Le sous-préfet de Garambé (Labé) à Guineematin.com : «Nous n’avons jamais reçu l’appui des ressortissants…»

sous_préfet_garambéDans un entretien qu’il nous a accordé, le sous-préfet de Garambé (préfecture de Labé), Mamadou Lamarana DIALLO, ancien Directeur de la maison régionale de la jeunesse, nous parle de la non implication des ressortissants dans la mise en œuvre des projets de développement de la collectivité, de la nécessité de mécaniser l’agriculture guinéenne et de ses relations avec le RPG-Arc-en-ciel. Interview !

Guineematin.com : En quoi se résument aujourd’hui vos activités en votre qualité de sous-préfet de Garambé ? 

Mamadou Lamarana DIALLO :  Mes activités portent sur le suivi et le contrôle des services déconcentrés de l’Etat dans leurs missions de prestation de services à la base. Dans cette mission, nous avons le service de l’agriculture qui encadre les paysans dans la production, l’épandage d’engrais, la production de la pomme de terre et la culture du riz. Les années passées, la sous-préfecture de Garambé avait commercialisé 20 tonnes de riz, donc c’est une zone favorable à l’agriculture.

Sur le plan de la santé, il a été signalé l’existence d’un foyer de fièvre Ebola à la limite de Garambé et Safatou II, dans la commune urbaine de Labé. Là, on s’est déplacé avec les services de santé pour prendre contact avec la Direction Régionale de la Santé de Labé. Des dispositions ont été prises. La population a été encadrée. La famille qui a reçu le corps a été suivie, encadrée et après les 21 jours, Dieu nous a donné la chance il n’y a pas eu de contaminations. Le foyer n’a donc pas connu de l’extension.

Sur le plan de l’élevage, le chef de service s’occupe présentement du recensement des bovins, des ovins et des caprins. Le charbon et la peste bovine sont les principales maladies rencontrées mais qu’il arrive toujours à contenir. Il procède à la sensibilisation pour la cohabitation pacifique entre les agriculteurs et les éleveurs en vue d’éviter les foyers de tension.

Sur le plan de l’éducation, nous avons enregistré des résultats positifs au cours de l’année scolaire écoulée.

Quelle est la nature de vos relations avec le conseil communal de Garambé ?

Nous avons des relations de collaboration avec le conseil communal de Garambé qui est placé sous notre tutelle rapprochée. D’abord, nous leur apportons des appuis conseils dans l’élaboration des plans annuels d’investissements, du plan de développement local et du diagnostic socio-économique. Dans ce cadre, nous avons monté le plan annuel d’investissement du district de Seghen qui a porté sur un pont. Cet ouvrage de franchissement a été construit. Nous avons monté aussi le plan annuel d’investissement de Bassanyah pour la construction d’une école primaire. C’est ce que nous sommes en train d’exécuter actuellement. L’appel d’offre a été lancé et la compétition aura lieu bientôt.

Vous avez la particularité d’avoir un maire analphabète…

Le maire étant coopérant, la tutelle n’a pas de difficultés avec lui. Il vient se référer pour tous les problèmes qui se posent. Nous réfléchissons ensemble. Nous apportons l’appui-conseil et nous agissons ensemble.

Il y a quand même des points sur lesquels vous ne conjuguer pas le même verbe…

Non ! Il n’y a pas eu de discussions entre la commune rurale et la sous-préfecture. La tutelle est respectée et toujours nous travaillons de concert.

Quelles sont aujourd’hui les faiblesses du conseil communal de Garambé ?

Les citoyens de la sous-préfecture sont à cheval entre la commune rurale et la commune urbaine de Labé distantes seulement de 10 kilomètres. La gestion de ces populations est donc un peu complexe, parce que le matin les citoyens quittent la sous-préfecture pour faire leurs commerces dans la commune urbaine de Labé. Ils rentrent le soir. La mobilisation est donc un peu difficile. Le conseil communal parfois fourni beaucoup d’efforts pour pouvoir contenir ses citoyens.

Cela veut-il dire que vous rencontrez des difficultés de mobilisation de ressources ?

C’est évident ! Les citoyens qui habitent Garambé et Labé ne s’acquittent pas toujours des taxes.

