L’honorable Aïssata Daffé galvanise les guinéennes : « il faut qu’on aille au combat… »

Honorable Hadja Aïssata Daffé de l’UFR

En prélude à la fête internationale des femmes, célébrée le 08 mars de chaque année, Guineematin.com donne la parole à plusieurs femmes, des plus connues aux plus anonymes. La démarche vise à échanger avec elles sur les enjeux de cette fête mais aussi sur ce qui reste à faire dans le cadre de la promotion de la couche féminine.

C’est dans cette dynamique que Hadja Aissata Daffé, députée de l’Union des Forces Républicaines (UFR) et présidente nationale des femmes dudit parti, a accordé un entretien à notre reporter. L’honorable Daffé est également membre du parlement des femmes de la CEDEAO.

Guineematin.com : bonjour honorable. L’on s’apprête à célébrer la fête internationale des femmes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Hadja Aissata Daffé : vous savez, ce n’est pas nouveau. C’est une fête qui donne l’opportunité aux femmes de revendiquer leurs droits, de faire l’état des lieux sur ce qui a été fait et sur ce qui reste à faire. C’est aussi l’occasion de trouver des stratégies pour pouvoir atteindre les objectifs que se sont fixés les femmes. Donc, pour cette année 2017, on doit parler de l’autonomisation des femmes. Cela signifie de donner une indépendance totale aux femmes de se gérer elles-mêmes. Et nous savons que les femmes guinéennes sont braves. Quand vous vous levez à 4 heures du matin, sur 100 personnes que vous rencontrez, 95 sont des femmes. Ce sont des femmes qui brassent des millions et des millions de francs guinéens dans le secteur informel. Voilà pourquoi il faut essayer de mieux les organiser pour qu’elles puissent se prendre en charge, même si en famille elles ont toute l’économie, toute la gestion du foyer dépend d’elles.

Guineematin.com : sur le plan juridique, on parle d’un quota de 30% de postes de décisions devant revenir aux femmes. Où est-ce qu’on en est aujourd’hui avec ce quota dans notre pays ?

Hadja Aissata Daffé : regardez un peu notre Assemblée Nationale. Dans les temps, j’étais porte-parole avant les élections législatives de 2013, du cadre de concertation des femmes et filles des partis politiques. Nous avons eu à faire des plaidoyers auprès de tous les états major des partis politiques qui existaient à l’époque pour une meilleure représentativité des femmes, mais surtout pour une liste zébrée.

Guineematin.com : c’est quoi cette listes zébrée honorable ?

Hadja Aissata Daffé : une liste zébrée, c’est un homme-une femme pour chaque liste. Mais malheureusement, certains partis politiques qui ont eu à respecter ce quota de 30 % ont donné un mauvais positionnement aux femmes. Des positionnements, au niveau de la liste nationale, où elles n’étaient pas éligibles. Ensuite, au niveau des candidats uninominaux, regardez à l’Assemblée Nationale, sur les 38 préfectures et communes de la Guinée, il y a combien de femmes ? Je crois qu’il y a celles de Mamou, de Dalaba, de Boffa, de Mandiana. C’est des choses qui doivent être revues. Malheureusement, les femmes ne profitent pas de leur supériorité numérique.

Guineematin.com : pensez-vous que les femmes ne se battent pas suffisamment pour leur représentativité ?

Hadja Aissata Daffé : elles se battent. Mais en fin de compte, il y a nos coutumes et mœurs qui empêchent ces femmes à continuer le combat. Donc, il faut que les femmes comprennent qu’elles doivent être là. On ne viendra pas nous donner les places aux femmes sur un plateau d’or. Il faut qu’on aille au combat, il faut qu’on aille au front, c’est ça la réalité. Si vous voyez que les hommes jouent sur nous, on nous met dans une marmite et que les femmes se mettent à s’entre-déchirer, on ne pourra rien. Comme nous sommes à la veille des élections communales, c’est le lieu que ce quota là soit bien respecté.

D’ailleurs, le forum des femmes parlementaires a fait entrer un projet de loi pour arriver à la parité. Certains hommes nous disent d’abord les 30%, où sont les femmes sont ? Cela veut dire que les femmes refusent de s’impliquer en politique. Pourtant elles sont. Allez aux assemblées générales des partis politiques ou aux manifestations, les plus présentes sont les femmes. Mais beaucoup de femmes intellectuelles refusent de venir faire de la politique. Pour arriver aux postes de décision, il faut faire de la politique. Si tu veux être maire, députée, présidente de la République, il faut être présenté par un parti politique. Et s’il y a un président de la République élu, il commencera par nommer ses militantes.

Aujourd’hui, on a combien de femmes diplomates ? Les femmes sont sous-représentées partout. Et celles qui sont là sont liées aux partis politiques ou au parti au pouvoir.

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 07 99 17

 

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