Yves Sidibé du PADES sur l’accord politique : « c’est un deal politique entre la mouvance et l’opposition »

Yves Sidibé du PADESLes réactions fusent de tous les bords après la signature, dans la soirée du mercredi 08 août 2018, de l’accord politique qui met fin au contentieux électoral né des consultations locales de février passé. Une signature entre l’opposition républicaine et la mouvance présidentielle, sous l’égide du gouvernement, et qui vise à installer les conseillers communaux. Un accord diversement apprécié par les guinéens.

Dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com hier, ce jeudi 09 août 2018, Yves Sidibé, tête de liste de la coalition PADES lors des élections communales s’est exprimé sur cette actualité tout en évoquant d’autres sujets liés à la vie sociopolitique de notre pays.

Guineematin.com : l’actualité reste dominée par l’accord signé entre l’opposition et la mouvance présidentielle pour l’installation des conseillers communaux,  quel est votre point de vue sur cet accord ?

Yves Sidibé : D’entrée, il faut que je vous dise que notre formation politique n’a participé à aucune de ces négociations. Donc, pour le contenu, nous n’en savons rien. Mais tout de même, il faut se réjouir que les activités reprennent parce que le pays était complètement bloqué et paralysé. Nous observons avec le début de ces négociations et nous allons prendre acte.

Guineematin.com : certains qualifient cet accord de deal politique entre le RPG et l’UFDG. Est-ce que c’est votre point de vue aussi ?

Yves Sidibé : c’est clair, c’est un deal politique entre la mouvance et l’UFDG qui est le plus gros. Ça a toujours été ainsi et nous observons, et le parti en prendra acte et donnera sa position officiellement.

Gineematin.com : cet accord signé entre l’opposition et la mouvance, quelles sont les circonscriptions électorales qui reviennent au PADES ?

Yves Sidibé : vous faites bien de me poser cette question et je m’en réjouis parce qu’à un certain moment, la rumeur circule comme quoi nous sommes ethnocentristes, nous sommes régionalistes, nous sommes etc…. Il faut savoir que pendant ces élections communales, je donne l’exemple du Fouta, à Lélouma nous avons eu des conseillers, à Pita nous avons eu des conseillers, à Mali et également en Forêt où on a eu es conseillers à Beyla, Banankoro, Péla etc. Nous avons eu des conseillers partout donc l’esprit selon lequel nous sommes ethnocentristes n’est pas valable. Ce n’est pas possible, on s’inscrit en faux.

Guineematin.com : en terme de chiffres,  le PADES  a obtenu combien de circonscriptions électorales à travers tout le pays ?

Yves Sidibé : sur l’ensemble du territoire national, nous avons fait 82 conseillers pour un parti qui vient à peine de naître et c’est ce qui fait peur les gens. A peine une année d’existence, nous avons 82 conseillers et les gens se demandent jusqu’où nous irons jusqu’en 2020. Et je vous assure qu’on fera le score.

Guineematin.com : nous vivons une crise qui perdure suite à l’augmentation du prix du carburant, quel est votre regard sur cette situation ?

Yves Sidibé : la dernière fois, notre président disait que nous sommes dans une zone, donc quand le prix augmente, il faut qu’on suive et quand ça diminue il faut qu’on diminue. Mais, malheureusement le prix du carburant ne diminue jamais en Guinée.  Il faut comprendre qu’avec l’augmentation du prix du carburant par rapport aux pays de la sous-région, il faut qu’on soit dans le même équilibre. Si non après, le carburant guinéen sera vendu à l’extérieur et ce n’est pas souhaitable. Seulement, ce qu’on peut demander, ce sont les mesures d’accompagnement du gouvernement suite à cette augmentation du prix du carburant.

Guineematin.com : sachant que le pouvoir d’achat du guinéen est différent de celui des pays de la sous-région, est-ce que vous trouvez juste cette augmentation ?

Yves Sidibé : l’augmentation du prix du carburant est normale. Mais, ce sont les mesures d’accompagnement  pour permettre au panier de la ménagère pour supporter cette augmentation qui doivent être assez confortables pour permettre à la population de ne pas sentir cette augmentation-là. Comme je l’ai dit, on ne peut pas être en dessous des autres pays de la sous-région. Ce n’est pas possible, il faut que nous soyons dans le même concert. Donc, nous invitons  simplement le gouvernement à  prendre les mesures idoines afin que de ne pas trop sentir cette crise dans notre portefeuille.

Guineematin.com : comment trouvez-vous les mesures d’accompagnement proposées par le gouvernement ?

Yves Sidibé : j’avoue que Conakry ne se résume pas à la Guinée. Les bus, ça ne suffit pas, l’intérieur du pays en a besoin et Conakry a ses besoins. Il faut que ces mesures d’accompagnement soient étendues à tout l’ensemble de la population.

