Trafic d’êtres humains dans les pays du Golfe : une guinéenne raconte son calvaire dans « l’enfer du Koweït »

Des témoignages concordants font état de mauvais traitements infligés à des africains, notamment des femmes, dans les pays du Golfe Persique. Leur voyage vers ces pays est facilité par des réseaux de passeurs qui ont des ramifications dans de nombreux pays africains. Dans le cadre de la lutte contre ces réseaux, de nombreuses arrestations ont eu lieu et des procès sont en cours au Tribunal de Première Instance de Mafanco, a constaté sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Le procureur Lansana Cissé, en charge du dossier, avait promis, lors des audiences passées, de présenter un témoin qui a « vécu l’enfer du Koweït ». C’est ainsi que madame Fatoumata Camara, domiciliée au quartier Simbaya 1, âgée de 22 ans, mère d’un enfant de moins de deux ans, est appelée à la barre.

Dans ses explications, elle dira que c’est Alpha Bah « considéré comme étant le cerveau du réseau en Guinée » qui est entré en contact avec son frère et son mari pour que le voyage ait lieu, malgré sa réticence. Après l’obtention du visa, elle est partie en laissant son enfant avec son mari. « Nous sommes arrivées à l’aéroport de Koweït aux environs de 22 heures. Une dame est venue nous chercher et on est allée chez elle. Nous étions au nombre de 4. On est restée chez elle, puis que c’est elle notre marraine. On a longtemps attendu chez elle et finalement des femmes venaient donner de l’argent et choisir celle qui leur convenait. J’ai été la dernière à avoir un preneur. Une dame est venue verser de l’argent, on lui a donné mon passeport. Puis on m’a dit de prendre mes effets pour la suivre », a expliqué Fataoumata Camara, les larmes aux yeux.

Poursuivant sa narration, elle fera remarquer qu’une fois arrivée chez cette femme, on lui a permis de se laver. « J’ai fini de manger et on m’a aussitôt donné du travail à faire. Je devais nettoyer toute la maison. Elle est très vaste et compte 3 salons. J’ai fini aux envrions de 2 heures. Après, je suis allée me coucher », a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, Fatoumata Camara dira qu’elle devait se lever à 5 heures pour prier, avant de commencer le travail. Repondant à une question du procureur Lansana Cissé, la malheureuse dira qu’elle travaillait de 6 heures à 23 heures et qu’elle ne mangeait que deux fois par jour.

Ce calvaire avait duré deux semaines avant que Fatoumata Camara ne tombe malade. « Je souffre de rhumatisme, donc la climatisation commençait à me fatiguer et le travail était très difficile. La dame insistait pour que je travaille mais, je répondais que j‘étais malade. Elle m’a renvoyée là où elle avait versé l’argent pour me prendre. Là, ils ont fait appel à un certain Moussa (le contact d’Alpha Bah, ndlr) qui est le parrain. Je lui ai expliqué que la dame avait refusé de m’envoyer à l’hôpital. Il m’a encouragé. Ma maladie ne faisait que s’aggraver. Finalement, quand je leur ai dit que je ne travaillerais pas, la femme m’a giflée. Je suis tombée, évanouie. J’ai passé quelques temps dans le coma avant que je ne retrouve mes esprits. Il y avait là une guinéenne, elle s’appelle Aminata. C’est elle qui m’a aidée. Finalement, j’ai réussi à joindre mon mari au téléphone pour lui raconter ma mésaventure ».

A la suite de Fatoumata Camara, le procureur Lansana Cissé est revenu sur ses démarches au niveau du ministère des affaires étrangères et de l’ambassade de la Guinée au Koweït pour faciliter le retour de notre compatriote.

Ensuite, il a rappelé que les trafiquants d’êtres humains « font miroiter à leurs proies toutes sortes de choses pour les embobiner. Après, une fois là-bas, ils sont victimes de traitements inhumains et dégradants », dénonce l’empereur des poursuites.

Pour rappel, c’est au total six (6) personnes qui sont poursuivis pour trafic d’êtres humains vers le Koweït. Il s’agit d’Alpha Bah, Ousmane Sylla, Aicha Soumah, Mohamed Lamine Bangoura, Aboubacar Diaby et Elhadj Mamadou Diassy.

Les plaidoiries et réquisitions sont prévues le lundi 24 juillet prochain. Mais, d’ores et déjà, le procureur Lansana Cissé a promis d’être intraitable dans cette affaire. « Tous les réseaux de trafic d’être humains seront démantelés et nous n’irons pas d’une main morte », a-t-il martelé.

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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