Siguiri : les cours d’eau sérieusement affectés par l’exploitation minière

Principale source de revenus dans la préfecture de Siguiri, l’exploitation minière (de l’or en particulier) ne fait pas que du bien. Celle-ci a aussi bien de conséquences négatives notamment sur l’environnement. Les cours d’eau et les produits halieutiques de la préfecture sont de nos jours sérieusement touchés par les effets de l’activité minière, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Siguiri.

Les cours d’eau et fleuves de la préfecture de Siguiri ont quelque chose d’un peu particulier qui les rend beaucoup plus prisés. En effet, le sable qui se trouve au fond de ces eaux contient généralement beaucoup d’or. Suffisant pour qu’ils fassent objets de convoitises de la part des exploitants de l’or. Ces derniers débarquent sur les lieux avec leurs machines pour extraire le sable se trouvant au fond des cours d’eau. Une fois qu’ils finissent de récupérer l’or qui s’y trouve, ils reversent le sable dans l’eau avec de l’huile toxique. Cette pratique appelée dragage tue les poissons, rend l’eau inconsommable et dégrade sérieusement les cours d’eau.

« Le dragage a détruit l’environnement, nous vivons de nos produits de pêche, mais aujourd’hui non seulement les débris c’est-à-dire l’huile noir que laissent les machines tue les poissons, mais ça rend aussi l’eau imbuvable, les eaux sont devenues plus noires que le charbon », dénonce Moussa Doumbouya, un pêcheur.

Outre les pêcheurs, les riverains des fleuves et cours d’eau se plaignent aussi de cette situation. C’est le cas de Balla Magassouba, qui accuse les autorités d’être complices de cette dégradation à ciel ouvert de l’environnement. « Les propriétaires des machines qui font le dragage travaillent avec l’autorité, sinon, avec l’état actuel du fleuve, cette pratique devait être interdite. Nous, nous souffrons trop, nous vivons à 20 mètres du fleuve, on ne peut pas boire l’eau de ce fleuve. Parce que tout est pollué par les chercheurs d’or, ils détruisent l’environnement », se plaint-il.

Face à ces accusations de complicité, ou en tout cas de silence coupable, nous avons interrogé le directeur préfectoral de l’environnement de Siguiri. Aboubacar Sidiki Keita reconnaît le danger de cette pratique sur les cours d’eau, mais il se dit impuissant face à cette situation.

« On attache mon pied et on me dit de courir, j’ai tenté à plusieurs reprises d’arrêter cette pratique, mais je trouve toujours des obstacles sur mon chemin. L’autre fois, j’ai fait un communiqué en interdisant la pratique, mais la nuit je n’ai pas dormi, les propriétaires des machines ont donné de l’argent à certaines autorités, c’est comme si un voleur te donne de l’argent pour aller voler », explique le responsable de l’environnement dans la préfecture.

Pour l’heure donc, rien n’augure un arrêt rapide de cette pratique de dragage dans la préfecture de Siguiri. Une situation qui menace les cours d’eau et fleuves de la préfecture de disparition.

De Siguiri, Bérété Lancei Condé pour Guineematin.com

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