Guineematin.com : est-ce que vous trouvez opportun le combat mené par les syndicalistes et les Forces Sociales pour la réduction du prix du carburant ?

Yves Sidibé : le combat, il est noble. Mais, encore une fois, il ne faut pas déplacer le débat. A mon humble avis, c’est l’assemblée nationale qui pilote toute cette affaire. Parce que tout ça, c’est voté dans la Loi de Finances. Donc, s’il y a des actions à mener, c’est de passer par le biais de l’assemblée nationale pour contraindre le gouvernement à baisser ou à augmenter. A mon humble avis, si on se met dans le schéma, le gouvernement ne fera rien. Ça sera un combat peine perdue, le gouvernement ne fera absolument rien, ça je suis sûr de ça.

Guineematin.com : étant membre du PADES, comment vous réagissez aux accusations de propos ethniques portées contre votre leader Dr Ousmane Kaba ?

Yves Sidibé : franchement, ces accusations sont non-fondées. Les gens ont extrapolé et ils ont rendu ça tellement grand. Le président, Dr Ousmane Kaba, quand vous voyez juste son institution, vous sentez que c’est un panafricaniste, c’est un visionnaire. Juste à l’université Kofi Annan, toutes les nationalités sont là-bas, il a aujourd’hui des investissements partout en Guinée, en Haute Guinée, en Guinée Forestière donc partout en Guinée. Et nous qui sommes avec lui, nous sommes de tous bords, nous venons de toutes les régions de la Guinée. Donc, on ne peut pas vivre à vase-clos, c’est impossible. Je suis désolé que les gens aient déplacé le contexte du débat. Dr Ousmane Kaba est un visionnaire, c’est l’homme du changement, l’homme du rassemblement et nous pensons qu’avec lui, la Guinée va bouger.

Guineematin.com : est-ce que l’accord signé entre l’opposition et la mouvance oublie les recours déposés par le PADES ?

Yves Sidibé : déjà, en ce qui concerne ma personne dans la commune de Matoto, notre recours déposé au tribunal de première instance de Mafanco a été annulé. Ça a été annulé, ils n’ont même pas pris en compte notre recours. Cela montre le deal politique qui est entre la mouvance présidentielle et l’opposition. Si ce n’est pas eux, personne d’autre n’a le droit de faire un recours. Et là, c’est un exemple que je vous dis. Notre recours a été rejeté parce qu’on n’est pas de l’opposition républicaine. Ce deal-là, le parti prendra note et se poncera à temps utile.

Guineematin.com : comment se porte le PADES aujourd’hui ?

Yves Sidibé : le PADES a le vent en poupe, ça je peux vous assurer. Rien qu’à la dernière assemblée générale la semaine dernière, les images peuvent témoigner. Aujourd’hui, nous avons plus de militants de tous bords, de l’intérieur comme de l’extérieur. La preuve c’est que la tournée internationale du président a été un franc succès et aujourd’hui, je  vous dis, on fait peur. C’est pourquoi on veut nous décrédibiliser, on nous traite de sorcier, on nous traite de tous les noms d’oiseaux, alors que ce n’est pas le cas. C’est pour le développement de notre pays, c’est pour cela que nous nous battons.   

Guineematin.com : quel commentaire faites-vous sur la campagne d’assainissement initiée par le gouvernement de Kassory Fofana ?

Yves Sidibé : nous saluons ce programme parce que la ville de Conakry est sale. Nous demandons au Premier ministre de mettre les bouchées doubles pour qu’il ait une ville propre et paisible à l’image des autres pays de la sous-région. Il va sans dire que le gouvernement seul ne pourra pas résoudre ce problème-là. Il faut qu’ils appellent les vrais acteurs, les communes. On se félicite déjà qu’hier il y a eu un premier pas pour la mise en place de ces communes-là afin que les vrais acteurs  participent au nettoyage de la ville. Parce que, c’est eux les vrais acteurs, c’est eux les propriétaires de la ville.

Guineematin.com : quel est le mot de la fin ?

Yves Sidibé : je voudrais juste dire aux militants de rester mobilisés, de dire à ceux qui hésitent encore de venir au PADES, de venir parce que nous les jeunes, on ne peut pas faire la politique à notre absence, ce n’est pas possible. Les intellectuels, on ne peut pas faire la politique à notre absence, il faut que les intellectuels se mettent dans le combat et ce combat politique là, c’est pour l’avenir. Je m’excuse de le dire, aujourd’hui ceux qui sont au sommet sont du troisième âge  et il faut que la relève suive. Je demande à tous les jeunes intellectuels qui aiment le pays, qui veulent se battre, qui veulent montrer qu’ils aiment leur patrie, viennent nous rejoindre et qu’on aille ensemble. Débattre des problèmes nationaux au sein d’un parti et après défendre nos intérêts.

Interview réalisée par Siba Guilavogui pour Guineematin.com

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