L’opposition veut marcher tous les lundis et jeudis pour empêcher les présidentielles, révèle Fodé Oussou

Fodé Oussou Fofana à KindiaSuite à la manifestation de l’opposition de ce  jeudi 23 avril 2015, Guineematin.com a joint au téléphone Dr. Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG),  depuis Kindia où il était allé porter main forte à la fédération locale de son parti pour ladite manifestation.

Dans cet entretien, l’honorable Fodé Oussou Fofana explique le déroulement de la journée à Kindia et évoque la réception, ce vendredi 24 avril 2015, du chef de l’Etat. Le député se prononce  aussi et surtout, sur la crise politique en général.

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Le déroulement de cette  journée  de manifestation à Kindia ?

Effectivement, la manifestation a eu lieu à Kindia. Au grand marché où se trouvent toutes les boutiques, personne n’a ouvert. Les boulangers n’ont pas travaillé, les bouchers non plus. On ne voyait que les vendeuses des condiments. La particularité de Kindia, c’est que le déploiement des forces de l’ordre était énorme avec beaucoup d’armes conventionnelles.

La marche devait commencer à Wondima, traverser la ville de Kindia, en passant par la préfecture et retourner jusqu’à la boucherie. Nous avions prévu de terminer  la marche devant le commissariat de Kindia, à côté de la station d’essence.

Les gendarmes et policiers sont venus pour étouffer les manifestants au point de départ. Lorsque j’ai  été informé, je suis venu et j’ai dit que c’est inacceptable. Ils ont lancé beaucoup de gaz lacrymogènes, mais  les militants ont résisté.

Ma présence sur les lieux a été un grand ouf de soulagement pour les militants, parce qu’ils savent que l’opposition républicaine a envoyé un député à Kindia. Je leur ai dit de ne pas avoir peur et qu’on était dans la légalité, parce que le maire de Kindia, Dr Dramé, n’a aucune légitimité, son mandat est fini depuis 5 ans. Alors on n’a rien à demander à un maire illégitime.

Malgré le gaz lacrymogène, les jeunes m’ont entouré et nous avons avancé avec la police. On est arrivé à un endroit où ils ont envoyé deux camions, un devant et un autre derrière avec tout ce qu’il y a comme policiers et gendarmes à Kindia, pour nous bloquer le passage. J’ai dis qu’on passera. A un moment donné, les autorités de Kindia, à travers la police et la gendarmerie,  sont venus me proposer de monter dans leur véhicule et qu’ils m’amènent chez eux, pour ma sécurité, selon eux. J’ai dis que je ne suis pas un homme lâche, je suis un homme digne. Je préfère la mort que de monter dans leur véhicule, parce que pour moi, un responsable ne peut pas laisser ses militants et se mettre à l’abri.

Fodé Oussou Fofana On a fait la prière de 14 heures dans la rue, sans natte, ni tapis, sur le goudron de Kindia. On était donc face à face. J’avoue qu’à un moment donné, ils sont venus ramasser tous ceux qui étaient autour de moi : les responsables de la coordination de l’opposition républicaine à Kindia. Je pensais qu’ils allaient les déposer chez eux. Malheureusement, ils ont été amenés à la gendarmerie. J’étais sur place quand ils sont revenus vers moi pour demander ce que je souhaitais. J’ai répondu que je ne change pas d’avis. C’est ainsi qu’ils m’ont cortégé pour m’accompagner jusqu’à mon domicile et nous nous sommes séparés.

C’est par après que j’ai reçu un coup de fil pour dire que les responsables de l’opposition républicaine arrêtés sont à la gendarmerie. Je suis venu à la gendarmerie pour dire que c’est nous qui sommes les organisateurs. Les gens qu’on arrête n’obéissent qu’à nos instructions.  J’ai dis au procureur de Kindia et au substitut du procureur qui étaient venus interroger les responsables de l’opposition d’écrire mon nom qu’à partir de là je me constitue prisonnier. Ils se sont vus, nous avons obtenu la libération des responsables de l’opposition qui étaient à la gendarmerie.

Il faut noter qu’il y a certains responsables de l’opposition qu’on avait déjà envoyés à la sûreté. Nous n’avons pas pu faire libérer ceux-ci, parce qu’il faisait tard et ils étaient  déjà déférés à la maison centrale. Ils ont l’intention de les juger pour flagrant délit. C’est ce qui est arrivé,  mais ces gens n’ont pas été pris dans la manifestation, ni entrain de jeter des cailloux. Ils étaient assis à côté de moi. On était là de 11 heures à 15 heures et demi.

La non tenue des communales depuis cinq ans ou la pomme de discorde entre pouvoir et opposition

C’est un recul pour la démocratie, une honte pour notre pays. Ce qu’on est entrain de vivre aujourd’hui est une première. J’ai connu le régime de Sékou Touré, il y a beaucoup de choses, mais on ne pouvait pas reprocher à Sékou d’avoir empêché le peuple de choisir ses responsables. Tous les responsables à la base étaient l’émanation du peuple. On a vu le régime de Lansana Conté, les élections se faisaient normalement.

Aujourd’hui, monsieur Alpha Condé va rentrer dans l’histoire de la Guinée comme le premier président de la Guinée qui a eu un mandat de cinq (5) ans et qui a fonctionné  avec des élus à la base, qui sont illégitimes.  Il n’a pas donné la possibilité au peuple de choisir ses élus. Les 342 mairies de la Guinée, sont occupées par  des militants du RPG Arc-en-ciel. Même ceux qu’il avait trouvés en place, ils les appellent pour demander de rentrer dans le RPG arc-en-ciel. Ceux qui n’ont pas accepté ont été  remplacés.  Ce qui nous reste, nous l’opposition républicaine, c’est de continuer le combat et c’est ce que nous allons faire. Nous allons continuer à marcher tous les lundis et tous les jeudis, pendant toute l’année. S’il n’accepte pas qu’on organise les élections communales, nous empêcherons les élections présidentielles.

Une réception du président Alpha Condé ce vendredi 24 avril 2015 à Conakry ?

Nous avons appris qu’ils ont l’intention d’organiser une réception ce vendredi 24 avril 2015 pour monsieur Alpha Condé, malgré l’état d’urgence sanitaire. On se rend compte qu’on est dans la merde. On pensait que le chef de l’Etat allait rentrer calmement en Guinée, essayer d’appeler les acteurs politiques et travailler à  mettre la balle à terre.

Quand j’entends Damantang (ministre, porte parole du gouvernement, NDLR) dire que nos manifestations vont empêcher la Croix-Rouge de contrôler l’épidémie, je ris. Parce qu’aujourd’hui, on dirait que quand on organise une réception pour monsieur Alpha Condé, ça permet de traiter les gens qui ont Ebola. Il paraitrait qu’ils ont même l’intention de passer par Bambéto, tout cela va dans le sens de la provocation et non de l’apaisement.

En attendant, le Président de la Guinée, c’est lui, l’image de la Guinée qui est sur le net aujourd’hui, c’est lui qui prendra les conséquences de son mandat. Nous, on n’a rien à voir dedans. Mais, le combat va continuer pour que la Guinée soit une Guinée unie et prospère.

Nous nous battrons par tous les moyens pour obtenir l’annulation de ce faux chronogramme qui ne représente rien, qui viole la loi.

Propos recueillis au téléphone par Mamadou Alpha Baldé

Tél : 622 68 00 41

 

 

 

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