Artisanat : les activités des sculpteurs enregistrent aussi des conséquences du virus Ebola

Mamadou Lamine Kanté, sculpteur à la MinièreDepuis l’apparition du virus Ebola en Guinée, nombreux sont les secteurs de développement  économique du pays qui ont été affectés, notamment les sculpteurs qui ne sont pas  restés en marge de ces conséquences. Pour s’acquérir de ces réalités, le reporter de Guineematin.com a rencontré un sculpteur.

Mamadou Lamine Kanté est un sculpteur à la Minière, sur la route Le prince. Il pratique ce métier depuis le bas âge et fait des décorations aussi pour les menuisiers. Il dit qu’aujourd’hui « les sculpteurs sont aussi confrontés à des dures conséquences du virus Ebola dans l’exercice  de cette activité qu’il a hérité de ses parents et qui assure son quotidien ».

Mamadou Lamine Kanté, sculpteur à la MinièreAu cours de cet entretien, ce sculpteur nous a confié que le bois est la matière première qu’il utilise pour faire représenter des animaux (girafes, lions, panthères), des hommes, des villas, etc…

Tout comme dans les autres secteurs qui se plaignent de ralentissement, maître Kanté se plaint également du ralentissement parce que ses clients en majorité sont des occidentaux (français, italiens) qui ne  viennent plus à cause du virus qui sévit dans le pays. «Nos clients potentiels sont des blancs. Ils ont peur de venir à cause du virus Ebola. Nous avons l’habitude de nous faire représenter dans les foires internationales à travers notre association ou  nos amis qui ont plus de moyens. Je fais des objets et je les leur donne. Ils vont les exposer et éventuellement les vendre pendant les foires. Je gagnais ma vie dans ça. Car ces objets vendus en devises nous font gagner assez d’argent. Ces opérations se font chaque mois de décembre », a-t-il signalé.

Poursuivant sur les conséquences d’Ebola, Mamadou Lamine Kanté a rappelé qu’il avait deux comptes bancaires. Un compte au Crédit rural et un autre à Ecobank. Mais,  actuellement, celui de Ecobank est fermé par faute d’argent. «La crise actuelle a vraiment bouleversé mes affaires. Je peux faire deux à six mois sans voir le moindre client. En plus, nous avons des difficultés pour gagner les bois. Souvent, nous passons par des personnes privées pour nous ravitailler en bois. Vous savez, chaque fois, c’est des nouvelles lois et sanctions sur l’exploitation de bois. Dans les autres pays, l’État assiste les ébénistes en réservant des domaines pour eux. Ici, il n’y a pas cela. Comme si le gouvernement était contre tous ceux utiliser le bois», martèle-t-il.

Mamadou Lamine Kanté, sculpteur à la MinièrePar ailleurs, maître Kanté ajoute qu’actuellement, il vit sous les grâces des menuisiers qui lui font recoure pour certaines décorations sur les lits, les armoires et autres meubles. « J’utilise cet argent  pour trouver la matière première  et  mes besoins vitaux. Par rapport au prix des objets, comme on le dit souvent,  l’art n’a pas un prix fixé. Si nous prenons une girafe qui mesure 2 mètres de longueur, je peux demander  trois millions à quatre millions de francs guinéen. Après discussion, je peux  laisser à deux millions à deux millions cinq cent mille francs guinéen. En Europe, le prix est plus élevé. Là-bas, on parle d’euro et de dollar. Mes amis négocient le prix d’une girafe entre 2 mille dollars à trois milles dollars», révèle maître Kanté.

Bien que se trouvant actuellement dans une situation économique difficile, notre scripteur laisse entendre que ce métier se trouve dans son sang et qu’il continuera toujours à l’exercer quelques soient les difficultés.

Yacine Sylla pour Guineematin.com

Tel : (+224) 628 71 71 56

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