Elhadj Saïkou Yaya Barry au ministre des Droits de l’Homme : « Nous demandons humblement au chef de l’Etat d’accepter de libérer les prisonniers politiques »…

À l’occasion d’une rencontre qui s’est déroulée hier après-midi (vendredi 3 octobre) à leur siège, la Coordination nationale Haali-Pular a demandé au ministre des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, Gassama Diaby de transmettre une demande d’audience au Chef de l’Etat et une grâce présidentielle pour les prisonniers politiques.

Guineematin.com vous propos ci-dessous l’intégralité de ce discours :
Mot de bienvenue du président de la Coordination nationale Haali-Pular de Guinée, Elhadj Saïkou Yaya Barry, à l’occasion de la rencontre officielle avec le ministre des droits de l’Homme et des Libertés publiques, Khalifa Gassama Diaby

En ce jour solennel de Vendredi Saint, 03 Octobre 2014, lendemain de la fête anniversaire de l’indépendance historique de la Guinée, qu’il me soit permis de renouveler les vœux de bienvenue au nom de toute la communauté Haali Pular d’ici et d’ailleurs, à son excellence monsieur Khalifa Gassama Diaby, Ministre des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques, premier cadre à assumer cette fonction hautement stratégique face à un contexte sociopolitique très contraignant.

Au lendemain de cette fête d’indépendance dont les cérémonies de réjouissances prévues à Mamou ont été reportées pour cause d’Ebola, en ma qualité de Compagnon de l’indépendance, je suis fier d’avoir participé à la libération de mon pays dans l’honneur et la dignité ; mais, je regrette amèrement le sort réservé à certains de mes compagnons qui ont été injustement liquidés par la Révolution et dont les familles éplorées ignorent encore où sont enterrés les leurs !

Par ailleurs, la Coordination Nationale Haali-Pular de Guinée a des raisons pertinentes de s’inquiéter et de s’indigner vis-a- vis de la Gouvernance actuelle !

Pourquoi ?

 A titre d’illustration, des faits irréfutables méritent d’être juste rappelés pour le bon souvenir de l’opinion publique :

• Les évènements douloureux de Bantankountou versus N’Diaré, ceux de Bhouria, Lélouma , Maci (Pita ), KankaLabé ( Dalaba ) et les divers conflits domaniaux suscités par le pouvoir, les incendies mystérieux face à des ‘’gardes forestiers‘’ douteux, les douloureux carnages en Guinée Forestière (Saoro, Zogota, Galapaye…), les pogroms de Kouroussa, Siguiri, Kissidougou, et ailleurs ; les milliers de têtes de bétail abattues à Beyla et Lola et récemment à Kassadou, Bolodou, (Guèckédou), les multiples et atroces tueries de Peulhs dans leurs domiciles, les arrestations arbitraires, les bastonnades et toutes autres formes d’humiliation, les diverses tentatives de diviser le Fouta, etc.

• La chasse aux Peulhs organisée par le RPG, la tuerie et la destruction de leurs biens à Siguiri, Kouroussa, Kissidougou, N’zérékoré en 2010.
Ci-joint la liste des victimes et leurs numéros de phone.

• L’abattage de plus de 2 000 têtes de bétails appartenant aux Peulhs à Lola, Beyla en 2011. ​

• Les assassinats politiques de nos enfants avant, pendant et après les marches. Les assassinats ciblés contre les Peulhs dans leurs domiciles. A ce jour, on a compté plus de 60 morts rien que dans la commune de Ratoma.

Le 1er s’appelle Zakariou Diallo et le dernier s’appelle Elhadj Amadou Oury Diallo, le Président de la Section motards de l’UFDG. Tous des Peulhs.

A cela, s’ajoutent la destruction de nos boutiques, magasins, pharmacies, parcs automobiles, domiciles et les exactions contre nos sœurs nos mamans et nos épouses dans la commune de Ratoma où les forces de l’ordre donnent des coups de pieds aux marmites sur le feu, piétinent les aliments, cassent vitres et pare-brises, bref détruisent tout sur leur passage avec des injures ethnocentristes visant notre communauté.​

En passant nous vous citons les cas de ce doyen de plus de 80 ans qui a eu ses doigts tranchés par des forces de l’ordre à Cosa et de cet Imam qui partait à la prière de 5h du matin battu, injurié par des gendarmes.

Des incendies criminels perpétrés par des militants du RPG, encadrés par des forces de sécurités à Sidibeya, derrière le Camp Alpha Yaya.​

• La confiscation par les forces de l’ordre de plus de 200 motos appartenant à nos enfants.​

• L’abattage récent à Kassadou, Bolodou dans Guèckédou de plus de 2 000 têtes de bœufs et l’incendie de leurs pâturages par les militants du RPG. Actuellement, Mamadou Rachid Diallo qui a été fusillé vit avec six (06) balles dans son corps.​

• L’affaire 19 Juillet 2011 avec le Procès des accusés de « l’attaque » du domicile du Chef de l’Etat à Kipé a montré à l’opinion nationale et internationale que tout a été fait pour cibler les Peulhs qui occupaient des postes importants dans la Hiérarchie militaire.

