Manifestation de l’opposition : le point de vue du juriste Mohamed Camara

Juriste_Mohamed_CAMARAPour mieux comprendre les évènements politiques dans notre pays ce dernier, notamment la reprise des manifestations par l’opposition par faute de dialogue, Guineematin.com a joint au téléphone cette soirée du jeudi 7 mai 2015, le juriste Mohamed Camara. Voici l’intégralité du décryptage de cet entretien. Sans commentaire !

« Pour analyser cette situation, il ne faut pas isoler les faits. En fait, on est dans un ensemble de violations répétées de la loi de part et d’autre. C’est pourquoi, il faut instaurer immédiatement un climat de dialogue pour sortir de cette crise qui est pourvue par les acteurs qui orchestrent cela et les victimes qui subissent.

Mohamed Camara, consultant juridique, professeur d'Universités en Guinée, ConakryVous savez qu’il y a l’enjeu qui est lié aux élections. Donc, certains veulent se maintenir au pouvoir en pensant que leur maintien constitue une simple formalité. Ce qui est une erreur. D’autres veulent venir au pouvoir par l’alternance, ils pensent que s’il n’y a pas d’alternance, automatiquement c’est qu’il y a eu fraude ou bourrage d’urnes.

Cela intervient dans un contexte où les délégations spéciales sont illégales. Donc, première illégalité, du fait que le décret a été pris en dissolvant des structures, alors que ce n’était pas la réponse appropriée conformément à l’article 80 et 100 du code des collectivités locales. Mais aussi, les délégations spéciales étant illégales, l’opposition est à sa 21ème marche de protestation sous le régime actuel. Mais, les 15 premières avaient été notifiées aux mêmes délégations spéciales. Ce n’est pas à la 16ème manifestation qu’on peut se rendre compte soudainement que les délégations spéciales sont illégales. Voyez-vous donc, dès lors, qu’il y a une organisation sans qu’il n’y ait écrit au niveau de ces délégations spéciales, quoi que illégales, ça montre également qu’il y a l’illégalité qui concerne les six (6) dernières manifestations.

Le fait de séquestrer ou de procéder à ce qu’on appelle un confinement comme si c’était une sorte de mise à l’abri des personnes par rapport au risque alors que le terme confinement ne paraît même pas, c’est une manière déguisée de se dérober du qualificatif de séquestration ou de violation du domicile. Alors que le domicile est inviolable. Donc, voyez-vous qu’il y a une triple violation : d’abord délégations spéciales illégales, ensuite dernières marches illégales et enfin, séquestration ou violation de domicile illégale.

Alors, il faut rapidement instaurer un climat de dialogue et que les deux acteurs puissent justement s’affranchir de la pesanteur ou de l’influence de leurs bases respectives. Parce que vous savez que le pouvoir est fort en politique, mais inexpérimenté en gestion administrative. L’opposition est expérimentée en gestion administrative, mais inexpérimentée en politique.

Il faudrait donc, appliquer la doctrine d’André Malraux qui  estime que « la meilleur combinaison de qualité, c’est l’intelligence et le courage ». Donc, ils sont courageux à s’effrayer ou à se dribbler, mais ils manquent de courage pour s’affranchir de leurs propres caciques en leur sein, sauf qu’ils radicalisent la position de l’opposition ou qu’ils mettent le pouvoir dans une fermeté hermétique.

Encore une fois, il ne faut pas délier la responsabilité. La grande responsabilité revient au pouvoir public parce que c’est eux qui gèrent le pays. Les populations est en droit d’attendre du pouvoir public la satisfaction des besoins de l’intérêt général dans la stabilité ».

Propos recueillis au téléphone par Mamadou Alpha Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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