Résistance à Ebola à Sinkiné : fuite des populations, présence militaire, les réalités du terrain

Sinkiné, Forécariah 1(De notre envoyé spécial au village du premier ministre ) : Les populations de district de Sinkiné, sous préfecture de Kanyah dans la préfecture de Forécariah, situé à environs 100 kilomètres à l’Est de Conakry ont été réveillées ce samedi 17 janvier 2015 à 4 heures 30 minutes par des tirs de somations et du gaz lacrymogène de la part des forces de l’ordre venues accompagner des agents de la croix rouge qui cherchaient des personnes suspectées d’avoir le virus Ebola.

Informé, Guineematin.com a dépêché un reporter sur le terrain. Sur les lieux, aux environs de 14 heures, notre reporter n’a trouvé que quelques vieilles personnes et des enfants. Tous les autres habitants avaient fuit pour se refuser dans les villages voisins.

Selon les informations recueillies sur place, il y aurait eu environs 25 personnes décédées par suite d’Ebola dont 17 à Beta, un village voisin et 8 à Sinkiné.

Aux dires de certaines personnes trouvées dans le village de Sinkiné (qui ressemble actuellement à une village fantôme) le jeudi dernier, une femme décédée a été enterrée sans le respect du protocole Ebola. Ainsi, face à la résistance des villageois sur l’existence de la maladie à virus Ebola, ce sont les forces de l’ordre composées de gendarmes et de militaires qui auraient fait irruption dans le village à 4 heures 30 minutes pour tirer à coup de gaz l’lacrymogènes et des tirs de sommation pour chercher d’éventuelles malades d’Ébola et des sujets contacts ou suspects.  C’est ce qui aurait occasionné la panique et la frustration dans tout le village.

Pour manifester leur mécontentement, les populations ont vandalisé l’hôpital construit par le Premier ministre, Saïd Fofana, car disent t-ils que c’est cet hôpital qui est la cause de leur malheur.

Interrogé par Guineematin.com,  l’imam du village, Elhadj Moussa Camara explique : « C’est avec un cœur plein d’amertume et de désolation que je m’exprime aujourd’hui. Nous avons été réveillé dans nos maisons tôt ce matin vers 4 heures 30 minutes par des tirs à balles réelles et des gaz lacrymogènes. Ils nous ont frappé et emporté nos biens y compris des téléphones. Ils ont également arrêté 15 personnes… ».

Aux dires de cet imam, cette crise de confiance est partie de la désinfection des lieux par des agents de santé : « Ils ont mis des produits dans notre puits pour nous empêcher d’avoir de l’eau à boire. Il y a des années que ce puits a été creusé. Sept villages viennent s’approvisionner en eau dans ce puits. Mais, dès que les médecins ont versé leur produit dans ce puits, tous les crapauds qui y étaient sont morts. C’est ce qui prouve à suffisance qu’ils sont venus nous tuer. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’eau à boire, vous voyez ? Le puits est fermé. Je suis étonné que ce soit les populations du village où est née Saïd Fofana et son frère Kassory Fofana qui subissent ce sort », s’étonne Elhadj Moussa Camara.

Par ailleurs, la seule boutique du village a été pillée par. Et, es forces de l’ordre sont accusées d’en être les auteurs. Le propriétaire de la boutique lui-même et 14 autres personnes sont conduites au centre de transit d’Ebola de Forécariah, nous informe son épouse trouvée sur place.

Nos efforts d’échanger avec le président du district ont été vains. Monsieur Morlaye Yanssané, le président du district de Sinkiné, a refusé le moindre commentaire au reporter de Guineematin.com, se disant être tenu par le secret… Un ordre qu’il aurait reçu des autorités de Conakry, à travers le Premier Ministre, Mohamed Saïd Fofana.

Joint au téléphone, le Préfet de Forécariah, N’Fansoumane Soumah a confirmé l’usage de la force pour cueillir les villageois malade. « Malgré la vitesse de croisière engagée par l’Etat pour contrecarrer cette épidémie, nous sommes confronté à une réticence des populations. Ils refusent de sortir les malades. Et, c’est à travers des renseignements que nous parvenons à cueillir les malades par force pour les conduire au centre de transit, CTE de Forécariah », a dit le préfet N’Fansoumane Soumah.

A rappeler que les nombreux agents des forces de l’ordre, présents sur les lieux, ont refusé le moindre commentaire, ni même la prise d’image sur eux et l’hôpital vandalisé…

Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com à Sinkiné Almamya, sous préfecture de Kanyah  (Forécariah)

Tél. : (00224) 621-09-08-18.

 Guineematin.com vous propose, ci-dessous, quelques images de notre envoyé spécial à Sinkiné Almamya

 

 

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