Burkina Faso : 1er discours du Lieutenant-Colonel Isaac Zida, en tant que président de la Transition

Lieutenant-Colonel Isaac Zida, président de la Transition au Burkina Faso avec le soutien de la société civile
Lieutenant-Colonel Isaac Zida, président de la Transition au Burkina Faso avec le soutien de la société civile
Lieutenant-Colonel Isaac Zida, président de la Transition au Burkina Faso avec le soutien de la société civile

Les Burkinabè et l’opinion internationale n’oublieront pas de sitôt la journée tumultueuse de vendredi où le pays des Hommes intègres a eu a connu trois chefs d’Etat : Blaise Compaoré, Honoré Nabré Traoré et finalement Isaac Yacouba Zida ! Sans oublier que la plus part des manifestants de la place de la Nation (désormais place de la révolution) avaient un autre choix : le général à la retraite Kouamé Lougué. D’ailleurs, aussi surprenant que cela puisse paraître, ce général à la retraite, limogé du ministère de la défense en 2003 par Blaise Compaoré qui l’accusait de tentative de putsch a surpris par son silence après avoir fortement contribué à faire plier l’ancien président Burkinabè. Lougué ! Lougué ! Lougué, continuait la place de la révolution ce vendredi, mais Lougué n’a pas été vu ! La réclamation de son nom n’a été tempérée qu’avec le discours d’un des artistes révolutionnaires qui a lancé à la foule : « Vous voulez Lougué, mais qui vous dit que Lougué veut ? Lougué ne veut pas ! Alors, faites nous confiance ! On n’a jamais pris un franc de quelqu’un ! Depuis un mois, on dort peu… ».

Finalement, à défaut de voir le général Kouamé Lougué- qui les avait rallié notamment lors de la journée déterminante du jeudi à la place de la Nation et qui a aidé à intensifier la pression sur Blaise Compaoré, surtout en menaçant de marcher sur le palais Kosyan- les révolutionnaires ont dû se contenter de l’ancien porte parole de l’armée et numéro 2 de la garde présidentielle. En tout cas, pas Honoré Nabré Traoré, le chef d’état-major des armée qui a mal joué sa partition le jeudi soir en prononçant un discours ambiguë, qui n’a pas osé prendre les rênes du pouvoir pendant qu’il était encore temps, montrant ainsi qu’avec lui, c’est peut-être toujours le contesté Blaise Compaoré qui gouvernerait par procuration…

Guineematin.com vous propose ci-dessous l’intégralité du discours (en écrit et en audio) du nouveau président du Burkina Faso, le Lieutenant-Colonel Isaac Yacouba Zida, publié par nos confrères de Burkina24. Selon Burkina24, cette déclaration a été lue ce samedi 1er novembre 2014 à 2 heures 15 minutes sur la chaîne de télévision privée Canal 3 :

Peuple du Burkina Faso,

Depuis quelques mois, notre nation traverse une grave crise socio-politique dont le dénouement vient d’être acté ce 31 octobre même par la démission du Président Blaise Compaoré à la suite d’une insurrection populaire.

Celle-ci s’est hélas soldée par de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux blessés, des pillages et règlements de compte qui ont défiguré nos villes, mis à mal notre tissu économique et la cohésion de notre nation.

Je voudrais au nom des Forces armées nationales, des Forces vives de la Nation et en  mon nom personnel, présenter mes condoléances les plus attristées aux familles et à notre jeunesse éplorée, ainsi que notre compassion aux blessés.

Je salue la mémoire des martyrs de cette insurrection et m’incline devant les sacrifices consentis par notre peuple.

Je salue l’engagement, la détermination, l’abnégation et l’esprit de sacrifice de notre jeunesse qui  a pris son destin en main en devenant acteur de sa propre histoire.

Pour éviter que s’installe l’anarchie, préjudiciable à l’objectif de changement démocratique, puissament exprimé par notre peuple, l’armée nationale, à la demande pressante des forces vives de la nation, a pris ses responsabilités et décidé d’amorcer un processus de transition démocratique.

Cette transition que notre peuple et ses amis souhaitent la plus courte possible, sera encadrée par un organe de transition, réflétant les diverses sensibilités sociopolitiques de notre nation.

En attendant de définir de manière consensuelle, avec l’ensemble des partis politiques et les organisations de la société civile, le contenu et les contours de cette transition démocratique apaisée, j’assume désormais, à partir d’aujourd’hui, les responsabilités de chef de cette transition et de chef de l’Etat pour assurer la continuité de l’Etat.

J’appelle la communauté internationale, en particulier les pays frères et amis du Burkina Faso, notamment ceux de l’Union africaine et de la CEDEAO, à faire preuve de compréhension et à soutenir notre peuple dans cette dure épreuve. Les engagements internationaux du Burkina Faso seront tenus.

A tous les artisans de notre victoire commune, à quelque niveau que ce soit, je lance un appel pour qu’ils restent mobilisés et engagés dans le cadre du processus de transition démocratique. A la jeunesse du Burkina Faso, qui a payé un lourd tribut pour le changement, je veux la rassurer que ses aspirations au changement démocratique ne seront ni trahies ni déçues.

Vive la jeunesse !

Vive le peuple burkinabè !

Vive le Burkina Faso !

Je vous remercie. 

Lieutenant-Colonel Zida Yacouba Isaac

Facebook Comments Box