Pour dénicher l’assassin du journaliste Mohamed Diallo, posons-nous la question « à qui profite le crime ? », dixit Me Amadou Diallo

Maître Amadou Diallo 1Après une vague d’indignations du monde de la presse et de la communauté guinéenne, consécutivement à la disparition tragique du journaliste Mohamed Koula Diallo, l’information judiciaire ouverte par le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Dixinn aurait déjà occasionné des transports judiciaires sur les lieux du crime et l’interpellation de plusieurs militants et éléments du Service de Sécurité de l’UFDG.  

Qualifiant de sélectives et discriminatoires ces interpellations, le député maître Amadou Diallo, par ailleurs avocat à la Cour et Conseil de l’UFDG, a tenu à apporter quelques précisions quant aux éléments et indices devant guider les enquêteurs en pareilles circonstance.

Honorable Amadou Diallo 

D’entrée, je voudrais exprimer ma profonde compassion et présenter mes sincères condoléances aux familles biologique et professionnelle, ainsi qu’à l’ensemble des Guinéens, consécutivement au décès du jeune reporter du site d’informations « Guinee7.com », Mohamed Koula Diallo, arraché à notre affection, dans la soirée du vendredi, 5 février 2016.

Tout en insistant sur mon indignation afférente à ce meurtre, il est loisible de constater qu’en l’état actuel des choses, l’objectif unanimement recherché par les autorités, la classe politique et l’entièreté de la société civile guinéenne n’est autre que de dénicher le ou les coupables, mais également, s’il y a lieu les commanditaires de ce crime. Dans cette perspective, il faudrait absolument faire preuve de discernement, de professionnalisme, d’objectivité, d’impartialité, de neutralité et de sérénité.

Ma réaction, à ce stade des enquêtes, sauf erreur de ma part, résulte du caractère sélectif et discriminatoire des interpellations déjà opérées, lesquelles ne semblent avoir concerné que des personnes jugées proches du Président de l’UFDG, alors qu’en face, il y en avait d’autres se réclamant de Monsieur Bah Oury, sans compter des observateurs anonymes également présents sur les lieux au moment de la commission du crime.

En pareilles circonstances, la logique voudrait que les enquêtes soient orientées sur la recherche de l’arme utilisée et toutes les personnes physiques présentes sur les lieux au moment du crime, mais aussi et surtout, des personnes physiquement absentes, ayant un intérêt quelconque lié à la commission de ce crime, précisément au siège de l’UFDG.

Aussi, faut-il préciser qu’en la matière, pour que l’infraction soit constituée, il faut absolument la réunion de trois éléments constitutifs : un élément légal, un élément matériel et un élément intentionnel. Pour le cas précis du meurtre du journaliste Mohamed Koula Diallo, l’élément le plus déterminant pour les enquêteurs, à défaut de retrouver d’emblée l’arme et l’auteur du crime, au regard du nombre important de personnes se trouvant sur les lieux au moment du crime, est l’élément intentionnel, c’est-à-dire le mobile du crime, ou encore, celui ou ceux qui ont intérêt à la commission de ce crime au siège de l’UFDG.

Bref, il faut dire que les militants de l’UFDG, en particulier les éléments de la Sécurité, à mon avis, n’avaient et n’ont aucun intérêt à la commission de ce crime en ces lieux et précisément sur la personne ayant été victime qui ne faisait que son travail, de surcroît jugée proche du parti. Autant dire, qu’il y a lieu d’étendre les enquêtes sur la piste de recherche de toutes personnes physiques ou morales pouvant tirer un quelconque bénéfice de cette situation. Sans compter que l’hypothèse d’un accident ne doit également guère être écartée.

Maître Amadou Diallo, depuis Dakar

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