Une femme tue sa coépouse à Mamou : le procureur dénonce la responsabilité du mari qui vit en Europe

Quatre ans après son arrestation, le 13 Avril 2013, pour le meurtre présumé de sa coépouse, madame Hadiatou Diallo, âgée de 26 ans, a comparu hier, Mercredi 12 Avril 2017, au tribunal de première instance de Mamou. Elle est accusée d’avoir délibérément administré des coups de couteaux mortels à madame Safiatou Garanké Bah lors d’une bagarre qui a éclaté entre elles au domicile conjugal, à l’absence de leur mari, Abdoulaye Bah, résidant en Angleterre, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Mamou.

Après avoir plaidé coupable, madame Hadiatou Diallo est revenue sur une série de disputes, d’altercations et de bagarres qui marquaient sa vie commune avec Safiatou Garanké Bah. Souvent réglés en famille, ces problèmes étaient, selon l’accusée, les conséquences d’une jalousie que nourrissait sa coépouse à son égard, à cause de la chambre de leur mari qui contenait une douche interne.

« Mon mari m’avait dit d’occuper sa chambre en attendant qu’il reviennent de son voyage. Mais, le jour même de son départ pour l’Europe, ma coépouse s’est précipitée d’occuper ladite chambre. Nous sommes restés quelques jours dans cette situation. Et, quand j’ai réclamé la chambre, ma coépouse m’a dit d’appeler mon mari pour qu’il me donne une autre chambre. Car, disait-elle, il est inconcevable pour elle d’occuper une chambre simple tandis que moi je me trouve dans une chambre contenant une douche interne », a expliqué madame Hadiatou Diallo.

Revenant sur les circonstances de la mort de madame Safiatou Garanké Bah, l’accusée a confié que les faits se sont produits dans la nuit du 13 Avril 2013 aux environs de 22 heures dans le quartier Abattoir II.

« Muni d’une bouilloire, je voulais me rendre aux toilettes et faire ensuite mes ablutions. Mais, dès que je suis sortie de ma chambre où je cousais des habits, j’ai croisé ma coépouse dans le couloir. Elle détenait un couteau à l’aide duquel elle m’a menacée. Elle m’a dit que c’est ce jour qu’elle attendait et que ma vie s’arrêtait là. Immédiatement, elle m’a attaquée avec le couteau. Alors, nous nous sommes engagées dans une bagarre à l’issue de laquelle j’ai réussi à récupérer le couteau et ma coépouse est tombée sur terre », a expliqué madame Hadiatou Diallo, avant de montrer au tribunal les cicatrices de multiples blessures qu’elle aurait elle même reçues à la paume de sa main droite et à son bras gauche lors cette bagarre.

A la question de savoir combien de coups la victime a reçu et qui a transporté son corps dans la douche de la chambre de son mari, madame Hadiatou Diallo a sèchement répondu : « j’ignore combien de coups elle a reçu parce qu’on se bagarrait. Mais, c’est moi qui ai trainé son corps dans la douche de la chambre ».

Quant à la raison de son refus d’ouvrir les portes de la maison à la demande des voisins qui avaient rallié cette concession après avoir entendu des cris, l’accusée a déclaré : « les portes étaient cadenassées et je ne détenais pas les clefs ».

Des propos balayés d’un revers de la main par les témoins qui ont défilé à la barre. « Quand nous avons demandé à Hadiatou d’ouvrir la porte. Elle nous a dit qu’elle refuse. Arguant que sa coépouse était sorti après la bagarre et qu’elle ignore avec quoi cette dernière allait revenir à la maison », ont expliqué trois des quatre témoins cités par le ministère public.

Dans ses réquisitions, le ministère public est revenu brièvement sur les séries d’altercations et de bagarre qui minaient la vie de Hadiatou Diallo et Safiatou Garanké Bah d’une part et les faits de meurtre reproché à Hadiatou Diallo d’autre part. « Est-ce que ces altercations, ces bagarres valaient le coût pour Hadiatou Diallo d’ôter la vie de sa coépouse ?» s’est interrogé le ministère public avant de déclarer que « l’accusée voulait dissimiler le corps de sa victime ». c’est pourquoi, soutient-il, Hadiatou Diallo a dit à ses voisins que sa coépouse était sortie de la maison après la bagarre, alors que le corps sans vie de cette dernière se trouvait dans la douche.

Fustigeant le comportement de ‘’certains compatriotes’’ qui se marient et laissent leurs épouses sur place pour se rendre en occident, le ministère public a confié que « Abdoulaye Bah qui s’est rendu en Angleterre tout en laissant ses deux épouses dans une même maison est responsable de tout ce qui est arrivé ». C’est pourquoi, compte tenu de la bonne foi de l’accusée qui a avoué son crime et la responsabilité passive des parents de cette affaire, le procureur Sidiki Camara a demandé au tribunal d’accorder des circonstances atténuantes à Hadiatou Diallo avant de requérir 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de 10 ans contre l’accusée.

Dans ses plaidoiries, l’avocat de la défense, Me Mohamed Abou Camara a dit que « depuis neuf ans, ma cliente, Hadiatou Diallo est victime de son mari qui s’est rendu coupable d’abandon de famille. Elle est aussi victime de ses voisins et des autorités du quartier qui ont observé un silence coupable dans cette affaire ».

Expliquant que la volonté de donner la mort n’est apparue nulle part dans les débats, Me Mohamed Abou Camara a plaidé la relaxation pure et simple de sa cliente. Ce, soutient-il, en application des articles 286, 288, 21 et 22 du code pénal.

C’est sur ce, que le président du tribunal, monsieur Sidiki Kourouma a annoncé la clôture des débats, la mise du dossier en délibéré pour rendre la décision le 26 Avril.

A suivre !

De Mamou, Keïta Mamadou Baïlo pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

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