Suite du dialogue de tous les enjeux au palais du Peuple : Acte II

opposition et ministre à HmadallayeComme prévu, ce vendredi 19 juin 2015, le dialogue politique inter guinéen a repris dans la salle des Actes du palais du Peuple. Dirigé par le ministre de la justice, maître Cheick Sako, accompagné des ministres Kiridi Bangoura (Présidence) et Kabélé Camara (Défense), ce dialogue connaît aussi la participation des représentants de la communauté internationale à travers des émissaires onusiens, français et américains…

On a d’ailleurs l’impression que cette rencontre vise plus à montrer à cette communauté internationale qui refuse quoi dans ce pays tellement que les positions sont connues, tranchées et chaque camp se place à l’exact contraire de l’autre. Ce depuis que la CENI a rendu public son chronogramme électoral. L’opposition jure de le faire annuler et la mouvance présidentielle le défend comme la prunelle de ses yeux.

dialogue, opposition, pouvoirLors de la première journée d’hier, jeudi 18 juin 2015, quatre heures (de 14 heures à 18 heures) n’ont pas suffit pour s’entendre sur ce seul point « préjudiciel » du chronogramme électoral « en sa partie élections communales ». Et à la sortie des émissaires des deux camps, chacun a souhaité que le Ramadan (qui a commencé le même jour) inspire l’autre et que la nuit lui porte conseil pour entendre raison ! Evidemment, chaque camp estime que c’est l’autre qui ne veut pas comprendre et qui semble même animer d’une mauvaise foi que le saint Ramadan pourrait corriger… Et bien les écouter, on se croit dans un dialogue d’une impossible entente !

Les vieux démons

En outre, même si des positions se remuaient au palais du Peuple, quid des décideurs « ultimes » ! Il y a presqu’un an que le dernier dialogue a échoué, juilet 2014. L’opposition avait alors accusé le président de la République de s’être, seul, opposé au consensus trouvé par les deux camps (mouvance présidentielle et opposition) et partagé par les émissaires du gouvernement. Et, la mouvance présidentielle qui ne conteste pas qu’un consensus avait été trouvé, reproche à l’opposition de n’avoir pas signé, elle aussi, dans la salle du dialogue. Dans un débat avec le porte parole de l’opposition, le chef de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale avait regretté l’absence du chef de file de l’opposition qui déciderait en ultime ressort ! Tournant en dérision l’argument des émissaires de l’opposition qui disaient vouloir consulter la base avant de signer, Amadou Damaro Camara a éclaté de rire : « surtout que la base est en ce moment à l’étranger », faisant allusion à Elhadj Cellou Dalein Diallo qui n’était pas en Guinée, comme actuellement d’ailleurs.

A ce propos, il est évident que même si les émissaires actuels de l’opposition parvenaient à un accord avec la mouvance, sans l’annulation du chronogramme, ils sont évidemment sûrs de se faire désavouer par leurs pairs. Dans un entretien téléphonique hier avec Guineematin.com, le chef du groupe parlementaire des Libéraux-Démocrates et vice-président de l’UFDG (la plus grande formation politique de l’opposition), n’est pas allé par quatre chemins. Docteur Fodé Oussou Fofana a expliqué que les émissaires de l’opposition ne sont pas dans la salle des Actes pour dialoguer. « Ils ont une mission, pas deux : c’est d’annuler le chronogramme et de revenir. Ensuite, l’opposition républicaine composera ses représentants au dialogue », a à peu près dit l’opposant. Et, de rappeler qu’ils ont déjà suffisamment encaissé pour accepter aujourd’hui ce qu’ils ont refusé il y a des mois et qui leur a coûté des vies, des blessés et bien d’autres dégâts.

Dans sa diatribe contre le régime Alpha Condé, Fodé Oussou Fofana n’épargnera personne ! Même pas certains (de ses collègues de l’opposition ?) qui rêvent à un boycott de l’UFDG pour se faire passer comme adversaires du RPG arc-en-ciel et composer un gouvernement commun après les élections du 11 octobre prochain…

Bref, très durablement frappée par la maladie d’Ebola qui (au-delà des négatifs impacts économiques) a déjà emporté, officiellement, deux mille vingt sept (2 027) personnes sur les 3 249 cas enregistrés, la Guinée est actuellement suspendue à des contestations politiques qui ont également fragilisé le système économique et social du pays et qui n’ont pas l’air de trouver facilement des remèdes. Comme disaient hier soir les politiciens, espérons que le Ramadan inspire tous les acteurs, amen !

Nouhou Baldé

 

Facebook Comments Box