Sénégal : un président de CARLE arrêté puis relaxé à Joal, son kit confisqué par la Gendarmerie

CARLE, Dakar, SénégalDepuis belle lurette, responsables de l’Opposition Républicaine et autorités consulaires se chamaillent au sujet des conditions de déroulement des opérations de révision exceptionnelle des listes électorales dans la capitale sénégalaise à Dakar. Les pommes de discorde tournent essentiellement autour de l’interprétation de l’article 19 du Code électoral, les zones d’implantation des CARLE et certains  actes administratifs de l’ambassade taxés de sabotage et de provocation par l’opposition.

C’est justement pour toutes ces raisons que le Vice-président de l’UFDG, l’honorable Docteur Fodé Oussou Fofana a récemment effectué un séjour d’une dizaine de jours à Dakar, en émissaire de son mentor El Hadj Cellou Dalein Diallo, à l’effet de porter un coup de main à leurs représentants locaux, lesquels reprochent à l’ambassadeur Mamadou Beau Kéita de pénaliser, par des astuces, des milliers de militants de l’opposition à se faire enrôler, alors qu’au même moment, accusent-ils, des non-guinéens seraient en train d’être recensés, notamment au niveau de la CARLE de Thiaroye.

Il n’est un secret pour personne qu’après le territoire national guinéen, le Sénégal reste incontestablement le deuxième bastion électoral de l’opposition, notamment de l’UFDG. Constatant que le délai officiel imparti aux opérations de révision des listes électorales dans les représentations diplomatiques expire le 20 juin prochain, sans que la mouvance présidentielle n’ait pu s’offrir le dixième des sept mille et quelques nouveaux recensés au Sénégal – ce qui pourrait être lourd de conséquences pour l’ambassadeur et ses collaborateurs – Mamadou Beau Kéita, en complicité avec le Président de la CEAMI, ordonna le mouvement ambulatoire de la CARLE de Grand Yoff dans les agglomérations périphériques de Dakar qu’ils jugent regorger de militants favorables au parti présidentiel qu’est le RPG.

C’est justement dans cette lancée que le kit, les opérateurs de saisie et les membres de la CARLE supra-mentionnée se sont retrouvés, vendredi dernier, à Joal, la ville natale du célèbre écrivain et ancien président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, située à moins de deux cents kilomètres de Dakar, avec pour tutelles préfectorale et régionale respectives Mbour et Thiès. Le hic ? En fait, il est reproché par la Gendarmerie de Joal aux missionnaires « officieux » de l’ambassade une violation de territoire puisque n’étant pas munis d’ordre de mission et d’une autorisation des autorités centrales du Sénégal, indiquant que les limites territoriales de Dakar, officiellement déclarées pour le déroulement des opérations de révision, pouvaient être franchies. Conséquence : le Président de la CARLE incriminée est mis en garde-à-vue pour quelques heures, avant d’être  relaxé après moult tractations, et le kit confisqué pour des besoins d’enquêtes, d’autant plus que, rapportent des sources dignes de foi, certaines personnes enrôlées sur le site de Joal n’inspireraient pas confiance.

Joint au téléphone par le Correspondant de Guineematin.com, à 19 heures (GMT), soit quelques minutes seulement avant la rédaction de cet article, Monsieur Mamadou Saliou Diallo, observateur de l’UFDG accrédité auprès de la CARLE ambulante, témoin oculaire  de la scène et toujours présent sur le terrain à Joal, précise : « Nous sommes arrivés ici le vendredi dernier après avoir parcouru d’autres agglomérations. Quelques heures après, la gendarmerie a été informée de notre présence officieuse à Joal pour des raisons de recensement. Les autorités administratives et politiques n’ayant pas été saisies au préalable, notre présence sur leur territoire posait un problème grave de sécurité indéniable en raison de la sensibilité de l’objet de notre mission, alors que nous ne disposions d’aucun acte approprié autorisant notre déplacement ».

Et notre interlocuteur d’avouer : « Ces motifs étaient largement suffisants, pour qui connait le Sénégal comme un exemple de pays de droit tant en Afrique que sur le plan mondial, pour que nos activités soient interrompues. C’est dans ces circonstances que le président de la CARLE et le kit furent conduits à la gendarmerie. Après quelques tractations, Monsieur Camara a recouvré la liberté, mais le kit reste confisqué jusqu’au moment où je vous parle. Le Consul de notre ambassade, Docteur Kadéba Condé vient de quitter Joal, il y a juste quelques minutes, sans qu’il n’ait pu convaincre les autorités-hôtes à lâcher du lest. Pire, à ce moment précis, personne ne peut dire avec exactitude où  se trouve le kit. Tantôt on apprend que le kit a été drainé à Mbour, tantôt on nous dit qu’il est au chef-lieu de région à Thiès. D’autres sources rapportent que le kit est toujours aux mains des gendarmes à Joal. On ne sait pas où est la vérité. Même le Consul n’a pu localiser le kit avant son départ aux environs de 19 heures pour Dakar ».

Au moment où nous mettions cette dépêche en ligne, membres de CARLE, opérateurs de saisie et observateurs de partis politiques étaient tous entassés quelque part dans la ville de joal, alors qu’au même moment, les opérations de révision demeurent bloquées, à cinq jours seulement de l’expiration du délai officiel. Quelle honte nationale ! Nous y reviendrons.

Ben Souleymane, depuis Dakar pour Guineematin.com

 

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