Voici comment augmenter le rendement des groupements maraîchers : entretien avec Kindima Diallo

Kindima Diallo, groupement maraîcher Monsieur Kindima Diallo est agronome et technicien à la fédération maraîchère de Bowé-Badiar, dans la préfecture de Gaoual. Il travaille avec un groupement de paysan membre de l’une des huit unions qui évoluent dans la préfecture. Dans cet entretien avec un reporter de Guineematin.com, M. Diallo explique comment il a réussi à accompagner les paysans qui ont fait 100% de rendement par rapport à l’année précédente.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, le décryptage intégral de cet entretien :

Quel rôle vous jouez auprès de la fédération pour aider les paysans ?

La fédération m’a choisi comme technicien au niveau de la Préfecture de Gaoual pour accompagner les producteurs maraîchers de Gaoual et je prends un exemple pour l’année dernière Mr. Samba Camara (producteur dans le district de Kamélé, S.P de Koumbia) qui vient de passer avant moi. Il avait semé  une boîte disons de 500 grammes comme ça, c’est une planche de 10 mètres de long en pépinière.

Il  a su transplanter 10 planches de 10 mètres. Après avoir transplanté et entretenu très biens, je l’ai  assisté à la première récolte d’une planche qui lui a  donné 30 kg. Ces 30 kg vendus  sur le marché à 5 000 francs guinéens le kilogramme. Ce qui lui a donné cent cinquante mille francs (150 000) la planche de 10 mètres.

Après, le producteur est allé me  rendre visite à domicile pour me féliciter suite à mon apport technique apporté sur une petite portion. Avant, il travaillait à la routine, il utilisait  les engrais minéraux. Mais, moi je lui ai dit que cela n’a pas d’impact. Il fallait mieux s’intéresser aux engrais organiques et de respecter le calendrier agricole, semer à temps entretenir et récolter à temps.

Donc, il est là à coté de moi et ce n’est pas pour le flatter. Mais, en toute sincérité, son groupement à  un domaine  de deux hectares comme il l’a si bien  dit. Et son groupement s’intéresse de plus  à la culture d’oignon.

En quoi consiste réellement votre appui pour le groupement de Kamélé et pourquoi le choix de l’oignon ?

C’est l’un des premiers groupements au sein de la fédération au niveau de Gaoual. Par rapport à ça, moi, je les appuis au compostage : comment fabriquer la fumure organique et comment monter la pépinière au moment opportun, comment il faut l’entretenir, comment il faut la surveiller, ensuite venir à la transplantation. Il faut savoir comment donner les dimensions 10/10 ou 10/15 et 10/20, cela dépendra de la demande de la clientèle si par exemple c’est 10 /15, les oignons seront un peu gros par rapport à 10/10 qui est consommable à Koumbia centre comme à Kamelé, de même qu’à Touba ou à Kounsitel. Donc, après M. Samba, ils sont très satisfaits de ma présence depuis 2013. Grâce au concours de la fédération, ils ne font que grandir et leur rendement augmente au jour le jour et de récolte en récolte.

Mais, quelles sont les difficultés récurrentes que vous rencontrez sur le terrain ?

C’est le problème d’eau et de clôture qui les fatigue. Ils sont organisés, ils travaillent sur une même parcelle. Il y a les femmes qui sont  plus nombreuses que les hommes. Si je ne m’abuse, le groupe comprend 30 femmes et deux hommes. Ce qui fait au total 32 membres. Vous voyez, c’est un groupement à encourager. Les deux hommes qui sont là-bas, c’est tout justement pour accompagner nos sœurs et nos mamans qui ont des problèmes de familles parfois.

Comment ces membres perçoivent-ils la présence de la FMBB ?

D’après eux et surtout les femmes, ils disent que l’action maraîchère envoyée par la fédération leur a rendu beaucoup de services. Ils s’habillent à partir de cela, ils payent des chaussures, ils se soignent à partir de leur récolte et les frais de scolarisation de leurs enfants. Bref, ils parviennent à soutenir la famille.

Est-ce que vous avez une idée de la quantité récoltée cette année par la fédération à Gaoual ?

Mon idée est bonne là-dessus. En 2015 par rapport à tous ce qui a été récolté au niveau de la préfecture par ce que la FBB couvre disons toute la préfecture de Gaoual et particulièrement Koumbia, Kounsitel et la Commune urbaine. Cette année,  il y a même une augmentation du nombre des unions. Pour ce  qui est prévu cette année j’espère qu’on aura de très bons résultats. Nos estimations tournent au tour de 200 à 250 tonnes d’oignon, soit un rendement de 100% cette année par rapport à l’année dernière.

Est-ce que les changements climatiques sont perceptibles dans ces localités couvertes et comment vous les ressentez ?

Effectivement les changements climatique agissent sur les cultures, c’est pour cela que je vous dis que les cultures maraîchères est un facteur temps donc si les semences retardent,  il n’y aura  pas de bons rendements suite à l’ensoleillement  suivi des attaques d’insectes. Mais quand la semence vient très tôt et que les choses démarrent  fin octobre début novembre ils vont récolter avant que le soleil ne soit  chaud avant qu’il  n’y est des attaques plus souvent la chaleur est accompagnée des insectes. Cela nous donne des problèmes par ce que nous avons interdit d’utiliser les insecticides.

Comment vous être rémunéré, qui vous prend en charge réellement ?

Pour la 1ère année, je me suis sacrifié à travailler en tant qu’agent de l’Etat, en tant qu’agronome, en tant que paysan moderne, je me suis sacrifié à travailler pendant une année avec la fédération sans qu’il n’y ait un contrat entre eux  et moi.

Maintenant, à travers mon expérience, ils m’ont demandé vraiment de continuer. Ils ont demandé s’ils peuvent me trouver un moyen. J’ai dit pour le moment l’Etat a mis une moto à ma disposition. S’ils m’aident à l’entretenir pour le moment ça me suffit largement parce que c’est une jeune fédération qui vient de naître et qui n’a pas les moyens. Voyez-vous, il faut l’accompagner d’abord, ensuite ils m’ont parlé de problème de financement mensuel ou trimestriel. Je considère que ce sont des primes. Ils peuvent voir pour moi pour le prix du carburant et les frais de réparation de ma moto. Je peux prendre ça et accepter d’accompagner la jeune fédération  jusqu’ à la victoire finale.

Quel est votre message à l’endroit des membres de la fédération de Bowé-Badiar ?

Je demanderai aux huit unions de la préfecture de Gaoual de se lever une  fois de plus pour accompagner la jeune fédération qui a un objectif visé pour le développement socio- économique de la préfecture de Gaoual et des autres préfectures membres. Je demanderai aux pauvres femmes d’accepter toute les souffrances pour que demain nos enfants qui prendront le relaie de toute cette fédération soient satisfaits. Et, éviter que la fédération soit dissoute par défaut de résultats. Donc, je demande à tous les groupements, à toute les unions de la préfecture de Gaoual d’accompagner la jeune fédération qui vient de naître il y a 3 ans, ce 27 mars 2016. Il ne faut pas qu’ils attendent que la fédération leur fasse de gestes pour se relever et travailler avant de gagner. Le travail est très encourageant et c’est très important ; c’est ce mot d’ordre que j’avais à lancer à l’endroit de tous les maraîchers  de la Préfecture de Gaoual et même de Télimélé et Koundara.

Entretien réalisé par Laouratou Baldé le 28 mars 2016 à Télimélé pour Guineematin.com

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