Moussa Tata Kourou Diawara se souvient : Il y a un an jour pour jour, il était contraint de s’en fuir de Kankan

Accueil de Moussa Tatakourou Diawara à son retour d'exil, à l'aéroport de Conakry
Accueil de Moussa Tatakourou Diawara à son retour d’exil, à l’aéroport de Conakry

23 Août 2013-23 août 2014, cela fait un an jour pour jour, que notre confrère Moussa Tata Kourou Diawara, s’en fuyait de Kankan, sous la menace de jeunes militants du parti au pouvoir, qui voulaient le lyncher. Il était Directeur Général de la Radio privée Bàtè Fm. De ce jour à aujourd’hui, il y a de l’eau qui a coulé sous le pont. Moussa Tata Kourou Diawara lui-même raconte les péripéties de sa mésaventure, le chemin de croix fut long !

« Il y a de cela un an aujourd’hui que j’ai été contraint de quitter mon pays pour une question de sécurité pour un exil forcé. On se rappelle le passage du président de la République à Kankan l’année dernière, d’ailleurs sa toute première fois de visiter cette ville, on va dire même sa région d’origine, bastion consolidé de son parti, ceci depuis son élection à la tête de la Guinée. C’était à l’orée des élections législatives, il y était allé en pré-campagne. Il faut dire que cette visite du président Alpha condé avait été émaillée de manifestations de jeunes contre certaines autorités de Kankan notamment monsieur le préfet Iya doumbouya à l’époque, le maire Fodé 4 Kourouma, et des services de l’Etat comme EDG et la SEG. Il convient de reconnaitre le courage de ces
jeunes qui n’ont pas hésité un seul instant face au Président Alpha Condé, de pointer la mauvaise gouvernance, la gestion catastrophique de ces commis de l’Etat et surtout l’incompétence notoire des responsables d’EDG à pouvoir fournir de l’électricité à la ville de Kankan même pendant le mois de Ramadan. Ces derniers prétextaient que les groupes électrogènes étaient en panne, c’est au 29èm jour du mois Saint, alors qu’ils étaient informés que le Président Condé devait fêter à Kankan qu’ils se sont magnés les popotins pour dit-on remettre en marche les groupes. Ce à quoi s’opposèrent énergiquement les jeunes qui voulaient que le chef de l’Etat, par lui-même vienne goûter à l’obscurité dans laquelle baignait la ville de Kankan. La même nuit ils se sont mobilisés pour aller éteindre les installations d’Edg.

Ils avaient à cœur de dénoncer aussi les agissements du préfet d’alors, M. Doumbouya qui était devenu soudain un grand commerçant d’engrais au marché Dibida, tout comme le maire qui avait son magasin au marcher Sogbé. Alors que c’étaient des intrants importés par le gouvernement pour soulager les paysans, à coup de milliards, les voir détournés par ces autorités était inadmissible pour cette jeunesse consciente de Kankan.

A l’époque j’animais chaque après-midi entre 16h et 17h, sur les antennes de Bàtè Fm, une émission qui faisait un ramdam dans la cité, une émission dans laquelle je m’étais le doigt dans les plaies et les pieds dans la fourmilière des scandales de détournements et de mauvaises gestions.

Je le faisais à mes risques et périls, malgré les nombreuses arrestations dont j’avais fait l’objet de la part de la police et de la gendarmerie. Je veux citer entre autres l’assassinat de Madame Siré Doumbouya vendeuse de carburant au noir au quartier Sogbé en face du dépôt par un certain brigadier-chef, Jean pierre Loi alors en service à la CMIS de Kankan. C’était pendant une descente musclée au domicile de cette dame, mère de 6 enfants. J’ai eu des larmes aux yeux quand cette dame m’a accordé une interview avant sans sa mort en direct où elle a lancé un appel de soutien auprès des autorités pour sa santé. Comment peut-on traiter aussi cruellement une femme en état de famille de 6 mois ? Sa coépouse aussi n’a pas été épargnée, elle a été fracturée à la jambe avec un coup de mortier. Ce brigadier-chef n’a fait qu’une semaine en prison, il se balade à Kankan, se la coulant douce, sans être nullement inquiété par les autorités.

