Marche de demain, jeudi 23 avril : l’opposition veut mobiliser sur tout le territoire de la Guinée

polices, véhiculesLa Guinée est-elle déjà en pleine crise politique ? Les opposants guinéens se montrent décidés plus que jamais de croiser le fer avec le régime, malgré les répressions meurtrières et les arrestations enregistrées ces derniers temps.

Dans une déclaration signée hier et transmise aux médias ce matin par son porte parole, l’opposition veut profiter de la misère de plus en plus accentuée des Guinéens pour mieux combattre le régime. Elle va marcher sur l’ensemble du pays et ne veut dialogue qu’à deux conditions : l’annulation du chronogramme du 10 mars et que le processus électoral soit interrompu…

« Ces mêmes préalables avaient été réunis en 2013, avant l’ouverture du dialogue ayant conduit à l’accord politique interguinéen du 03 juillet 2013. Dans les mêmes conditions et pour des motifs identiques, il fut décidé d’un gel des activités de la CENI afin d’éviter de mettre les acteurs politiques devant une situation de fait accompli préjudiciable à la mise en œuvre de l’accord », rappelle Aboubacar Sylla et ses camarades.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, l’intégralité de la déclaration de l’opposition en date du 21 avril 2015 :

Dans le cadre de la poursuite de ses manifestations contre la gestion actuelle du processus électoral et la malgouvernance, l’opposition appelle tous les Guinéens soucieux de l’avenir démocratique de leur pays, à participer à la marche pacifique prévue le jeudi 23 avril 2015, dans les cinq communes de la capitale et sur toute l’étendue du territoire national.

L’Opposition félicite ses militants et sympathisants ainsi que les citoyens de la ville de Conakry, pour leur mobilisation exceptionnelle du lundi 20 avril dernier. Par leur engagement qui a conduit à la paralysie totale des activités dans la capitale, ils ont confirmé leur détermination et leur volonté de s’opposer à l’instauration en Guinée d’un régime autocratique ignorant les principes de l’état de droit et les règles de bonne gouvernance.

L’opposition condamne l’usage récurrent par les forces de l’ordre, d’armes létales dans les opérations de maintien d’ordre. Le bilan sécuritaire de la manifestation du 20 avril dernier se chiffre à au moins trente-deux blessés dont vingt par balles, atteints pour la plupart aux jambes et aux pieds, une victime ayant cependant été touchée à l’épaule. Au moins neuf personnes sont encore sous traitement aux urgences d’hôpitaux et cliniques de la place. Ce triste bilan contredit les affirmations du Président de la République et du Ministre de la Sécurité qui nient l’utilisation d’armes de guerre par les force de police et de gendarmerie durant la répression de manifestants désarmés.

L’Opposition est par ailleurs informée de l’arrestation de dizaines de ses militants et sympathisants auxquels il est reproché d’avoir participé à une manifestation non autorisée. Certains ont déjà été déférés, présentés au juge et condamnés dans le cadre de procédures sommaires et hâtives dans le but évident d’affecter le moral des manifestants pour les amener à ignorer, à l’avenir, les mots d’ordre de l’opposition.

L’Opposition rappelle que les délégations spéciales sensées, de par la loi, être destinataires des déclarations préalables relatives aux projets de manifestations ne disposent plus de légitimité et de légalité, en raison des conditions irrégulières de leur installation et de l’expiration de leurs mandats. Les marches et meetings organisées sans lettre d’information aux autorités locales ne peuvent donc être qualifiées d’illégales et les manifestants interpelés dans ce cadre ne peuvent être accusés du délit d’attroupement illégal sur la voie publique. Ces condamnations qui constituent donc un véritable déni de justice n’honorent pas notre système judiciaire qui peine à s’affranchir de la tutelle de l’exécutif et à assumer son indépendance.

L’opposition déplore que dans le même temps aucune enquête n’ait jamais été initiée pour identifier et traduire devant la justice les auteurs de tirs à balles réelles et d’actes violence subis par les manifestants. Cette impunité nourrie par un laxisme volontairement entretenu par le Gouvernement explique le nombre particulièrement élevé de victimes enregistré ces quatre dernières années durant des manifestations pacifiques (soixante morts, dont la plupart par balles).

Devant la répression policière et judiciaire déclenchée par les autorités actuelles, l’opposition est fondée à exiger que soient libérés sans délai tous les manifestants incarcérés à l’occasion de ses marches pacifiques.

Le nombre élevé des victimes, de même que la vague d’arrestations et de détention dans des conditions inhumaines et dégradantes assortie de procès expéditifs de manifestants ciblés contredisent les appels au dialogue du Gouvernement qui ne pose aucun acte contribuant à décrisper le climat politique.

Aussi l’opposition estime t-elle indispensable avant tout dialogue, que le chronogramme du 10 mars 2015 soit annulé et que le processus électoral soit momentanément interrompu. Ces mêmes préalables avaient été réunis en 2013, avant l’ouverture du dialogue ayant conduit à l’accord politique interguinéen du 03 juillet 2013. Dans les mêmes conditions et pour des motifs identiques, il fut décidé d’un gel des activités de la CENI afin d’éviter de mettre les acteurs politiques devant une situation de fait accompli préjudiciable à la mise en œuvre de l’accord.

Si les conditions ci-avant présentées étaient réunies, l’opposition serait disposée à discuter du cadre et de l’ordre du jour du dialogue politique afin de convenir des conditions d’ouverture de discussions sérieuses pour autant que celles-ci soient susceptibles de conduire à la qualification du processus électoral et à l’amélioration de la gouvernance exercée en Guinée.
Conakry, le 21 avril 2015

Les partis politiques membres
de l’Opposition Républicaine

 

 

 

 

 

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