2015 étant une année électorale. Le président a Condé a déjà dit à qui veut l’entendre qu’il n’envisage pas de confisquer le pouvoir de façon anticonstitutionnel et que la maladie à virus Ebola n’empêchera pas les élections présidentielles.
Ainsi, l’adresse du chef de l’Etat à la Nation ce soir revêt une certaine particularité par rapport aux discours précédents ou à venir. Ce mercredi 31 décembre 2014, à 20 heures TU, le président Alpha Condé aura prononcé le discours de l’an qui le sépare de son deuxième et dernier mandat à la tête de notre pays. Et, si la majorité des Guinéens décident de ne pas lui accorder leur confiance, ce sera alors le tout dernier discours de l’an pour Alpha Condé, en tant que chef d’Etat…
Voici le discours intégral du président Alpha Condé, diffusé aux médias d’Etat à 20 heures Tu, et adressé aux médias privés un peu plus tard :
Guinéennes, Guinéens
Mes Chers compatriotes,
Dans quelques heures, nous franchirons le seuil de la nouvelle année 2015. Ce moment unique de notre vie commune m’offre l’honneur et le privilège de vous présenter, mes vœux les plus sincères de bonne santé, de paix et de prospérité, aux Guinéens vivant sur le territoire national, ainsi qu’à l’ensemble de nos compatriotes vivant à l’Etranger. Ainsi qu’aux ressortissants étrangers qui vivent sur notre territoire national.
Je forme le vœu ardent que la nouvelle année soit pour tous, le moment de renforcer le lien de fraternité et de solidarité qui nous unit au-delà des différences qui caractérisent toute société humaine.
2014 a été pour notre peuple une année difficile, avec la grave crise sanitaire qui a frappé notre pays. Avec pour conséquences, toutes ces souffrances endurées par nos populations à cause de la fièvre hémorragique à virus Ebola. L’année 2014 qui s’achève, s’inscrit dans nos esprits comme l’année où notre nation a connu le fléau le plus inattendu de son histoire récente.
C’est le lieu pour moi, de réitérer toutes mes condoléances aux familles qui ont été frappées par le virus. La même compassion va aux victimes parmi le corps médical et sanitaire, aux médecins, aides-soignants, aux personnels des Organisations gouvernementales et non gouvernementales, qui accomplissent un travail remarquable sur le terrain
Cette parenthèse de notre vécu commun, a brisé des vies et sacrifié de nombreux compatriotes victimes de la maladie. C’est pourquoi, il me tient à cœur, de saisir ce moment indivisible de notre communion nationale, pour renouveler l’hommage, que nous devons rendre à l’ensemble de la communauté internationale : tout particulièrement aux institutions financières internationales, aux Nations unies, aux organismes internationaux, à tous les pays amis qui nous ont apporté assistance dans cette guerre contre la fièvre Ebola. Je pense à la France dont le président François Hollande nous a honorés de sa visite pendant les dures épreuves traversées par notre pays. Il me plait également dans ce sens de citer le Président américain Barack Obama, sa Majesté le Roi Mohamed VI du Maroc, le Président malien Ibrahim Boubacar Kéita, Jim Kim Président de la Banque mondiale. Je pense aux pays frères africains avec lesquels nous avons su garder des relations de confiance pour ne pas céder à la peur d’une fermeture prolongée de nos frontières communes qui affecterait la circulation des personnes et des biens dans notre espace régional, ainsi que la vie de nos populations.
Avec notre détermination, les pages les plus sombres de la période Ebola sont désormais tournées. Nous œuvrons désormais ensemble pour doter notre pays d’infrastructures hospitalières appropriées, pour briser la chaine de contamination. Nous comptons sur une aide budgétaire orientée vers nos priorités nationales en matière de santé publique. Conformément à la volonté du Secrétaire général de l’Onu qui a promis que son institution fera « le maximum » pour que cette épidémie soit endiguée dans les plus brefs délais. Comme l’a souligné Monsieur Ban Ki Moon, la Guinée et ses partenaires doivent déjà commencer à penser à l’avenir. Il faut dès maintenant, multiplier les activités visant à rétablir les services sociaux de base, renforcer les services de santé, soutenir l’économie nationale et de façon générale accroitre la résilience du pays.
