L’un et l’autre a parlé de la dissolution du gouvernement. Mais, le général n’a pas dit c’est au nom et pour le compte de qui il parlait (émissaire de Blaise ou bien l’armée prenait concrètement le pouvoir ?). Et, à son tour de parole (quelques heures après le communiqué de l’armée) Compaoré n’a même pas fait allusion à cette déclaration du chef d’état-major, le général Honoré Nabré Traoré. Blaise Compaoré s’est contenté de saluer toutes les parties qu’il trouve d’ailleurs républicaines : opposition, l’armée, etc.
Alors que l’armée a annoncé un couvre feu, le président Compaoré, lui, « annule » l’état de siège ; qui est d’ailleurs une mesure exceptionnelle autorisant l’armée d’utiliser la coercition pour imposer le calme en limitant les libertés… Ne croit-il plus à la loyauté de la grande muette ?
Dans l’opinion, beaucoup ne souhaitaient pas donner encore la chance à Blaise Compaoré de dormir au palais Kossyan. Egalement, certains burkinabé pensent qu’on pourrait bien confier la transition à un civil consensuel, au-lieu de laisser la victoire populaire échapper à ses vrais auteurs pour retomber dans l’escarcelle de l’armée…
Justement, ici, en Guinée, c’est effectivement ce virage qui avait été mal négocié en 2007. Pressé de voir le vieux général Lansana Conté diminué, à l’époque 23 ans au pouvoir, un très mauvais accord a été accepté par la société civile et les syndicats. Un Premier ministre chef du gouvernement de consensus (Lansana Kouyaté) a été imposé, etc.
Mais, quelques mois après, le vieux chef d’Etat a manœuvré et tout le monde a été surpris de voir ce Premier ministre, accueilli comme un messie devenir impopulaire jusqu’à être renvoyé sans que cela n’émeuve grand monde…
Nouhou Baldé