Dans ce contexte, comment appréciez-vous la décentralisation dans notre pays ?

C’est une action réussie au regard des résultats obtenus à la base. D’abord, je commence par louer les efforts du gouvernement. L’apport des engrais à ses paysans. La collectivité est une zone de production de pommes de terre par excellence. La jeunesse s’engage dans la production. Les citoyens sont en train de produire et faire une bonne récolte : 15 tonnes à l’hectare. Ce qui attire beaucoup de citoyens de Garambé dans la culture de la pomme de terre. Cette décentralisation qui a désenclavé aussi les villages de Hafia, Garambé Centre, Seghen et Diari facilite, par la construction du pont, la circulation des personnes, de leurs biens et des produits agricoles.

Quels sont les besoins prioritaires de développement à Garambé ?

Au niveau des districts, les jeunes s’organisent pour boucher les trous sur les pistes rurales. Les associations de jeunesse qui évoluent dans ce domaine demandent un appui pour l’aménagement de ces pistes rurales en vue de faciliter la circulation entre les villages.

La construction de ponts pour relier certains villages et un appui croissant des populations sur le plan de l’agriculture : l’apport des intrants et des désinfectants. Même la mécanisation de l’agriculture, parce que le développement de l’occident est parti de là. Il faut qu’on se passe de la houe pour venir à la mécanisation, augmenter les espaces cultivés en vue d’augmenter le rendement dans le but de pouvoir maximiser la production.

Quel est le niveau d’implication des ressortissants dans la mise en œuvre des projets de développement de Garambé ?

L’implication des ressortissants est très faible dans le développement de Garambé. Seules les associations des jeunes qui interviennent dans le développement. L’association des jeunes du centre a eu à aménager une salle au centre de santé pour l’accouchement. La même association a eu aussi à construire une salle de classe à l’école primaire franco-arabe.

Comment expliquez-vous la non implication des ressortissants dans les activités des autorités de Garambé ?

Le contact n’est pas très fréquent puisque ces ressortissants, même s’ils viennent, vont dans leurs districts. Ils interviennent parfois dans la construction de mosquées et autres mais pas dans les actions à vocation économique. Pour le moment, nous n’avons jamais reçu l’appui des ressortissants dans la mise en œuvre de nos plans de développement local.

Peut-on dire alors que le sous-préfet que vous êtes est bien intégré dans Garambé ?

Bien sûr ! Le sous-préfet est bien intégré, puisqu’il travaille avec les populations à la base. Les ressortissants résident ailleurs. Leur venue à Garambé dépend de leur volonté et de l’invitation de leurs parents. Par contre, le sous-préfet gère les populations en place.

Les autorités locales sont-elles conscientes de l’influence qu’ont ces ressortissants sur les populations résidentes ?

Oui ! Le maire en parle souvent. Il propose d’aller les rencontrer à Conakry et demander leur appui en vue de mettre un pont en place à Labédheppéré.

Comment ressentez-vous aujourd’hui le repli-identitaire en votre qualité de représentant du pouvoir central dans une collectivité fortement acquise à l’opposition ?

Je n’ai pas constaté de repli-communautaire dans la sous-préfecture de Garambé. Les citoyens vivent ensemble. Les partis cohabitent pacifiquement. Lorsqu’il y a un besoin de mobilisation et de contribution on ne constate pas l’aspect politique. Après les moments de campagne, chacun s’occupe du développement pour ce qui concerne les citoyens à la base. D’ailleurs, à l’heure là, on n’entend même pas parler politique. Chacun s’occupe de ses activités et cherche comment vivre.

Que faites-vous concrètement sur le terrain pour inverser cette courbe politique en faveur du régime qui vous a nommé sous-préfet ?

Moi, je gère la population. Mon ministre m’a dit de ne pas me mêler de la politique et chaque parti est représenté à Garambé. Il revient à la section de fournir de l’effort pour inverser la tendance. Je suis l’arbitre. Je suis ce qui se passe sur le terrain, selon les instructions données par mon département.

Il arrive quand même que le RPG-Arc-en-ciel sollicite votre expertise et votre appui-conseil à l’interne….

Sur ce plan, je me réserve de parler de politique.

 Propos recueillis par Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com 

 

Facebook Comments Box