Yomboeli : la désillusion des communautés avec la fuite de Forécariah mining

citoyens 0Après les étapes de Boké, Boffa et Dubréka où ils ont abouti au constat alarmant de la dégradation du littoral, les parlementaires en charge de l’environnement, des ressources naturelles et du développement durable, conduits par l’honorable David Camara ont visité la préfecture de Forécariah, les 21 et 22 juillet 2016, a constaté Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

Dans cette préfecture frontalière avec la République sœur de la Sierra Léone, les députés après avoir rencontré les autorités préfectorales, se sont rendus sur le site minier de Forécariah mining guinée (FMG) où la situation est loin de s’améliorer après le départ de la société.

zone minièreAvant d’arriver à Yomboeli, localité qui abrite les installations et la mine de FMG, plusieurs barrages sont érigés et protégés par des agents en uniforme et des villageois par endroit. Une situation qui décrit l’angoisse mais aussi la détermination des communautés riveraines partagées entre la nostalgie d’une société qui commençait à leur faire rêver d’un niveau de vie amélioré et le sentiment de révolte d’avoir perdu des terres agricoles, des plantations et des biens pour une cause qui n’en vaut plus la peine.

Sur le site de Yomboeli, où sont stockés une importante quantité de machines et de matériels lourds, pour le maire de Moussaya tout comme le président du district de Laya, localité qui abrite la mine, c’est le désespoir et la désolation.

S’exprimant sur la situation, Moustapha Soumah alias Yoss, le maire,  reconnaît qu’au départ « la société a respecté ses promesses. Mais par la suite, ils ont détruit nos cours d’eau, nos champs, nos plantations pour la traversée de la route minière. Ils ont utilisé la dynamite qui a provoqué des fissures sur nos maisons et fait tomber d’autres sans que les 46 mille 600 habitants de la commune rurale ne ressentent finalement aucun impact durable, avec ce départ précipité et mal négocié de la société ».

citoyensSi l’élu reconnait l’importance de la route reliant la mine au port de Konta sur une distance de 76 km qui a désenclavé les 52 villages du district de Laya, Moustapha Soumah souligne que la société n’a fonctionné que 18 mois pratiquement avant de fermer portes et fenêtres, laissant sur le carreau quelques 900 travailleurs dont un dixième des jeunes de la localité, totalement désœuvrés.

Fodé Sory Diané, l’un des 14 gardiens encore sur les lieux, explique « depuis janvier 2016, nous ne sommes pas payés ». A l’en croire « rien ne sortira d’ici sans le versement des salaires et taxes dus aux travailleurs et collectivités impactées ».

Une situation qui conduit le chef de la mission, l’Honorable David Camara, de conclure : « avoir les sociétés d’exploitation chez soi, est bien beau. Mais avec cette manière, il n’en vaut pas la peine. Puisque que toute entreprise qui ne tient pas compte du social est vouée à l’échec », selon le parlementaire.

Même son de cloche chez l’Honorable Ibrahima Sory Alain Touré, natif de Forécariah. Pour lui, « ce projet a été montée de façon hâtive. En tant que député, nous n’avons reçu aucun dossier de cette société au Parlement. En 18 mois d’exploitation, la FMG a embarqué quelques 1,5 millions de tonnes de minerai de fer sans que personne dans l’administration ne sache comment ».

Au port de Konta où les installations sont presque intactes, une barge cassée et un remorqueur flottent encore sur les eaux et non loin des tapis roulants qui servaient de chargement, les rares travailleurs sur les lieux déambulent comme des orphelins.

Sous-préfet de Maférinya, Mohamed SoumahLe Sous-préfet de Maférinya, Mohamed Soumah et le président de district de Konta, Momo Touré, ne veulent plus que d’une seule chose, « la reprise immédiate des activités de la société ».

Le Sous-préfet quoi que condamnant les effets pervers de l’exploitation minière comme la poussière, la pollution atmosphérique et maritime, la dégradation de l’environnement ou encore les accidents enregistrés sur la route minière, demande qu’une solution heureuse soit trouvée « pour régulariser la situation et permettre la reprise des activités sur le terrain ».

Faut-il rappeler que Forécariah mining a démarré en pompe ses activités en milieu de l’année 2012 pour s’arrêter en fin 2013 après 22 jours de grève des travailleurs dans un contexte économique jugé difficile avec la chute de plus de deux tiers du prix du fer sur le marché international.

Ce qui amène le préfet le préfet de Forécariah de reconnaitre le rôle économiquement positif que jouait la société. Pour Elhadj Lansana Camara, le départ de la FMG, prive les localités impactées d’importantes sources de recettes. « De nos jours, Forécariah mining reste devoir aux collectivités depuis 2013 le paiement des taxes et redevances ».

Sur le terrain, le visiteur est frappé par la présence de plusieurs carrières laissées ouvertes même si par endroit, le reboisement fait espérer à la restauration de l’environnement.

De retour de Forécariah, Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : +224 628 089 845

 

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