En ces heures si particulières, où le cercle de la famille et des amis se resserre dans tous les foyers, pour célébrer le passage à une nouvelle année, je voudrai également exprimer une pensée solidaire pour nos vaillants soldats qui sont mobilisés sous le drapeau international pour défendre la paix et traduire notre engagement à lutter sans relâche contre d’autres fléaux qui menacent notre région : le terrorisme international, la criminalité transfrontalière et les trafics en tous genres.
Nos pensées sont tournées également vers nos compatriotes qui vivent dans la peine, le dénuement et la solitude.
Je formule pour eux des vœux tout particuliers et souhaite du fond du cœur que l’année 2015 leur apporte le bonheur et une plus grande espérance.
Mes chers compatriotes,
Tout au long de l’année douloureuse qui vient de s’écouler, nos énergies sont également restées mobilisées pour atteindre nos objectifs de développement économique. Malgré l’épidémie qui est venu ralentir notre élan de croissance, au moment où le pays a rétabli ses grands équilibres macro-économiques, nous avons réussi à garder le cap des grandes réformes que nous avons engagées ensemble. Notre objectif aujourd’hui est de refonder la société guinéenne sur de nouvelles valeurs et de faire de la Guinée de demain une terre de cohésion, de concorde et de prospérité économique. En 2014, cet objectif a été au cœur de notre action de tous les jours. En seulement 4 ans, la dette de la Guinée a baissé de 66%, et la dette en proportion des exportations a été ramenée de 186% à environ 45%. Et l’inflation qui était de 23% il y a quatre années est aujourd’hui en dessous de 10%. Mais ces efforts devraient se traduire en amélioration de la vie quotidienne des citoyens, par l’augmentation de leur pouvoir d’achat.
Pour la première fois depuis des décennies, nous avons enregistré au départ en 2011 un taux de croissance économique en hausse constante avant que la dernière année ne soit perturbée par les effets négatifs de la crise sanitaire. Mais malgré Ebola, si nous faisons preuve de persévérance et de ténacité, si nous accélérons le rythme des grandes réformes que nous avons engagées, nous serons en mesure de réaliser des succès encore plus importants. C’est cet avenir que nous devons construire ensemble. Une nouvelle gouvernance, fondée sur une large ouverture politique, économique et sociale et la rigueur dans la gestion de la chose publique.
Mes chers compatriotes
Face aux multiples défis d’un monde en mutation constante, la pérennisation de nos récents acquis passe nécessairement par notre aptitude collective à nous fixer de nouveaux horizons. Nous devons faire preuve d’audace, de créativité et d’inventivité, pour dessiner ensemble les contours d’un futur plus prometteur.
Dans cette noble entreprise, notre pays ne manque pas d’atouts. En témoigne la conclusion d’importants accords miniers, comme celui signé le 26 mai 2014, à Conakry, entre le Gouvernement guinéen et ses partenaires Rio Tinto, Chinalco et la SFI qui ont scellé le Cadre d’investissement pour les blocs 3 et 4 de Simandou d’un montant de 20 milliards de dollars. Accord ratifié par l’Assemblée nationale. Ce projet, qui sera le plus grand projet intégré, combinant une mine de fer et des infrastructures, jamais réalisé en Afrique, permettra à la Guinée de tirer profit de ses importantes richesses minières et d’engager une transformation en profondeur de son économie. D’autres conventions sont également conclues avec : la société Alliance Mining Commodities Guinée SA (AMC), pour le Projet Koumbia. Le Projet Guinea Alumina Corporation (GAC), avec le conglomérat d’aluminium des Emirats Arabes Unis, formé par Mubadala Development Company d’Abou Dhabi et Investment Corporation of Dubaï qui est composé de la mine de bauxite de Sangarédi, du développement d’un terminal portuaire destiné à des utilisateurs multiples à Kamsar et d’une raffinerie pour transformer le minerai en alumine. Le Projet est détenu et développé par la société Emirates Global Aluminium (EGA), pour un investissement total de 5 milliards de dollars américains.