Nombreux sont aussi les commerçant qui ont perdu des millions à Kankan tout simplement parce que la vente de carburant était interdite dans le marché noir
mais la grosse question était celle de savoir où partaient ces biens saisis des citoyens ? souvent on disait au trésor, une fois j’ai été au trésor, le premier responsable monsieur Dounoh m’a dit que cette commission de carburant n’a jamais été mise sur

pied dans ce service depuis 3 ans d’exercice, donc ces biens prenaient une destination inconnue.

Il a bien fallu l’arrivée de l’actuel gouverneur de la région de Kankan, M. Nawa Damey pour qu’il soit mis fin à cette situation.

Il faut rappeler aussi le scandale de la vente des parcelles de la cour d’un hôpital
spécialisé dans le traitement des maladies comme la lèpre. Là aussi c’était le même préfet, Iya Doumbouya qui était pointé. Il était soupçonné d’avoir vendu
plus de 18 hectares en complicité avec le maire et une certaine Kadiata Diané, directrice préfectorale de l’habitat démise de ses fonctions dès après le passage du président à Kankan, et tant d’autres monstruosités.

Chers amis, et à l’attention de tous ceux qui sont attachés à la vérité, c’est le lieu de rappeler que deux jours seulement après l’éclatement de cette affaire,
les locaux de ma radio Bàtè Fm et les installations furent saccagés et vandalisés, des journalistes blessés.

C’est aussi le lieu et l’occasion de me souvenir des faits et gestes sans lesquels peut-être je ne serai point en vie. Permettez que je cite et remercie leurs auteurs. Ce sont eux qui m’ont pourvu de moyens conséquents aussi bien pour me permettre de quitter le pays que de tenir le long chemin de croix que fut le mien.
Parmi eux, dans les premières loges, Lansana Kouyaté, président du PEDN, El Hadj Mamadou Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, député, Ibrahima kassory Fofana, président de GPT, également député, M. Sidiya Touré, président de l’UFR, député aussi, M. Damantang Albert Camara, ministre porte-parole du gouvernement, mon frère et ami Mohamed Bamba de la banque centrale de Kankan, le gouverneur Nawa Damé, l’ensemble de la presse malienne, madame Ndey Josseh tapha, présidente de l’UJAO (union des journalistes d’Afrique de l’ouest), M. Moussa Mara, actuel premier ministre du Mali, le colonel major Kankou Fodé Traoré à la présidence du Mali, le jeune Mamadou Goudouss Diallo, membre du bureau des jeunes de l’UFDG à Dakar, la famille Moussa Camara à la cité Soprime de Dakar, M. Ibrahima business, fédéral UFDG, à Banjul, les jeunes ressortissants de la guinée à Brikama en Gambie, les responsables et travailleurs de la radio bombolom fm de Bissau, surtout son directeur Thierno Diallo, M. Jean Hervé benzamen, fédéral du PEDN à Bissau, El hadj Oumar Bandé, président de la communauté guinéenne à Bissau, la RFI, la BBC, la fédération internationale des journalistes, son directeur monsieur Gabriel Baglo à Dakar, la voix de l’Amérique, la radio Fouta Djallon internationale, RFD, son directeur monsieur Abdallah, toute la presse privée guinéenne, mention spéciale à M. Mandjan Sidibé, à mon cher Nouhoun Baldé, porte-parole du front commun, à mon ami Aboubacar Diallo de la Radio Espace fm et à toute l’équipe des « grandes gueules ». Je n’oublie mon ami commandant Mamadou alpha Barry, officié de communication du haut commandement de la gendarmerie nationale.

Chers amis, hommage appuyé donc à toutes ces personnes ainsi que les institutions citées qui m’ont aidé et témoigné de leur solidarité et de leur affection à ce moment précis et douloureux de ma vie. Qu’elles en soient éternellement remerciées et récompensées par le Tout-puissant.

Je rends aussi hommage et grâce à M. Alhoussein Makanera Kaké, actuel ministre de la communication de Guinée sans l’implication personnelle duquel je ne serai point revenu en ce moment en Guinée.

Le combat pour la liberté d’expression et la lutte contre la corruption, continue

Vive la vérité

Demain nous appartient.

Moussa Tatakourou diawara
tel 622477008
664526402
e-mail : [email protected]

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