Koïn (Tougué) : comment le viol collectif a été étouffé (témoignage du frère de la victime)

centre de santé de Koin, Tougué, KoïnComme annoncé précédemment par un de nos précédents articles, une affaire de viol collectif a été étouffée dans la sous-préfecture de Koïn, préfecture de Tougué. Pour en savoir un peu plus, notre correspondant local à Koïn a rencontré le frère de la fille. Abdourahamane Baldé pour écouter la famille de la victime.

Selon Abdourahmane Baldé, c’est un prétendant de la fille qui est venu la chercher de son village pour une sortie dansante : « c’est un samedi soir qu’un jeune du nom de Ibrahima Baldé de Koïn Fello, un des secteurs de Koïn 2, situé à 3 km au nord-ouest de Koïn, est venu dans notre famille à Bantanhi Koloun. Notre village relève du  secteur de Koïn 1 situé à 2,5km au sud-est de la sous-préfecture. Il est venu trouver Nênan Hawa Diallo, la maman de la fille, se présentant comme celui qui voudrait se marier avec sa fille Rougui Baldé. La fille a été appelée par sa maman. C’est ainsi que les deux sont partis ensemble à Koïn, au night club », introduit notre interlocuteur.

A en croire le frère de la victime, c’est en raccompagnant la fille que le viol a été commis : «  A la fin de la soirée dansante, le jeune Ibrahima a appelé ses amis, Souleymane Diallo et Abdoul Wahabi Baldé pour raccompagner la fille. En cours de route, tout juste du Bowal de Koudé, au niveau d’un ancien Bar, ils ont utilisé une corde que l’un des jeunes avait en poche pour attacher la fille au cou. Ils l’ont étranglé, avant de la transporter dans cette maison abandonnée. Malgré les cris impuissants de celle-ci pour alerter le voisinage, les trois jeunes réussiront à la violer ! L’un après l’autre. Après leur sale besogne, la fille est rentrée chez elle se taisant là-dessus, sans nous informer », précise Abdourahmane Baldé.

Selon notre interlocuteur, ce sont les traces qui ont révélé le viol à la famille : « sa maman a constaté que son cou est blessé, ses yeux sont rouges, remplis du sang causé par l’étranglement. La fille a expliqué les faits en citant les noms de ces jeunes. Il se trouve que le papa de l’un de ces violeurs a un lien de parenté avec la grand-mère maternelle de la fille violée. C’est pourquoi ils ont voulu régler le problème en famille. Ils ont ainsi décidé de payer de l’argent (dote) pour dédommager la fille. » a-t-il laissé entendre.

Gendarmerie, Koïn, KoinLa gendarmerie aussi s’est contentée d’extorquer l’argent des parents de la victime et des jeunes violeurs, sans punir personne ! « La gendarmerie de Koïn a convoqué la famille. Mon papa (papa aussi de la victime : NDLR) a répondu, on a payé en tout 200 000 GNF. La gendarmerie a ordonné que la fille soit envoyée au centre de santé parce qu’elle saignait et cela a continué pendant près de 10 jours. Ensuite, les gendarmes ont convoqué les jeunes. Ibrahima Baldé est venu de lui même se présenter, mais les deux autres ont fuit. On a fait appel à leurs parents. Pour ne pas qu’on les détienne là-bas, les parents ont payé de l’argent pour rentrer chez eux. Il a été décidé que les parents des trois (3) jeunes payent 600 000 GNF à la fille, qu’ils payent également à la gendarmerie et au centre de santé pour les traitements médicaux de la fille. Moustapha Diallo, proche de la famille, informé de cet arrangement a décidé de faire transférer l’affaire au niveau préfectoral, à Tougué. Mais, après plusieurs tractations à ce niveau, la gendarmerie de Tougué n’a fait qu’entériner les mêmes mesures prises à Koïn, expliquant que ce sont les parents de fille mêmes ont fait un règlement à l’amiable », rapporte le frère de la victime.

Enfin, suite à  la révélation de cette affaire de viol, une mission de la gendarmerie préfectorale de Tougué, conduite par l’adjudant Boubacar Sidy Diallo, chef section judiciaire, est arrivée à Koïn, le samedi 14 février 2014, pour s’entretenir avec l’actuel commandant de la gendarmerie de Koïn, le capitaine Robert Kamano.

A son arrivée, il a joint au téléphone le correspondant de Guineematin.com dans la localité qui a relayé l’information pour un entretien. Parce qu’il est important, selon l’adjudant Boubacar Sidy Diallo, qu’il y ait une bonne collaboration des médias, sinon « une seule déformation change tout ».

Déplorant l’attitude des parents dans cette affaire de viol, le gendarme a fait remarquer qu’ici, au Foutah, le social prime sur la loi, accusant les parents d’avoir empêché la poursuite normale de la procédure pour ce cas de viol.

De Koïn Alpha Ibrahima Diogo Baldé pour Guineematin.com

Tél : (+224) 622 221 178

 

 

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