Dubréka : une ONG catholique et les autorités accusées de détourner des vivres destinés aux victimes d’Ebola

PAM, distribution des vivres, DubrékaPlusieurs tonnes de vivres envoyés aux personnes victimes d’Ebola et aux plus vulnérables à Dubréka par le PAM (programme alimentaire mondial), auraient été détournés et distribués aux autorités locales et à des personnes venues de Coyah et de Conakry, a appris Guineematin.com de sources locales. Depuis le mercredi 04 mars 2015, les bénéficiaires de ce don du PAM font la queue devant les dépôts de ces vivres, mais la distribution se passerait très mal. Certains accusent les distributeurs et les autorités locales de s’accaparer de ces vivres à la place des personnes indiquées sur papier. Guineematin.com a dépêché un reporter sur les lieux.

PAM Dubréka, entréeC’est le programme alimentaire mondial PAM, qui a mis à la disposition d’une ONG Catholique « OCPH » plusieurs tonnes de vivre pour distribuer à un certains nombre de personnes dans la commune urbaine de Dubréka. Avant la distribution, l’ONG aurait procédé à un recensement des ménages. Dans le quartier Néguéya que nous avons visité, 900 ménages sont recensés pour obtenir les vivres.

La distribution ne semble être conforme à la fiche de recensement. Selon nos propres constats faits sur place ce vendredi 06 mars 2015, à la gare de Dubréka, au Kilomètre 5, des sacs de riz et autres aliments sont entassés. Les propriétaires, souvenant venus de Conakry où du kilomètre 36, sont entrain de chercher des occasions pour partir.

Interrogé par l’envoyée spéciale de Guineematin.com, François Kamano, le superviseur de l’ONG, n’est pas d’accord avec les allégations de certains citoyens : « chaque ménage a reçu une gamme de produits. Chacun doit recevoir  13,5 kilogrammes de siesbi, 90 kilogrammes de riz, ce qui donne en tout  1 620 kilogrammes pour les 900 foyers », a-t-il dit, avant de préciser que ce vendredi était le dernier jour de distribution.

Des propos qui ne sont pourtant pas conforme à la réalité du terrain.

Environ dix minutes après notre entretien, le superviseur s’était rendu devant un groupe de femmes, de jeunes et d’adultes devant bénéficier de ces vivres pour dire «  le riz est fini ! Revenez demain, un autre camion viendra… »

Du côté des citoyens, les vivres qui leur étaient destinés sont détournés ! Amadou  Cissé, citoyen témoigne : «  les gens quittent Coyah et Conakry pour venir prendre le riz et autres ici, alors que les personnes victimes sont là, elles n’ont pas reçu.  Vous avez vu, plusieurs personnes sont là depuis trois jours et n’ont rien reçu. Pourtant, tous ceux qui sont là ont été recensés. En réalité, les distributeurs amènent leurs parents pour prendre les vivres, tendis que les bénéficières n’en reçoivent pas. Certains ont eu jusqu’à 3 à 4 sacs de riz. Le chef de quartier a transporté aussi des sacs de riz. Hier, elle en avait assez dans son salon, je ne sais pas qui lui a dit d’enlever… ».

Madame Hawa Barry, Cheffe du quartier Négueya, habillée en blanc, dans sa tenue de vendredi, nous a laissé entendre sa version devant son domicile. Malgré notre insistance, la première citoyenne de Néguéya a refusé d’être enregistrée. Ni enregistrement vidéo ni audio ! Conditions acceptées. Selon elle, aucun chef de quartier n’a reçu un dépôt de vivres chez lui… « C’est une ONG qui est venue nous voir pour dire qu’ils ont signé avec PAM, pour ravitailler les victimes d’Ebola et quelques citoyens. Ensuite, ils disent qu’ils n’ont pas besoin d’associer les autorités dans le recensement, qu’ils iront là où Dieu les guidera. Ce sont les donateurs qui ont choisi les sites de dépôt», se défend Madame Barry, pendant que nous constations 8 sacs de riz dans son salon grandement ouvert.

Fatoumata Keïta envoyée spéciale de Guineematin.com à Dubréka

Tel : (+224) 654 47 99 71

 

 

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