Les 80% des accusés Peulhs, les 80% des jugés Peulhs et les 90% des condamnés des Peulhs. Même Sékou Goureissy Condé, ancien ministre de la Sécurité, a dit que cet état de fait n’était pas normal.

Aujourd’hui, le Général Nouhou Thiam, celui la même qui a amené l’armée guinéenne à faire allégeance au Professeur Alpha Condé, se trouve injustement en prison depuis près de 4 ans sans jugement pour un chef d’accusation de désertion puni par pas plus d’un an de prison. Le colonel Sadou Diallo qui était à la commande du camp Camayenne, le Lieutenant Mohamed Condé, Kemo Condé et l’adjudant Mohamed Kaba sont aussi incarcérés pour un délit mineur de violation de consignes dont la peine maximale n’excède pas six mois.

• L’arrestation et la déportation des 33 jeunes de Ratoma à Soronkoni, Kankan.

• Récemment, l’assassinat ciblé de Elh Amadou Oury Diallo, Président de la section Motards de l’UFDG n’a même pas été évoqué par le Président de la république lors de son Discours à la Nation, alors que le cas de Womey a été rappelé.

 Monsieur le Ministre des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques,
La CNHP, ne souhaite que la paix et l’harmonie entre toutes les composantes de la Nation.

Le Haali-Pular est partout en Guinée, il a ses biens partout, acquis honnêtement, à la sueur de son front ; il s’est marié partout, de ce fait, il ne souhaite que la paix et l’unité. Nous ayons investi dans tout le pays, nos enfants vivent dans toutes les régions du pays, nous nous sommes mariés chez toutes les communautés et nos filles et nos sœurs sont mariées chez toutes les communautés, cela suffit pour que nous souhaitions la paix pour ce pays que nous aimons tant.

S’il y a désordre dans ce pays, les premières victimes seront les Haali-Pular. Nous continuons à prôner la paix à calmer nos enfants, malgré les multiples provocations dont nous faisons l’objet tous les jours de la part du pouvoir en place depuis décembre 2010.

Tous ces actes illégaux sont restés impunis. Il y a lieu de rappeler qu’à Kankan, tous les responsables de la gendarmerie avaient été sanctionnés suite à la mort d’un jeune après une arrestation qui a mal tourné, alors qu’à Conakry plus précisément à la commune de Ratoma au nez et à la barbe du Ministère de la défense et du Haut Commandement de la gendarmerie, il y a eu plus de 60 morts, des milliards de dégâts matériels et personne n’a été sanctionnée. Pourquoi ces deux poids deux mesures ?

C’est injuste. Et, l’Etat doit être juste.

A ce que nous venons de vous citer plus haut, s’ajoutent le limogeage de tous les cadres Peulhs civils et militaires des postes qu’ils occupaient au sein de l’administration et de la Hiérarchie militaire.

La privation des entreprises et des bureaux d’études appartenant aux Peulhs de tout marché public, les exemples ne manquent pas ; à Mamou récemment une seule entreprise a raflé un contrat de plus de 52 milliards et pas un sou ni pour un bureau d’étude ni pour une entreprise appartenant à un Peulh. Est-ce normal ?
Et, pourtant, pour la contribution au budget national, si on fait la part des choses, les peulhs sont de très loin les principaux contributeurs à travers les impôts, les taxes et les droits de douanes. Quelque part, si cet Etat reste debout, c’est grâce à nous.

La liste est longue, tout cela pour vous prouver en tant que sage, nous continuons de canaliser les nôtres, malgré ces multiples exactions.​

Nous demandons humblement au chef de l’Etat d’accepter de libérer les prisonniers politiques : la pauvre Fatou Badiar, le Commandant AOB, Jean Guilavogui et compagnie, le Général Nouhou Thiam, Colonel Sadou Diallo, lieutenant Kemo Condé, et autres.

Alors de grâce, soyez notre porte parole auprès du gouvernement et du chef de l’Etat pour qu’il y ait l’égalité de tous les citoyens devant la loi, devant le service public.

L’injustice, l’exclusion et l’ethno stratégie sont aussi nocifs que le phénomène planétaire d’Ebola.

Le sursaut national demandé par le Président de la République lors de son discours télévisé à la Nation concerne tous les citoyens guinéens et au premier chef, lui-même, sans discrimination.

En définitive, pour enclencher une vraie réconciliation nationale, gage certain d’un développement socioéconomique harmonieux et équilibré, nous sollicitons une Audience auprès du Chef de l’Etat pour lui faire part de nos préoccupations majeures en vue d’améliorer de façon durable le climat socio politique de la Guinée dans l’intérêt bien compris de toutes les populations guinéennes sans exclusive.

Conakry, 03 octobre 2014

Elhadj Saikou Yaya BARRY,
Président de la CNHPG
Doyen des Sages, Compagnon de l’Indépendance

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