Maître Aminata Barry, notaire, fille de Barry Diawadou, pour une nouvelle Guinée… Suite de son article intitulé « ce que je pense »

Me Aminata Barry« Sans s’en rendre compte, les militants fabriquent des dictateurs qui s’installent dans des postures empêchant le renouvellement des générations. Ce manque d’aération démocratique, conduira inévitablement à l’installation d’un « dictateur » qui préférera s’entourer de valets au détriment des compétences. Ces courtisans le suivront jusqu’à la cime du pouvoir. Voilà, à mon avis, comment on fabrique des présidents à vie. », écrit Maître Amy Barry dans la suite de son article « ce que je pense »… 

3) Les avantages d’une telle démarche

–   une osmose à l’intérieur des régions naturelles.

Motivés par une même cause, les clivages ethniques seront gommés.
En effet, les fils d’une même région dont c’est le tour d’occuper les fonctions de premier magistrat, auront tout intérêt à s’unir et à battre le rappel des troupes, notamment  les ressortissants basés à l’Etranger pour les réunir  autour de ce challenge, vu l’importance de l’enjeu. Tous les fils et filles de cette région se sentiront concernés par ce défi quinquennal.

– une émulation entre les régions

Elles seront forcément en compétition pour offrir au pays un homme providentiel qu’elles voudront le meilleur président de la république que la Guinée aura connu. Véritable gageure.
Une obligation de résultats sera attachée à cette région comme  épée de Damoclès du peuple censeur vis-à-vis duquel elle sera comptable à l’expiration du quinquennat.

– Un développement harmonieux et équilibré du pays de l’horizontale à la verticale.

Le nouveau Président de la République, doté d’une double légitimité, celle de la région qui aura voté pour lui à l’occasion des primaires régionales et celle de la nation toute entière pour l’élire comme Président de la République, subira une telle pression qu’il ne s’amusera pas à faire de la cooptation par affinité ethnique ou par copinage. Il choisira les meilleures compétences pour l’aider à accomplir sa mission qu’il devra réussir parce qu’après les 4 tours, il sera évalué, lui et sa région.

Son programme devra être utile à tout le pays. Par exemple s’il s’agit d’un barrage, il l’implantera là où il le faut sans obéir au dictat de son ethnie ou de sa région, ainsi de suite. Aucun projet ne sera conçu sur la base de la  préférence subjective.

Comme autre exemple, je citerai la commémoration tournante de la fête de l’indépendance nationale.

Le but recherché étant de raviver dans le cœur de tous les citoyens cette flamme patriotique, mais c’est aussi une occasion d’ouvrir des chantiers pour construire de nouvelles infrastructures ou d’améliorer ce qui existait en terme de développement et cela ne choque personne, pas même les citoyens de la capitale qui se voient sevrés de cette fête
pendant trois ans.

C’est donc de l’ordre du possible, il suffit d’oser, vu la noblesse du but recherché, à savoir combattre l’ethno stratégie pour unir le pays vaille que vaille. Tous ceux qui aiment la Guinée doivent adhérer à cette idée.

–  Un renforcement de l’unité nationale par la destruction de l’exclusion ethnique qui renvoie au repli identitaire dû à la frustration.

En effet, si tous les ressortissants d’une région naturelle se voient interpellés autour d’un projet d’une telle envergure constitutionnellement reconnue, donc garantie, vu la limitation géographique qui supplanterait l’ethnie, par la force des choses, ces citoyens dis-je, n’iront pas se mêler aux primaires d’une région qui n’est pas la leur même si au plan ethnique, ils seraient tentés de le faire, la constitution les en empêcherait.

Pour revenir à mon exemple, moi la Peulhe je battrai campagne en Haute Guinée pour choisir mon candidat lors des primaires régionales et au plan national, je ferai toutes les régions pour mon candidat, ce dernier devra aussi faire tout le pays pour la finale. Il n’y aura plus de chasse gardée « intuitu-personae », seul le programme comptera.

  • L’armée ne sera plus à la disposition d’un homme fort, d’une ethnie
    ou d’une région.

Elle ne fera allégeance qu’à la République et protégera la Guinée dans son intégrité territoriale.
Le peuple apprendra à la respecter parce qu’elle aura reconquis sa propre estime.

