Déclaration : la Coordination Haali-pular réclame justice

Haali pularSuite aux manifestations dès lundi 13 et mardi 14 avril 2015 qui ont entraîné trois morts et plusieurs blessés, la coordination nationale Haali-pular a publié une déclaration, le 20 avril pour protester et condamner cette repression meurtrière dans la commune de Ratoma.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous cette déclaration signée du doyen Elhadj Saïkou Yaya Barry, président de la Coordination Nationale Haali-Pular de Guinée
Doyen des sages, Compagnon de l’Indépendance :

DECLARATION DE LA COORDINATION NATIONALE HAALI-PULAR SUITE A LA MARCHE DE L’OPPOSITION DU 13 ET 14 AVRIL 2015 A CONAKRY.

Suite à la dernière manifestation de l’opposition guinéenne du 13 et 14 Avril 2015 qui dénonce l’insécurité et demande l’organisation des élections communales avant l’élection présidentielle, la Coordination Nationale Haali-Pular de Guinée est profondément choquée et révoltée par les agissements criminels des forces dites de sécurité déployées dans Ratoma particulièrement le long de l’axe de Hamdallaye à Sonfonia. Une fois encore, ces hommes en uniforme ont repris leurs sales habitudes de descendre dans les domiciles privés pour tuer, blesser, torturer et détruire tout sur leur passage avec des injures à caractères ethnocentristes à l’égard des haali-pular.

La Coordination Nationale Haali-Pular condamne avec la dernière énergie la répression sauvage et sanglante dont est victime sa communauté dans la commune de Ratoma et interpelle une fois encore la communauté internationale et le gouvernement guinéen.

Des manifestations ont eu lieu partout à Conakry, mais on n’a compté des morts ,des blessés des destructions et des arrestations que dans la commune de Ratoma. A Matoto, Matam et Kaloum, il n’y a eu aucun blessé par balle, aucune descente dans des domiciles privés.

Nous n’accepterons plus que des criminels à la solde du régime tuent nos enfants. Nous avons compté dans Ratoma trois morts dont un par balles réelles tirées à bout portant sur les organes sensibles : la poitrine ne laissant aucune chance de survie à la victime. Des dizaines de blessés par balles et une trentaine de blessés suite à des bastonnades et des tortures. Plusieurs arrestations dont la plupart dans leurs domiciles, sans parler des dizaines de milliards de francs guinéens perdus à l’occasion des pillages et des incendies des magasins et domiciles. Ces personnes injustement arrêtées, le gouvernement s’est empressé de les condamner par sa justice expéditive conduite par ses juges aux ordres de ce pouvoir injuste et impitoyable, alors que les assassins ne sont pas inquiétés. Mais, Allah ne dors pas et a dit dans le Saint-Coran que celui qui tue volontairement un être humain, c’est comme s’il a tué l’humanité toute entière. Assassins de nos enfants, faites les calculs : depuis 2011, vous avez supprimé volontairement la vie de soixante jeunes enfants, blessés des centaines dont des dizaines sont handicapés à vie dans la commune Ratoma. Dieu vous attend pour votre récompense.

La Coordination Nationale Haali-Pular, toujours soucieuse de la préservation de la Paix et de la quiétude sociale dans ce pays a écrit plusieurs fois au gouvernement guinéen, aux ambassades de France, des USA, d’Allemagne, à la CEDEAO, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, aux Nations-Unies et aux organisations de défense des droits de l’Homme sur l’injustice, l’arbitraire, la ségrégation, l’exclusion et la répression sauvage et sanglante dont nous sommes victimes de la part du pouvoir en place. Toutes ces organisations, toutes ces ambassades sont restées de marbre et personne n’a daigné nous répondre. Et, pourtant, nous avons les accusés de réception de toutes les correspondances qui leur ont été adressées. Attendent-elles que l’irréparable soit commis pour intervenir ? En tout état de cause, nous encourageons les prestigieuses organisations que sont International Crisis Group et Amnesty International à mener leurs propres enquêtes sur les derniers cas de morts et de blessés par balles et sur tous les autres cas survenus depuis 2011.

