Violences électorales : Amnesty international interpelle les acteurs politiques guinéens

Amnesty International Lors d’une conférence de presse animée ce jeudi 3 septembre 2015 à la maison de la presse à Coléah, Conakry, des responsables d’Amnesty international ont interpellé les différents acteurs politiques guinéens sur la nécessité d’empêcher le recours excessif à la force et respecter le droit à la liberté de réunion pacifique avant et après les élections de 2015.

Alioune  Tine, Directeur régional d’Amnesty international de l’Afrique de l’Ouest et du centre, a d’abord rappelé que l’histoire politique de la Guinée est marquée par plusieurs types de violations des droits humains. Parlant de l’approche des joutes électorales, Alioune Tine a dit la nécessité d’anticiper : « Il ne faut pas attendre qu’il y ait des morts pour venir les compter et demander la  reddition des comptes », a-t-il prévenu.

Alioune Tine et François Patuel, Amnesty InternationalAu titre des recommandations concernant les mesures immédiates à prendre, l’ONG internationale appelle le gouvernement guinéen à envoyer une circulaire aux autorités locales et aux forces de sécurité pour leur rappeler certains points dont entre autres : l’obligation de protection et de facilitation des rassemblements publics ; l’information et l’explication de tout ordre de dispersion pour que le maximum de manifestants comprennent la situation et se plient à cet ordre et pour qu’ils aient suffisamment de temps pour se disperser ; la non interdiction des rassemblements au seul motif que les autorités n’ont pas été informées auparavant, etc.

Pour Alioune Tine, les rassemblements ne doivent pas être interdits ou dispersés uniquement en raison du comportement violent de quelques personnes ! « Les personnes qui n’ont commis ou encouragé aucun acte violent ne doivent pas faire l’objet d’un placement en détention ou de poursuites, même si d’autres participants deviennent violents ou perturbent l’ordre public », déclare le Directeur régional d’Amnesty international de l’Afrique de l’Ouest et du centre.

Pour sa part, François Patuel, chercheur à Amnesty international Afrique de l’Ouest, a déploré la faiblesse du cadre juridique guinéen, notamment le code pénal qui parle d’attroupement illégal : « C’est un article trop vague qui n’explique pas clairement à quel niveau doit-on user de la force dans le cadre du maintien d’ordre », déplore-t-il.

En plus de ce point, François Patuel note également le manque de statut d’exception pour les manifestations qui rétrécit les marges de manœuvre des manifestants où on exige une demande d’autorisation de manifester.

Revenant sur les recommandations, François Patuel demande des enquêtes, la poursuite des auteurs et commanditaires des abus de force dans le cadre des missions de maintien d’ordre, rappelant ainsi le cas du jeune Thierno Sadou Diallo, tué par une balle dans le dos où il n’y a jamais eu justice.

Par ailleurs, Amnesty International a félicité le gouvernement des efforts déjà fournis dans ce secteur avant de l’inviter à une banalisation des manifestations pour une pacification du climat politique dans le pays.

De retour de la Maison de la presse, Mamadou Alpha Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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