Notre pays vient également d’être déclaré éligible au onzième Fonds européen de développement d’une valeur de 244 millions d’euros destinés à appuyer la Guinée dans la consolidation de l’Etat de droit et la promotion d’une administration efficace au service des citoyens. C’est pour cela que dès le premier semestre, nous allons entreprendre un vaste programme d’investissement à haute intensité de main d’œuvre pour offrir aux jeunes, leurs premiers emplois. Notamment dans certaines commandes publiques concernant le mobilier scolaire ou administratif qui seront confiées aux petites unités et coopératives locales.
Nous poursuivrons dans cette ligne, les efforts pour les travaux de finalisation du barrage Kaléta et la modernisation du Port autonome de Conakry. Ces investissements majeurs devraient à court terme permettre d’améliorer la fourniture en électricité de notre population, une préoccupation majeure pour les citoyens de notre pays, dont j’ai pleinement conscience.
Ces investissements préfigurent également d’autres réalisations à venir dans le domaine des infrastructures routières. Le Gouvernement est déterminé à intensifier ses efforts pour l’amélioration des voies de communication. A cet effet, il consacrera en 2015, des ressources substantielles à la poursuite de la modernisation du réseau routier et surtout à son extension à l’ensemble des autres régions économiques du pays.
Notre objectif est de faire émerger de nouveaux pôles de développement à l’intérieur du pays, en favorisant l’essor de capitales régionales qui draineront les villes de l’intérieur du pays dans une nouvelle dynamique de développement économique et social.
Mes chers compatriotes,
L’expérience de la vie publique démontre toutefois qu’aucun pays ne réussit à amorcer son décollage économique dans un climat social qui ne soit apaisé. Il est dès lors fondamental que les sacrifices consentis par l’ensemble des acteurs sociaux ces dernières années pour apaiser le climat politique soient davantage renforcés. Notre démocratie a besoin d’un espace de dialogue où chacun joue son rôle, le pouvoir comme l’opposition. Aujourd’hui notre pays compte une Assemblée nationale représentée par une quinzaine de partis politiques, où le débat est permanent et où l’opposition dispose désormais d’un statut.
Mes chers compatriotes,
Comme chacun le sait déjà, 2015 s’annonce comme une grande année électorale. Nous avons l’impérieux devoir de réussir ces élections afin de poursuivre dans la sérénité, les grandes réformes dont notre pays a besoin pour son développement économique et social.
Mais pour réaliser pleinement cet objectif, la démocratie guinéenne doit impérativement s’appuyer sur le progrès social qui passe par les valeurs d’égalité, de justice sociale et d’équité.
Mes chers compatriotes
Le temps passe, le monde change et nous apporte chaque jour de nouveaux défis à relever. Dans cette lutte, je voudrais demander à chacun d’entre vous tous de faire preuve, en 2015, d’un sens accru de responsabilité et de maturité pour préserver l’unité nationale, en ne perdant jamais de vue les grands desseins que nous nourrissons tous pour notre pays.
Je voudrais saisir l’occasion pour réitérer mes chaleureuses félicitations aux joueurs du Syli national qui ont fait notre honneur et notre fierté en se qualifiant pour la phase finale de la coupe d’Afrique des Nations.
Bonne et heureuse année 2015. Bonne fête à toutes et à tous.
Vive la Guinée, Vive l’unité nationale
Le Bureau de Presse de la Présidence