Nous sommes des guinéens à part entière, nous sommes pour la paix et l’unité de toutes les filles et de tous les fils de la Nation ; mais, trop c’est trop ! La patience a ses limites. Le pouvoir joue sur notre croyance en Dieu, pour nous prendre pour des naïfs ou des peureux. Mais, nous sommes maintenant en situation de légitime défense face à une agression injuste d’un pouvoir qui pratique une forme d’apartheid contre nous. Nous sommes exclus, ségrégués, privés de tout par le pouvoir en place qui a procédé par un nettoyage systématique de l’administration publique et de la hiérarchie militaire en démettant les peulhs de tous les postes de responsabilités qu’ils occupaient. Nous n’accepterons plusqu’on tue nos enfants comme du gibier. Ces gendarmes, ces policiers, ces donzos et autres milices sont déployés à Ratoma pour tirer à balles réelles et tuer nos enfants après quoi les responsables de la Police, de la Gendarmerie, le Ministre délégué à la défense, le Président de la République Alpha CONDE lui-même prennent d’assaut les médias pour dire que les forces de sécurité ne disposent d’aucune arme de guerre et qu’il n’y a aucun mort dans les hôpitaux, aucun blessé par balles.
De telles attitudes sont particulièrement choquantes et révoltantes ; c’est une insulte aux victimes à leurs familles et à leur communauté toute entière. Les images des policiers et des gendarmes munis d’armes de guerre entrain de faire feu, les morts par balles et les blessés par balles font le tour des médias et des réseaux sociaux, mêmes si ces gens qui n’ont aucun respect pour la vie humaine continuent de nier l’évidence. Ces tueurs sont en uniformes de la Police et de la Gendarmerie et sont au bord des véhicules aux couleurs de la Police et de la Gendarmerie.

Ce qui est aussi révoltant, c’est la complicité de l’armée régulière vis-à-vis des donzos. Ces derniers se permettent de paraître dans les médias pour affirmer, en narguant les guinéens, qu’ils sont là et sont prêts à agir contre les manifestants. Dans quel pays du monde, sinon la Guinée, accepte-t-on des forces armées supplétives ou parallèles coexister avec les forces armées régulières ? Et si les autres communautés de la Basse Guinée, du Fouta et de la Forêt créaient leurs propres forces supplétives ? Quelle jungle serait alors la Guinée ? Nous invitons l’armée régulière à désarmer les donzos et à les chasser de la ville pour qu’ils aillent continuer leur œuvre de destruction de l’environnement chez eux, en Haute Guinée.

La Coordination Nationale Haali-Pular s’adresse directement aux Ministres délégué à la défense, de la sécurité, de la justice, au Haut Commandement de la gendarmerie, au Coordinateur des escadrons de Guinée, au directeur national de la Police, aux commissaires des différents commissariats de Conakry, aux commandants des différents escadrons de Conakry, au chef de la brigade d’intervention anti-gang, au Premier Ministre et au Président de la République, pour dire que la Communauté Haali-Pular ne continuera pas à se résigner à vous laisser sortir de chez vous le matin arme au poing motivé par des milliards qu’on vous distribue nuitamment pour aller tirer et tuer nos enfants et retourner chez vous le soir embrasser les vôtres, se rendre le lendemain à vos bases respectives assister à la montée des couleurs. Cela n’est possible qu’en Guinée. La République de l’impunité.

Les tueurs et leurs commanditaires doivent savoir que s’ils aiment leurs enfants que nous aussi, nous aimons les nôtres. Alors arrêtez votre folie meurtrière sinon, nous serons dans l’obligation de demander à tous et à chacun de répondre au coup par coup et advienne que pourra. En l’absence d’un Etat juste qui traite tous ses citoyens sur un même pied d’égalité, c’est la jungle et comme c’est le cas en Guinée nous agirons comme tel : œil pour œil dent pour dent. « On ne meurt qu’une fois ». Jamais on n’acceptera qu’on tue nos enfants pour des prétextes politiques. En tout état de cause, la Coordination Nationale Haali-Pular de Guinée exige du gouvernement guinéen et prend à témoin la communauté internationale pour que soient exécutées les actions suivantes :

1- Le retrait immédiat des hommes en uniformes de la commune de Ratoma particulièrement le long de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Koloma-Cosa-Cité-Sonfonia ;
2- La prise en charge des soins médicaux de tous les blessés par l’Etat ;
3- La libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées et incarcérées dans les différents centres de détention et de tortures du régime ;
3- L’arrestation, le jugement et la condamnation des auteurs, des commanditaires et descomplices de ces crimes odieux.

La Coordination Nationale Haali-Pular présente ses condoléances les plus attristées aux familles des trois dernières victimes et prie Dieu de les accueillir dans son Paradis éternel. Elle souhaite prompt rétablissement aux blessés et en appelle à la communauté haali-pular ici et ailleurs à une grande solidarité vis-à-vis des victimes de la répression sauvage du régime guinéen.

La Coordination Nationale Haali-Pular rappelle une fois encore pour terminer que désormais le prétexte politique derrière lequel se cache la répression dont nous sommes victimes, disparaîtra et nous allons faire face à toute éventualité en tant que Communauté Haali-Pular.

Conakry le 20 Avril 2015
Le Président de la Coordination Nationale Haali-Pular de Guinée
Doyen des sages, Compagnon de l’Indépendance
El hadj Saïkou Yaya BARRY
 

 

 

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