Elle sera considérée et retrouvera sa grandeur d’antan. Toutes les formations académiques lui seront ouvertes. Elle défendra la constitution, le tricolore national et sera sollicitée comme au bon vieux temps; rien qu’une armée républicaine qui aura mérité ses galons, les vrais.

– Organisation des primaires régionales.

L’ordre de passage sera déterminé par la Cour suprême.
Il reste entendu que la date des élections et la durée de la campagne des primaires seront fixées par la constitution.

Les critères d’éligibilité devront être revus par la constitution.
Pour ma part, je milite pour l’acceptation d’une  candidature citoyenne aussi, à côté de ceux qui viendront des Partis politiques.
Ne participeront à cette campagne primaire que les ressortissants de la région dont c’est le tour. On ne retiendra que les deux premiers, lesquels devront se soumettre enfin au suffrage universel à l’échelon national cette fois.

Il leur appartiendra de se faire connaître et de convaincre par leur programme.
Cette fois-ci la campagne sera nationale, car il s’agira d’élire le Président de la République qui ne pourra venir que de cette région et entre les deux finalistes.

Les constitutionnalistes, les sociologues, les politologues et les historiens pourront enrichir le débat. Je ne fais que jeter une idée mais il faut qu’on se sorte de ce cercle infernal qui n’a que trop endeuillé les familles.
– 4 Les inconvénients du déterminisme dans le choix du candidat à la candidature.
Avant l’indépendance, le multipartisme existait avec comme principaux partis le RDA de Sékou Touré, le BAG de Diawadou Barry, le PS de Barry III.
Barry Diawadou, un Peulh, avait pour bastion imprenable, Kankan.
Est-ce possible aujourd’hui ?

Forécariah, Coyah lui étaient largement acquis aussi; en revanche, la Moyenne Guinée, donc, le Fouta lui donna beaucoup de fils à tordre.
Il n’y avait aucune place pour l’ethnie.
Ces leaders devanciers y avaient –ils seulement pensé ?
La Guinée était leur seule vision avec des idées précises, ficelées dans des programmes qu’ils déclinaient au cours de leurs campagnes.
De l’humour, parfois très noir, pour qui ne le comprenait pas, venait par moment égratigner  leurs égos dans les discours qu’ils prononçaient ; des dessins satiriques dans des journaux aux titres tout aussi hilarants, couronnaient cette époque ante-indépendance.

Oui, de brillants esprits ont existé dans cette Guinée qui se déchire et la jeunesse, épis des Partis d’aujourd’hui, doit le savoir.
Jusque là, aucun Parti politique, fût-il le plus puissant, n’aura survécu à son mentor une fois ce dernier disparu ; le PDG-RDA et le PUP en sont les illustrations les plus symboliques. Leur longévité presque gémellaire respectivement 26 ans pour l’un et 24 ans pour l’autre, n’aura servi à rien.

Le culte de la stabilité politique à l’intérieur des Partis a tendance à étouffer des valeurs que le leader omniprésent, omnipotent, empêche d’éclore.

Ce culte de la stabilité conduit au culte de la personnalité. Sans s’en rendre compte, les militants fabriquent des dictateurs qui s’installent dans des postures empêchant le renouvellement des générations. Ce manque d’aération démocratique, conduira inévitablement à l’installation d’un « dictateur » qui préférera s’entourer de valets au détriment des compétences. Ces courtisans le suivront jusqu’à la cime du pouvoir. Voilà, à mon avis, comment on fabrique des présidents à vie.

Cette analyse m’amène à suggérer des candidatures citoyennes aussi à côté de celles des Partis pour que la Guinée ait sa chance en diversifiant l’offre politique. Ces oiseaux rares peuvent être cachés par les baobabs que sont devenus ces leaders; et peut être même qu’il en existe en dehors des formations politiques en loups solitaires qui n’osent pas se jeter à l’eau parce qu’une constitution les en aura empêchés.

Si, initialement le but recherché était la limitation du nombre de Partis, on a eu tout faux, car on ne les compte plus, et on n’a même pas le courage de vérifier leur implantation effective sur toute l’étendue du territoire, pour en réduire le nombre. Il eût été préférable de jouer franc jeu, en agréant la candidature citoyenne.

A SUIVRE …
Maître Aminata BARRY

           Fille de BARRY Diawadou

                      Assassiné au Camp Boiro en 1969.

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