestion opaque des ressources du parti.
  • La non institution d’une journée en la mémoire de feu Ba Mamadou, premier président de l’UFDG et grand combattant pour la Démocratie et l’Etat de droit dans notre pays. Et c’est pour corriger cette lacune, que la famille et des cadres amis de Ba Mamadou ont organisé en Mai 2015 sacrifice et  symposium en sa mémoire.
  • l’abandon du siège du parti à la minière dans un état de délabrement indescriptible sans équipements ni entretien. Or, bien que le président du parti ait installé son cabinet dans sa villa privée au quartier dit CBG, il n’a jamais été dit, que ces locaux étaient désormais le siège du parti.

Sur la base de ce constat, vous comprendrez que la frustration soit grande au sein du parti et qu’il faille trouver des solutions pour un meilleur avenir.

A l’analyse des faits sus mentionnés et de bien d’autres comportements et faiblesses coupables, les causes de la crise dépassent donc, largement, ce que beaucoup s’étaient empressés à un moment donné, de qualifier de «guerre des chefs » au sommet du parti.

A notre avis, la démarche doit porter essentiellement sur la refondation du parti.

En effet, on ne devrait pas parler d’individus mais de principes. Il faudrait donc envisager :

  • la refonte des statuts et la reformulation  d’un règlement intérieur cohérent en vue de la mise en place de structures plus fonctionnelles et d’une organisation plus simple et pratique ;
  • la redéfinition d’une vision politique mieux adaptée au contexte actuel.
  • la mise en place de pratiques transparentes dans la gestion du parti et de son patrimoine.
  1. DE LA NECESSAIRE REFONTE DES STATUTS

Les statuts de l’UFDG modifiés et actuellement appliqués n’ont jamais été adoptés par un congrès et ne sont donc opposables à qui que ce soit.

D’ailleurs, dans la forme comme dans le fond, ils apparaissent trop lourds, trop peu adaptés à ceux d’un parti qui se veut moderne, dynamique et prospectif. Pour y apporter beaucoup plus de souplesse, les statuts doivent impérativement être révisés et débarrassés des fonctions et organes ci-après :

  1. les nombreux vices présidents :

En réalité, ils constituent une cour autour du président et l’encombrent plus qu’ils ne le secondent dans l’accomplissement de sa mission.

Un président et un vice président ou secrétaire général sont largement suffisants à la tête du parti.

Les représentations régionales et les dosages ethniques à la tête du parti ne suffisent pas  pour en faire un parti national.

  1. le conseil politique :

Simple organe consultatif selon les statuts, il fait aujourd’hui double emploi avec le bureau exécutif, organe de décision dont il s’est quasiment approprié toutes les prérogatives. Là également, il faudra choisir un organe et supprimer l’autre : Bureau Exécutif ou Bureau Politique du parti. L’organe qui sera retenu devra comprendre un nombre limité de membres pour être efficace 15 à 21 maximum.

  1. le cabinet du président :

Il est tout simplement superflu et  très peu productif, en plus il éloigne le président des structures du parti et des militants. Il est d’ailleurs, de notoriété publique, que le président du parti ne travaille qu’avec ses amis du cabinet laissant de côté les structures du parti. Et cela n’a rien de politique.

  1. le conseil des sages et les secrétaires nationaux :

Les Secrétaires nationaux sont pléthoriques et avec les conseils de sage à tous les niveaux, ils sont inutiles car ils apparaissent comme une Direction parallèle dont les attributions se recoupent avec celles des différents organismes du parti en particulier le BE ou BP. Il est donc, plus simple et plus rationnel  de mettre en place des comités  de femmes et de jeunes  au niveau de chaque structure du parti : comités de base, sections, fédérations et au niveau national.

Les statuts actuels devraient tout simplement être remplacés par l’ancienne version.

C’est pourquoi nous suggérons :

  1. La mise en place d’une seule fédération par commune, car il n’y a qu’une seule circonscription électorale par commune ;
  2. L’institution d’un Bureau Exécutif ou d’un Bureau Politique comme organe de décision du parti. Les membres qui composeront cet organe devront avoir une expérience politique avérée, des compétences techniques éprouvées et une moralité au delà de tout soupçon.
  3. L’organe de décision qui sera mis en place BE ou BP devra à son tour installer un secrétariat permanent au siège du parti pour un suivi au quotidien des activités du parti : courrier, tenue des archives, intendance etc.
  4. L’élection d’un président et d’un vice président ou secrétaire général.

Il faut absolument faire cesser l’intolérable confusion entretenue sur l’ordre de préséance pour assurer l’intérim en cas d’absence ou d’empêchement du président. Cette confusion est née de la pléthore du nombre de vice présidents et du fait  que le président a dit qu’ils sont tous logés à la même enseigne.

