Retard du projet de rénovation/extension : ce qu’en dit le ministre de la santé (entretien)

Comme annoncé dans les précédentes publications de Guineematin.com, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique visite actuellement les structures sanitaires de la Haute Guinée. Hier, lundi 23 avril 2018, lors d’un entretien avec les journalistes qui l’accompagnent dans cette tournée, Dr Abdourahmane Diallo est revenu sur son constat dans les structures sanitaires de Dabola, l’inaugurale des nouveaux bâtiments de l’hôpital préfectoral et l’infidélité de certains agents nouvellement mutés à Kouroussa.

L’envoyé spécial de Guineematin.com a décrypté pour vous l’intégralité de cet entretien !

Monsieur le ministre, vous êtres à Dabola dans le cadre d’une supervision des structures sanitaires, notamment l’hôpital préfectoral et le centre de santé urbain. De ces visites, quelles sont les observations que vous avez effectuées et quelles recommandations vous formulez après votre constat ?

Dr Abdourahane Diallo : Nous venons d’effectuer effectivement une visite de travail, de supervision dans la préfecture de Dabola où nous avons visité l’hôpital préfectoral et un centre de santé urbain. Au niveau de l’hôpital préfectoral, il était question d’une part, de revoir le fonctionnement général de l’hôpital dans son ensemble. D’autre part, voir le niveau d’avancement du projet de rénovation/extension de cet hôpital. Donc, du point de vue fonctionnement, je suis vraiment content de ce que j’ai vu ; malgré les conditions difficiles et malgré l’espace et l’équipement limités. Nous avons un hôpital fonctionnel, des équipes engagées qui sont au fait de ce qui se passe dans leur service. Le plus intéressant est que les équipements qui ont été donnés lors de notre dernier passage sont en place. Ces équipements sont surtout bien entretenus. Nous n’avons pas observé de rupture de stock de médicaments ou d’intrants et tous les outils de gestion sont vraiment sur place. Nous sommes, de façon générale, satisfait du fonctionnement de cet hôpital.

Au niveau du projet de rénovation/extension, il faut reconnaître qu’il y a un retard dans l’exécution du projet. Un retard qui est dû à des raisons multiples. Pour être honnête avec vous, il y a un retard contractuel de 10 mois dans l’exécution de ce projet ; mais, pour ce qui a été fait, nous avons tous eu l’occasion de voir le travail ensemble. C’est du travail de qualité. Les bâtiments qui ont été construits sont finis, la peinture et les installations ont été faites, les adductions d’eau, les sanitaires, etc. Pratiquement, c’est des bâtiments qui sont plus ou moins prêts à être rendus ; mais, comme on ne veut pas faire de remise partielle, il faut que tout le projet soit exécuté. Voilà pourquoi, nous nous retrouvons dans cette situation de retard. L’un sur l’autre, par rapport à ce que nous avons vu ici, une fois que cela soit fini, franchement cet hôpital, quoi que préfectoral sera en mesure d’offrir un paquet de soins théoriquement d’un hôpital régional.

Partout où on est passé, on a constaté une rupture des ARV. Quelle explication pouvez-vous donner à cet état de fait ?

Dr Abdourahane Diallo : Effectivement, par-ci et par-là, nous avons observé une rupture d’anti-rétroviraux. Comme nous le disions tout à l’heure, si vous avez deux structures qui sont censées commander leurs produits à partir de la même structure centrale et que l’une des structures qui reçoit soit dotée en quantité suffisante d’ARV et que l’autre ne le soit pas, il faut se poser des questions. Si le niveau central est suffisamment pourvu en produit, théoriquement, il ne devrait pas y avoir de rupture de stock au niveau périphérique ; mais, c’est ça aussi un tout petit peu le but de cette visite. Nous recevons les rapports au niveau central, nous les analysons et nous descendons sur le terrain pour confronter un peu ce que nous recevons et de ce que nous voyons. L’investigation continue pour nous. Voir la raison de ces ruptures qu’on a constatées dans certains sites et voir quelle mesure il faut prendre immédiatement pour corriger ces ruptures.

Par rapport à ce chantier de l’hôpital préfectoral de Dabola, est-ce qu’il y a une autre date donnée pour la remise de ces infrastructures ?

Dr Abdourahane Diallo : Nous avons rencontré l’entrepreneur local sur le terrain qui nous a donné ses explications, je dirais quelques justifications ; mais, nous allons nous rapprocher carrément de l’entreprise au niveau central pour comprendre. Nos services techniques vont les contacter et on va voir ce qu’il en ait et quand est-ce qu’on va récupérer cet hôpital.

Monsieur ministre, quelle va être la priorité pour Dabola en terme de fourniture des produits qui sont en manque ?

Dr Abdourahane Diallo : A Dabola ici, vous avez vu qu’à l’hôpital préfectoral, il n’y a pas de rupture. Tous les intrants que cet hôpital doit disposer, il les a. Ce que nous avons ailleurs comme manque de contraceptif et d’ARV, ici c’est suffisamment stocké. Par contre, la priorité au niveau de cet hôpital, c’est de finir rapidement ce projet de rénovation/extension et de l’équiper exactement comme il se doit. De le doter d’un plateau technique de qualité qui lui permettra d’offrir le paquet de service en tant qu’hôpital préfectoral.

Mais, à Dabola et Kouroussa notamment, on a vu qu’il y a un problème de fidélisation du personnel. Quelle mesure envisagez-vous face à cette réalité ?

Dr Abdourahane Diallo : Tout à fait, nous avons déjà un certain nombre de mesures au niveau central pour fidéliser le personnel qui a été déployé localement. Parmi ces mesures, il y a le fait que le paiement des agents déployés sur le terrain se fasse localement. Ensuite, il y a le fait que dans les rapports mensuels d’activités, nous avons inclue si vous voulez une fiche de présence. En théorie, à chaque fois que les structures nous remontent les rapports mensuels d’activités, normalement, les responsables doivent nous indiquer ceux qui sont présents et ceux qui sont absents. Après trois mois d’absence, normalement, l’agent est complètement sanctionné. Donc, il y a un certain nombre de sanctions mises en place, sans compter les mesures d’encouragement. Aujourd’hui, pour les activités de formation à l’étranger, la participation à des  conférences internationales, etc. Nous faisons un ratio de 2/3 des agents de l’intérieur et 1/3 des agents de Conakry pour les motiver. Malheureusement, nous avons constaté comme vous l’avez dit, au niveau de Kouroussa, ça n’a pas tellement marché ; mais, l’une des raisons qu’on a vu est que certains sont partis à Conakry parce qu’ils se sont inscrits pour des programmes de spécialisation. Quand nous avons revu les dossiers, la majorité de ces médecins se trouve dans des programmes de spécialisation. Vous ne pouvez rien parce que ces spécialisations se font à Conakry. Donc, il s’agit de remplacer ces agents dans le prochain groupe qui sera recruté et affecté dans les différentes structures sanitaires.

Propos recueillis et décryptés par Alpha Assia Baldé, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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