C’est à 11 heures 55 minutes que le patron de l’UPG, Jean Marie Doré, a fait son entrée dans la salle de réunion de l’UFR à Matam. L’ancien Premier ministre du général Sékouba Konaté (transition) marque ainsi son retour au sein de l’opposition au pouvoir Alpha Condé.
On se rappelle que Jean Marie Doré ne tissait plus du bon coton avec les Cellou Dalein, Sidya Touré et Cie depuis plus de quinze mois. A la veille des élections législatives du 28 septembre 2013, Jean Marie Doré était parmi les leaders qui n’avaient pas applaudi le « partage » des circonscriptions électorales du pays par l’alliance UFDG-UFR. Mais, c’est surtout le « refus » de soutenir sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale qui avait fâché le patron de l’UPG. On connait la suite !
Ce retour de Jean Marie Doré est surtout d’un symbole fort pour l’opposition guinéenne. Ne drainant pas de grandes foules, il est vrai, même pas de gadgets (la force de GPT et autres PEDN) à l’occasion des meetings et marches que l’opposition pourrait intensifier les prochaines semaines, Jean Marie Doré est surtout le symbole de l’ancienne génération. L’opposition qui peut se targuer d’avoir « imposé » la démocratie en Guinée, à l’image des défunts Bâ Mamadou, Siradio Diallo, Alfa Sow ou d’un certain Alpha Condé.
Jean Marie Doré, c’est aussi des discours poignants et croustillants qu’on peut haïr ou applaudir, mais qui sont souvent exprimés avec des mots qui « collent » et l’intonation complètement décalée des actuels opposants, qui sont pour es plus en vue d’anciens hauts commis de l’Etat, habitués à se plier devant « Monsieur le président » et « Mesdames et messieurs les membres du gouvernement »…
Mais, Jean Marie Doré, c’est surtout un opposant imprévisible qui peut, au moment où on a le plus besoin de lui, choisir un autre camp, la voie contraire à celle où on souhaitait et espérait le voir… C’est un politicien qu’on ne peut « manipuler » et « utiliser » que quand il le souhaite pour (en même temps) défendre son intérêt (…). Rarement, il ne dit ou agit sans savoir à quoi aboutir, ce qu’il « gagne » pour nuire, aider…
« Si le doyen est fatigué, laissez-le se reposer. Mais, ce n’est pas parce que quelqu’un est fatigué et qu’il se repose que le pays va s’arrêter… », disait-il de feu Bâ Mamadou, quand le doyen de l’époque estimait que les marches et manifestations ne donnaient plus de résultats et qu’il fallait changer de fusil d’épaule contre le système Lansana Conté… Alors que c’est Bä Mamadou qui avait l’habitude de sortir (et faire sortir ses militants) pour braver le régime. Et, c’est effectivement ce changement de tactique qui (après les concertations sociales de 2006) avait abouti aux mouvements sociaux qui ont failli faire vaciller le régime…
Bref, malgré les apparences, avec Alpha Condé, le président actuel de la Guinée, Jean Marie Doré a rarement été d’accord, contrairement à feu Siradiou Diallo par exemple avec qui il avait entretenu de très bonnes relations.
Récemment, se moquant du président de l’UFDG, Jean Marie Doré trouvait Cellou Dalein Diallo « trop beau pour la politique »…
Yacine Sylla et Alpha Baldé sont au siège de l’UFR à Matam pour Guineematin.com
