Moins de cinq mois avant la présidentielle, Alpha Condé se prépare au combat avec une équipe de choc. Au palais Sékhoutouréya, il s’appuie d’abord sur Mohamed Diané, le fidèle parmi les fidèles (lire portrait). Le ministre directeur de cabinet à la présidence n’est pas seulement le filtre par lequel passent toutes les demandes des membres du gouvernement au « chef ». C’est aussi l’homme des rencontres secrètes. Avec le jeune Ibrahim Khalil Kaba, le ministre chef de cabinet à la présidence, il vise tous les dossiers du « patron» tout en restant dans l’ombre. Kiridi Bangoura, le ministre secrétaire général de la présidence, est, lui, beaucoup plus visible. Il a mis ses talents d’orateur au service d’Alpha Condé, auquel il a rallié seulement depuis 2010. En tant que porte-parole de la présidence, il est autorisé à parler au nom du chef. De la part d’un président qui veut tout faire lui même, c’est une vraie marque de confiance. Quant à la communication du Palais, elle est pilotée par Rachid N’Diaye, journaliste chevronné et directeur de publication du mensuel panafricain Matalana.
Rescapé. Dans le domaine de la sécurité, Alpha Condé, qui a essuyé une tentative de coup d’État en juillet 2011, s’est attribué le ministère de la Défense et a nommé l’un de ses anciens avocats, Me Abdoul Kabèlè Camara, au poste de ministre délégué. Dans l’armée, trois hommes, au moins, ont son oreille : le général Aboubacar Sidiki Camara, un ancien de l’école militaire française de Saint-Cyr, surnommé Idi Amin à cause de sa stature imposante, qui est directeur de cabinet du ministre délégué ; le général Namory Traoré, chef d’état major général des armées…
Mohamed Diané Ministre directeur de cabinet à la présidence au Palais, on l’appelle le Docteur, en raison de son passé de biologiste. Mais il est surtout une sentinelle : depuis toujours, il veille sur le fondateur du RPG. Pendant les deux ans et demi de prison d’Alpha Condé (décembre 1998-mai 2001), il est courageusement resté à Conakry pour s’occuper du détenu et mobiliser l’opinion en sa faveur, en liaison permanente avec le professeur de droit Albert Bourgi, à Paris. Aujourd’hui, il est incontournable. Confident d’Alpha Condé, il voit ce dernier tous les matins. Quand un ministre souhaite changer un membre de son cabinet ou proposer un décret à la signature du président, c’est lui qui examine d’abord la requête et donne son avis. Quand le « chef » n’a pas le temps, il arbitre à sa place. Taiseux, un brin taciturne, il est partout, sauf à la radio et à la télévision. Aux yeux des Guinéens, il incarne le pouvoir invisible. ●- Jeune Afrique spécial Guinée n°2838 du 31 mai au 6 juin 2015