Sagara, Popodara (Labé) : un chef de famille s’oppose à l’inhumation de sa belle fille !

Abdoul_Aziz_SagaraUn chef de famille a empêché l’inhumation de sa belle fille dans son village à Sagara, un district relevant de la commune rurale de Popodara dans la préfecture de Labé, parce que tout simplement l’époux de la défunte appartient à la communauté sunnite de la région, a appris le correspondant de Guineematin.com d’une source officielle.

Selon le sous-préfet de Popodara, la victime est décédée à la maternité de l’hôpital régional de Labé alors qu’elle avait une grossesse avancée. Son époux, Abdoul Aziz DIALLO a décidé de ramener le corps de sa regrettée femme dans son village natal pour l’inhumation. Mais à la dernière minute, alors que toutes les dispositions sont prises pour les funérailles, l’oncle paternel du mari de la défunte décide de mobiliser le village contre cet enterrement à Sagara.

Alerté, le sous préfet Aly KONATE de Popodara se fait accompagner d’un agent de la gendarmerie pour tenter de rétablir l’ordre dans le village. Sur le terrain, les notables du coin manipulés par l’oncle paternel du sieur Abdoul Aziz opposent un refus catégorique aux ordres de l’autorité sous-préfectorale. Pour convaincre, ils justifient leur comportement par le fait que mari de la défunte soit membre de la communauté sunnite : «il ne nous a pas associé à son mariage. Nous ne savons pas comment il a épousé cette fille» fait on savoir à monsieur le sous-préfet qui a fini par replié. Aly KONATE est rentré à Popodara sans avoir obtenu l’accord de la communauté de laisser enterrer dans la dignité cette pauvre dame qui n’a rien fait pour que son corps soit traité de la sorte par la famille de son époux.

Interrogé, Abdoul Aziz DIALLO (sur la photo) confirme son appartenance à la communauté sunnite de Labé mais estime qu’il a été surpris par la réaction de son oncle paternel à l’absence de son père (vivant à Ziguinchor au Sénégal) depuis belle lurette : « je ne savais pas que j’étais en conflit avec mon oncle. Je viens régulièrement à Sagara pour saluer mes parents dont ma mère et mon oncle. Mais, personne ne m’a jamais dit que le village était fâché contre moi pour mes convictions religieuses. Pour revenir à mon mariage, j’ai fait un séjour à la zone minière de Keedougou au Sénégal. Lorsque j’ai eu quelques moyens, je suis rentré dans le but de me marier. J’ai rencontré mon oncle à qui j’ai demandé de m’aider à me marier. Pour ce faire, je lui ai indiqué mon choix en lui donnant les moyens des premières démarches. Il est parti se présenter une seule fois à la famille de la fille. Il a refusé d’assurer le suivi. Entre-temps, un autre prétendant s’est présenté et puisque mon oncle n’a plus réagi, les parents de la fille ont fini par accepter le dernier venu. Après le mariage de cette fille, j’ai attendu mon oncle pendant 7 ans pour qu’il m’aide à me marier. Il ne l’a pas fait et il ne m’a rien dit. Chaque fois que je reviens à la charge, il donne des réponses évasives. Ayant constaté que j’étais en train de perdre mon temps en attendant mon oncle, j’ai décidé de faire recours à des amis et connaissances dignes de confiance. Ces derniers m’ont aidé à épouser cette fille originaire de Tountouroun. Mais, personne ne m’a dit que j’ai mal fait. Pour preuve, lorsque ma femme a été évacuée à l’hôpital, ma mère est venue de Sagara pour nous retrouver à l’hôpital régional. Je me rappel seulement avoir discuté avec mon oncle sur la question des moyens à mettre à sa disposition pour mon mariage. Lorsque je lui ai dit que je ne peux pas aller au-delàs des mes moyens, il m’a dit que c’est parce que je suis de la communauté sunnite que je refuse d’organiser un mariage pompeux. Tout le blocus dans les relations entre mon oncle et moi se situe à ce niveau.»

Lorsque nous avons demandé s’il était prêt à porter plainte contre son oncle pour avoir violé l’article 356 alinéa 2 du code de procédure pénale guinéen, Abdoul Aziz DIALLO a répondue : « Je ne vais pas porter plainte contre mon oncle, puisque je n’allais pas le faire contre mon père. Aujourd’hui, je cherche d’autres moyens pour me remarier. Seulement, j’ai effacé le numéro de mon oncle dans le répertoire de mon téléphone.»

A préciser que la défunte a inhumé aux environs de 20 heures au cimetière de Tata I dans la commune urbaine de Labé.

Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Téléphone : (00224) 660 11 35 15 & 622 269 551

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