Un mort et plusieurs blessé, c’est le triste bilan de ce dimanche 2 novembre suite aux manifestations politiques et sociales de Ouagadougou contre ce que les protestataires considèrent comme une confiscation de leur victoire par des militaires, de surcroît proches de l’ancien dictateur, Blaise Compaoré.
Dans leur communiqué signé du Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida et lu ce soir par un porte parole des forces armées, Augustin Barry, les militaires Burkinabè ont retracé la journée et regretté la mort d’un manifestant suite à l’intervention à la radio nationale où le général Kwamé Lougué et la députée Saran Sérémé seraient allés, chacun, pour se déclarer président.
Les militaires Burkinabè rappellent Dadis : « Le pouvoir ne nous intéresse pas ! », disent-ils après avoir tué un des manifestants qui réclamaient justement que les militaires ne confisquent pas la victoire des civils sur la dictature Compaoré qui aura régné 27 ans à la tête de leur pays.
On se rappelle qu’en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara qui s’est emparé du pouvoir après la mort du deuxième président de la Guinée, le général Lansana Conté, disait ne pas être intéressé par le pouvoir. Mais, officiellement, 157 Guinéens ont été tués, plusieurs femmes violées publiquement, en pleine journée et beaucoup de compatriotes ont été blessés le 28 septembre 2009 pour le seul crime d’avoir manifesté contre le maintien de la junte militaire au pouvoir. Celui qui disait ne pas être intéressé par le pouvoir n’a finalement quitté que blessé et transporté d’urgence au Maroc, après avoir reçu une balle de son aide de camp… C’est une longue histoire !
« Nous voulons rappeler que si les forces vives pensent s’être trompées, il est encore temps de revenir nous voir, pas par la rue, mais plutôt par la voix empruntée antérieurement, notamment la concertation, l’armée se retirerait alors et laisserait ceux qui pensent à cette étape être à même de faire sortir notre pays de la situation difficile actuelle », disent les militaires Burkinabè, sans doute dans le secret espoir que les forces vivent ne reviennent pas réclamer leur pouvoir… Pourtant, c’est l’occasion qu’il faille saisir pour éviter que ceux qui disent ne pas être intéressés aujourd’hui le soient demain et utilisent des moyens détournés pour s’accrocher… Le discours de ce soir pourrait bien les servir, si quelqu’un leur parle demain…
Nouhou Baldé
Voici la version audio de cette déclaration de l’armée qui dirige actuellement le Burkina Faso. Elle a été publiée tout à l’heure par nos confrères de Burkina24.