Au Canada, l’odyssée du robot auto-stoppeur doué pour la conversation

Prendriez-vous cet auto-stoppeur? C'est Hitchbot, un robot multimédia qui traversera le Canada d'un océan à l'autre cet été 2014. Photo Hitchbot / Instagram

CanadaSur les routes qui n’en finissent pas du Canada, les auto-stoppeurs sont légion. Mais cet été, les automobilistes canadiens risquent d’être un peu surpris s’ils croisent Hitchbot, un robot programmé pour lever le pouce et faire un bout de chemin en bonne compagnie. En espérant que son aspect incongru ne rebute pas les conducteurs. Il ressemble en effet un peu à une poubelle de cuisine coiffée d’une galette, montée sur des bottes rouges et affublée de deux grosses mains vert fluo, pouces levés…

On l’a appelé Hitchbot, une contraction anglaise des mots auto-stop et robot. Les chercheurs qui l’ont mis au point, espèrent qu’il les aidera à comprendre en temps réel, les relations qui peuvent s’établir entre un humain et un robot. Pour le savoir, ils vont déposer leur « créature » au bord d’une route à l’extrême est du Canada, au bord de l’Atlantique, pour lui faire accomplir la traversée du pays, jusqu’à la côte du Pacifique. Une odyssée de plus de 6 000 km qui démarre le 27 juillet, à Halifax, au Collège d’art et de design de Nouvelle-Ecosse.

Un enfant de six ans 

Hitchbot qui a la taille d’un enfant de six ans va ainsi se retrouver planté au bord de l’autoroute, agitant le seul élément mobile de son corps, son bras droit pourvu d’une grosse main pataude vert fluo, pouce levé comme n’importe quel auto-stoppeur. Ses concepteurs, David Harris Smith, assistant-professeur à l’université McMaster de Hamilton en Ontario et Frauke Zeller, de la faculté de Communication à l’université Ryerson de Toronto, ont mis beaucoup d’espoir et d’électronique dans leur petit protégé.

Mais si Hitchbot a une allure un peu bizarre, c’est probablement à cause des matériaux de récupération qui ont servi à le construire. Un vieux seau, une cloche à gâteau, quelques tubes et panneaux solaires ont suffi à lui donner sa dégaine. Quand l’automobiliste prendra à son bord Hitchbot, il n’aura aucune difficulté à l’installer puisqu’un siège d’auto pour enfant a été intégré à son postérieur. Mais une fois parti avec lui, il faut s’attendre à le voir déborder d’activités. Il prendra des photos de son chauffeur pour les poster en deux clics sur Facebook sans oublier d’y ajouter le récit de son voyage au jour le jour.

Il se comporte comme un ado d’aujourd’hui, accro aux réseaux sociaux et il dispose bien sûr d’un compte Twitter, #hitchbot. Evidemment, il est équipé d’une caméra vidéo, d’un GPS et d’une connexion 3G, ainsi, ses « parents » pourront le suivre à la trace. Pour ce qui est de la conversation, avec son logiciel de reconnaissance vocale et audio, Hitchbot devrait pouvoir assurer sur pas mal de sujets, puisqu’il est alimenté par Wikipédia. Mais au-delà du savoir pur, « nous croyons qu’ Hitchbot saura être charmant et assez digne de confiance lors de ses conversations pour arriver à traverser le Canada », pense Frauke Zeller.

Penser à le brancher sur l’allume-cigare

Le petit robot auto-stoppeur ne fait pas partie d’un programme de recherche universitaire à proprement parler, puisque l’objet de l’étude ne sera pas sous surveillance directe des chercheurs comme l’exigence la règle, mais d’un projet d’art collaboratif. Et contrairement à la problématique qu’explore généralement la question de vivre avec des robots, ici, on l’aborde dans l’autre sens puisque « le but de l’exercice est d’évaluer si les robots peuvent faire confiance aux humains », explique Frauke Zeller.

« Nous croyons que nous pouvons apprendre beaucoup en matière d’interaction avec la robotique, et comment les gens approchent les robots dans des environnements non observés et non restreints », ont indiqué les scientifiques dans un communiqué. Son aspect, un peu de bric et broc, devrait amener les humains qui croiseront sa route à se montrer protecteurs envers le petit robot. C’est en tout cas ce qu’espèrent les chercheurs qui précisent que seul, il ne peut rien. Il faudra donc penser à recharger sa batterie sur l’allume-cigare de la voiture.

Les créateurs d’Hitchbot encouragent aussi ceux qui lui feront faire un bout de chemin, à prolonger l’histoire au-delà de leur véhicule. Emmenez-le à la maison, au café, dans une fête, disent-ils, et il se chargera de raconter toute l’histoire sur les réseaux sociaux ! Ils espèrent ainsi créer un véritable mouvement autour de ce road movie si particulier que beaucoup de Canadiens se promettent déjà de suivre. Seul petit bémol, Hitchbot ne parle qu’anglais ; les chercheurs disent n’avoir pas eu le temps de le programmer pour le français. Un regret pour bien des Québécois aussi bavards qu’amateurs de longs voyages et d’innovations.

rfi.fr

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