 

  • DE LA DÉFINITION D’UNE VISION POLITIQUE MIEUX ADAPTÉE AU CONTEXTE :

Pour répondre à cette exigence qui nous parait fondamentale, nous suggérons que la Direction du parti mette en place des groupes de réflexion ou commissions techniques.

Ces « think tank » qui existent dans tous les partis politiques organisés seront constituées de cadres d’un haut niveau, choisis pour leur expertise prouvée, aptes  à faire au parti de pertinentes propositions de solutions sur toutes les questions de la vie nationale : politique, économique et sociale. Ces cadres pourront de ce fait, aider à constituer des banques de données en faveur du parti, et lui permettre ainsi, de disposer d’un éventail de solutions sur divers sujets  d’intérêt national et  international.

Pour en arriver à des solutions consensuelles, il est souhaitable que ces commissions de réflexion regroupent  de cadres appartenant aux divers courants politiques qui, historiquement constituent le socle du parti. L’invite à la concertation  au sein de ces groupes de réflexion, toutes tendances confondues, permettra de trouver à la base, des solutions consensuelles sur tous les sujets d’intérêt commun.

  • DE LA BONNE GOUVERNANCE ET DE LA GESTION DÉMOCRATIQUE DU PARTI :

Nous devons travailler davantage à instaurer une culture démocratique affirmée au sein du parti, en même temps que nous devons instituer des méthodes de gestion transparentes de ses ressources.

Plus de démocratie au sein d’un parti politique exige que tous les courants en son sein, puissent s’exprimer  librement. Il y faut de la tolérance, du respect absolu  de l’autre, de l’humilité ;  et cela, à tous les niveaux. Il faut donc, à tout prix, bannir tout règne de la pensée unique et toute dictature rampante au sein de l’UFDG.

Dans la désignation des cadres du parti aux divers postes de responsabilités, en son sein comme en dehors de lui, il faut beaucoup plus d’objectivité.

Dans cette optique, nous suggérons la mise en place d’une commission d’investiture dont le rôle sera de proposer les cadres devant représenter le parti à l’occasion de toute élection  ou auprès des différentes Institutions nationales et internationales.

Il appartiendra à cette commission de définir des critères clairs, objectifs et non discriminatoires de désignation des cadres qui auraient le meilleur profil pour représenter le parti à ces occasions. Il reste naturellement entendu et bien compris, que les membres de cette commission ne devront en aucun cas,  être candidats aux différents postes à pourvoir, comme ce fut le cas, lors de la dernière élection législative.

Tous les cadres et leaders, élus députés sur la liste UFDG devraient intégrer le parti obligatoirement.

Nous devons également travailler à plus de transparence dans la gestion du patrimoine du parti. Ce patrimoine comprend à la fois les biens mobiliers et immobiliers. Dans cette optique, il faudra nécessairement créer une cloison étanche entre les biens du parti et ceux de ses dirigeants.

Les ressources financières du parti doivent être gérées par un trésorier élu au niveau de chaque organisme, de la base au sommet. Chaque trésorier à chaque niveau devra faire un compte rendu exhaustif de la situation financière lors des réunions du parti en suivant des règles et procédures bien établies.

Les matériels et équipements seront gérés par un service administratif mis en place à cet effet, et relevant du secrétariat permanent.

Toutefois, les membres de ce service administratif devront être désignés par le BE ou BP auquel ils feront un compte rendu régulier, des tâches et opérations effectuées.

Nous suggérons également, que pour qu’il y’ait plus de démocratie dans le parti, il faut qu’il y ait moins de bureaucratie.

Sans verser dans la banalité, il faut agir de manière à rapprocher les responsables du parti de la base, en les rendant plus accessibles aux militants.

En définitives, nous pensons qu’il nous faut revenir aux fondamentaux de notre parti. Ce sont eux qui en avaient fait un modèle et une référence pour tous les guinéens épris de justice, de démocratie vraie et de progrès.

Pour y arriver, nous devons nous employer à « construire des institutions fortes » comme le disait l’autre, au lieu de nous évertuer à former des dictateurs. Cessons de déifier nos dirigeants !

Voilà exposées quelques esquisses, quelques propositions de solutions pour l’amélioration de l’organisation et du fonctionnement de l’UFDG.

Ces quelques propositions de solutions démontrent que la crise que connait présentement l’UFDG dans son fonctionnement ne peut pas se résumer en une simple  opposition entre quelques personnes membres du parti. Nous l’aurons compris,  le malentendu résulte du non respect des règles démocratiques dans l’organisation et la gestion du parti.

Simplement pour dire, que pour éviter de mettre en péril notre volonté d’être ensemble et notre devenir commun dans ce parti, il faut impérativement que nous apportions aux causes de la crise, les solutions les meilleures, parce que les plus justes.

Conakry, le 09 juin 2014

POUR LE FORUM DES CADRES

Deux Membres :

ELHADJ BOKAR BOKOUM Membre du BE  de l’UFDG

SACKY CAMARA Membre du BE de l’UFDG

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