Nongo : 114 familles victimes des régimes précédents s’adressent au pouvoir et réclament justice

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Nongo, DomaineGuineematin.com a été contacté ce jeudi (12 février 2015) par le porte parole de 114 familles dépossédées de leurs domaines depuis des années et de façons répétée par les régimes successifs, notamment du général Lansana Conté et du capitaine Moussa Dadis Camara.

Ci-dessous, Guineematin.com vous propose leur lettre de rappel et quelques images :

Destruction et Vente illégale des Habitions à des particuliers à Petit Simbaya derrière le Commissariat Central de Police, dans la Commune de Ratoma.

Nous, victimes de la destruction des habitations de Nongo Petit Simbaya, Commune de Ratoma, constatons avec regret que nos habitations ont été détruites en 2009 sous prétexte qu’elles sont construites sur une zone réservée.  Cependant, aujourd’hui, ces domaines sont revendus à des particuliers plus riches que nous.

Rappel historique

Pour rappel, la zone se trouvant entre le quartier Nongo et Petit Simbaya où a été construit l’actuel Stade de Nongo a été réservée par l’ancien régime du Président Ahmed Sékou Touré pour la construction d’une raffinerie de pétrole promise par le Guide Libyen, Mohammar Kadhafi, depuis 1979.  Ceci n’est plus d’actualité car la promesse ne sera pas honorée. Cela n’empêchera pas, en 1981, d’étendre la zone incluant nos maisons se trouvant sur le même alignement que l’actuelle résidence américaine à Nongo, juste en face de la Police.  De nouvelles bornes ont été implantées à quelques mètres derrière la résidence américaine.

Bien que certains résidents détenaient déjà leur ‘plan de masse’ (document officiel délivré par l’Etat), toutes nos démarches pour que l’on soit dédommagé sont restes vaines avant même la destruction des dites habitations et leur actuelle revente.  Pourtant, on nous avait toujours promis qu’on allait nous recaser avant toute destruction.

C’est ainsi qu’en 1991, le ministre de l’Habitat d’alors, Mr. Bana Sidibé, décida de démolir les maisons de 114 familles guinéennes, mais épargnant, comme par hasard, la résidence américaine qui était pourtant aussi construite sur la ‘zone réservée’.  Tout ceci, sans qu’une solution ne soit trouvée pour les 114 familles victimes et aucun dédommagement.

Alors, en 1991, nous avons émis des nouvelles demandes de dédommagement et de recasement.  L’une des pauvres victimes, Feu Mr. Diop qui était aussi chef de secteur et porte-parole des victimes, avait fait une intervention à la radio nationale (RTG) demandant au Gouvernement du Général Lansana Conté de dédommager les victimes car elles ont été dénuées de leurs propriétés et aucune mesure corrective n’a été apportée jusqu’à présent.

Ainsi, après la destruction de ces habitations en 1991, certaines des victimes avaient une bande restante en dehors des bornes implantées en 1981 où une partie de leur maison, puisque n’étant pas dans la nouvelle zone. Ainsi, ceux qui avaient une portion restante en dehors de ladite zone qui se trouve sur le même alignement que la mosquée qui est toujours en place tout près de la police, ont ainsi construit ou reconstruit leurs maisons puisqu’étant dans leur propre droit.

Destruction sans Préavis encore en 2009

À notre fort étonnement, en 2009, le gouvernement de Mr. Dadis Camara, avec Mr. Boubacar Barry comme Ministre d’État de l’Urbanisme et de l’Habitat, aujourd’hui président d’un parti politique, a décidé de détruire ces nouvelles maisons qui n’étaient nullement dans une zone réservée.  Cela, malgré les bornes rouges, bien visibles, délimitant ladite zone.  Par la suite, les agents qui avaient été mandatés de superviser et de démolir les habitations avaient clairement identifié les bornes rouges, mais ils nous ont tout simplement dit qu’on leur a remis un ordre de mission et il leur faut exécuter celui-ci. Cette énième destruction illégale de maisons a été opérée sans aucun préavis et la seule explication verbale avancée est que le domaine est une propriété de l’État. Sans oublier que ce dit domaine est situé tout juste en bordure de ladite zone réservée initiale qui, en elle-même, est notre propriété car sa raison d’être n’est plus justifiée puisqu’il est revendu à de tierces personnes.

C’est avec un grand étonnement que nous avions constaté que ces domaines furent répartis entre des ministres et autres haut cadres de l’État d’alors. À ce jour, ces domaines sont en train d’être revendus à des particuliers plus riches que nous, ou des compatriotes plus privilégiés résidant à l’étranger.  Pendant ce temps, nous, les premiers propriétaires légaux, sommes en location dans les quartiers environnants, sans assistance de la part de qui que ce soit.

Au nom de toutes les victimes de cette désappropriation illicite et illégale, nous lançons un appel solennel au gouvernement guinéen, au président de l’Assemblée nationale et à tous les députés d’œuvrer afin que les 114 familles soient remises dans leur droit.

Compte tenu des points ci-dessous :

  • vu que l’implantation de la raffinerie de Pétrole n’est plus d’actualité ;
  • vu que ces domaines ne sont pas réservés pour des fins d’intérêt public (construction d’école publiques, d’hôpital, parcs, etc.) ;
  • compte tenu du fait que, même si ces domaines nous avaient été retirés pour une utilité publique, ils sont à présents en train d’être revendus à de tierces personnes ;
  • vu que les 114 familles désappropriées ne furent ni dédommagées, ni recasées par l’État,

Nous réclamons que ces domaines soient restitués aux 114 familles qui restent les propriétaires légales.   Aussi, nous réclamons d’être dédommagés pour la destruction de nos maisons et arbres fruitiers entre 1991 et 2009.

Nous estimons qu’il est injuste de détruire les maisons de pauvres citoyens et les laisser sans abris pendant que la résidence américaine qui est sur le même alignement, non loin de l’épicentre de ladite zone.

Pendant que le gouvernement guinéen cherche à attirer et inciter de potentiels bailleurs de fonds d’investir en Guinée, il est impératif que l’État démontre que la propriété privée est sacrée et que les instances de recours sont impartiales et indépendantes. Ceci est gage de la prospérité de l’investissement privé dans un pays qui en a sérieusement besoin.

Nous continuerons à instruire ce dossier en justice dans l’espoir que celle-ci nous rétablira dans nos droits ; et que les députés de tout bord politique débattront de ce cas et les autres cas similaires qui n’ont apportés qu’infortune à nombreuses familles Guinéennes.

Après avoir protesté à maintes reprises contre la construction de bâtiments privés sur nos parcelles, les vendeurs de ces parcelles nous ont envoyé des gendarmes pour nous intimider. Au même moment, ils ont promis un dédommagement à toutes les victimes dans un bref délai, devant les forces de sécurité. Depuis lors, les nouveaux propriétaires ont eu cartes blanches pour continuer leur travaux de construction, nuit et jour.

Nous réclamons Justice !

Pour toute information concernant ce dossier, prière d’écrire à cette adresse email :

[email protected]

Téléphone : 664-90-74-90

Mamadou C Diop

Le Comité de Suivie

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