Le permis de tuer ! Opinion

Alpha CondéLe régime d’Alpha Condé a peur. A quatre mois de la fin de son mandat, il a pris conscience de sa situation d’échec : échec politique avec la crispation des acteurs, échec économique avec un pays en récession, échec  social avec une nation inquiète de sa cohésion, échec sanitaire avec le risque que l’épidémie  d’Ebola se transforme en endémie.  Ces résultats calamiteux ne risquent-ils pas de donner lieu à des manifestations préélectorales dont l’ampleur pourrait compromettre  toute l’architecture de fraude élaborée pour la prochaine élection présidentielle ? C’est dans cette crainte que le gouvernement  s’est doté  d’instruments juridiques  pour contraindre le citoyen à renoncer à toute dissidence ou le cas échéant, pour exercer la plus grande violence sur les récalcitrants en vue de tuer toute velléité d’insoumission.

En effet, le 2 juin dernier, l’Assemblée nationale a adopté une loi  qui prévoit notamment des sanctions pouvant aller députés, Assemblée nationale, jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et de lourdes amendes pour insulte, calomnie, offense ou diffusion de « fausses informations » au sujet du Président et de responsables publics.

Pour compléter son arsenal de bâillonnement des libertés constitutionnelles, la même session parlementaire adoptait une autre loi sur le maintien de l’ordre public. Cette loi définit quand et comment la force peut être utilisée en vue de maintenir l’ordre lors des manifestations. Ainsi les nouvelles dispositions limitent les réunions spontanées. Elles donnent pouvoir aux forces de sécurité de disperser, sans justification, les manifestations pacifiques. Elles l’autorisent, à cet effet, à recourir à tous les moyens de répression y  compris les armes à feu.

Ces deux lois sont liberticides. La  première qui  vise à restreindre la liberté d’expression est foncièrement  antagoniste à la Loi fondamentale. La Cour Constitutionnelle qui en est le gardien, doit exercer sa mission de veille sur son respect. Mais il appartient au citoyen d’être sa propre sentinelle devant les libertés qu’il a conquises et qui sont consacrées par la constitution. Toucher de près ou de loin à la liberté d’expression, c’est tenter d’ouvrir la porte de la dictature. Il faut le refuser.

La deuxième loi comporte, comme l’indique Amnesty International dans sa mise en garde, des lacunes majeures susceptibles de devenir des poudrières lors de futures contestations. En effet, en accordant protection aux forces de l’ordre contre toute poursuite pour les crimes commis au cours des opérations de maintien de l’ordre, cette loi favorisera au sein de ces forces l’excès de zèle  pour entraver le respect, la protection et la réalisation du droit de se réunir pacifiquement. Elle n’enrayera pas le cycle de violence sous le régime d’Alpha Condé avec ses centaines de victimes  dans des manifestations politiques ou lors de revendications sociales. Au contraire, l’impunité promise aux auteurs des exactions encouragera l’usage disproportionnée de la force contre des manifestations pacifiques et donc augmentera le niveau de violence dans le pays.

Rien ne peut justifier l’aliénation de  la liberté d’expression et  du droit de se réunir et de manifester. Denier ce qui est consacré par la Constitution autorise le citoyen à se mettre debout pour défendre ses droits. Au permis de tuer qui est délivré aux forces de l’ordre pour le contraindre à la soumission, il opposera la légitime défense pour sauver sa vie.  Le pouvoir actuel qui est seul comptable de l’ordre et du désordre dans le pays, doit donc se ressaisir en respectant la Constitution et le peuple de Guinée.

La liberté est notre trésor commun,  rassemblons nous, mobilisons nous pour la défendre !

La Cellule de Communication de l’UFDG

 

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