Sila Bah annonce une révolution en Guinée : si on modifie le code électoral, il n’y aura pas la paix

Les débats se poursuivent sur plusieurs textes à l’Assemblée nationale. Mais, celui qui se fait le plus parler de lui est le code électoral qui sera issu de l’accord politique du 12 octobre 2016. Après les députés Gobou Camara du RPG arc-en-ciel, Cellou Baldé de l’UFDG et Docteur Deen Touré de l’UFR, Guineematin.com a donné la parole à l’honorable Elhadj Alpha Ibrahima Sila Bah, démissionnaire du groupe Alliance républicaine pour devenir député non inscrit, après le ralliement de ce groupe à la mouvance présidentielle. Elhadj Alpha Ibrahima Sila Bah est le président du Parti Guinéen pour la Renaissance et le Progrès (PGRP) et coordinateur du front national contre l’accord politique du 12 octobre. Nos deux reporters qui l’ont rencontré lui ont posé des questions sur le code électoral et le code des collectivités locales.

Décryptage !

Guineematin.com : Honorable, depuis un certain temps, vous avez, à l’Assemblée nationale, un texte portant modification du code électoral, un autre texte sur le code des collectivités. Où en êtes-vous sur l’examen et l’étude de ces différents textes ?

Honorable Alpha Ibrahima Sila Bah : comme vous le savez, il y a la commission des lois qui a été saisie du document. Cette commission est chargée d’instruire le dossier, mais tout député a le loisir de participer aux travaux de cette commission. Et, à cet égard, je me suis fait le devoir impérieux de participer jour après jour aux travaux de cette commission. Parce qu’il s’agit là, des droits des citoyens d’élire leurs propres représentants et c’est un droit fondamental auquel nous tenons. Comme les dispositions qui sont sommes soumises à l’Assemblée nationale, veulent changer la loi pour qu’au niveau des districts et des quartiers, que leurs représentants soient désignés au prorata des résultats des élections. Non ! Nous avons estimé qu’il s’agissait là, d’une usurpation du droit des citoyens, une entrave grave à leurs libertés. Et, nous avons constitué à cet égard un front qui s’érige contre cette disposition et nous avons entrepris une campagne de sensibilisation dans tout le pays pour que cette disposition ne soit jamais adoptée par l’Assemblée nationale.

Guineematin.com : À ce niveau, quels sont les arguments concrets que vous comptez utiliser pour persuader les députés d’aller dans le sens que vous souhaitez ?

Honorable Alpha Ibrahima Sila Bah : ce que nous comptons faire est essentiellement basé sur la constitution, en son article 2, qui dit que le peuple exerce sa souveraineté à travers ses représentants élus et qu’aucune partie, qu’aucun individu ou une portion du groupe ne peux s’ériger contre cette disposition pour usurper le droit du peuple d’élire directement leurs représentants élus. Nous nous basons sur la constitution, en son article 135 et sur le code électoral en son article 98. Nous pensons que la Guinée a opté pour la décentralisation et cet aspect là est très important. Parce qu’il faut que le pouvoir revienne à la base pour qu’on puisse décider du devenir des collectivités à partir de la base. Et, c’est cette symbiose là que la Guinée s’est engagée et toutes les actions qui sont menées aujourd’hui vont vers la décentralisation. Il s’agit pour nous de conforter cette décentralisation et ne pas venir pour des intérêts particuliers parce qu’on estime que les dispositions proposées sont à l’avantage des d’un parti ou d’un autre pour qu’on change les dispositions de la loi. Et, la constitution a la primauté sur toutes les lois de la République. Et, on ne peut pas mettre les résultats d’une entente politique au dessus de la constitution.

Guineematin.com : À ce niveau, nous apprenons des députés qui y prennent part que les débats patinent. Pourquoi ce blocage ?

Honorable Alpha Sila Bah : Je crois que suite à toutes les actions qui ont été menées. Nous voulons la paix dans ce pays. L’argument qui a été donné, c’est essentiellement pour que nous ayons la paix. Et, c’est pourquoi certains partis politiques se sont retrouvés au dialogue. Mais, la réalité est que les dispositions qu’ils ont prises ne permettent pas d’amener l’apaisement qu’ils cherchent parce que nous avons vu déjà au niveau de Kindia et niveau des délégations spéciales que le peuple n’est pas prêt à accepter que des personnes désignées soient leurs responsables directes au niveau des communautés à la base. Donc, si nous allons dans ce sens, ce n’est pas la paix qu’on va envoyer ; mais, c’est la révolution qu’on va amener.

Guineematin.com : en lieu et place de ce point, qu’est-ce que vous proposez ?

Honorable El hadj Alpha Ibrahima Sila Bah : C’est la constitution qui prévoit qu’il y ait des élections directes au niveau des districts et les quartiers.

Guineematin.com : Honorable, êtes-vous optimiste quant à la tenue des élections en février ?

Honorable Alpha Ibrahima Sila Bah : Bon, il ne faut pas rêver. Nous sommes entrain de jouer avec le peuple de Guinée. Ce qui est clair, il n’y a aucune intention d’aller aux élections au mois de février. Alors, on va trouver toutes sortes de méthodes dilatoires pour traîner ces élections. Et, aujourd’hui, je pense que suite aux réactions très vives par apport à cette décision d’essayer de modifier la constitution, je crois que ça patine. Parce qu’on estime qu’il y a des arguments très valables qui ont été avancés. Et, l’argument le plus fort, c’est la réaction du peuple lui même. Aujourd’hui, il y a plus de 2000 signatures que la société civile aurait recueillies, des gens qui s’érigent contre l’adoption de cette disposition.

Guineematin.com : merci Honorable.

Honorable Alpha Ibrahima Sila Bah : c’est à moi de vous remercier.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo et Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

 

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