« Les voix du PEDN qui vont manquer à Alpha ne l’empêcheront pas d’être réélu », dit Damaro Camara

Amadou Damaro Camara, RPGA moins de quatre mois de l’élection présidentielle, le parti au pouvoir ne se voit pas obligé de repartir avec son ancien allié de taille, le PEDN. C’est entre autres ce qu’a indiqué l’honorable Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire RPG arc-en-ciel, dans un entretien accordé à Guineematin.com, ce dimanche 28 juin 2015, à son domicile situé à la Minière. Au cours de cet entretien, nous avons discuté aussi la question des délégations spéciales, etc..

En attendant la version vidéo, Guineematin.com vous propose, ci-dessous, le décryptage de cet entretien avec celui qui est subitement devenu la bête noire de l’opposition guinéenne :

Guineematin.com : Nous savons que l’opposition a décidé de suspendre sa participation au dialogue, exigeant des gages d’un véritable dialogue afin de revenir, au cas où elle revenait, que pourrait-il se passer ?

Damaro Camara : Ils ont crié sur tous les toits comme quoi, les délégations spéciales vont faire le travail pour la mouvance. Pourquoi ne pas gérer ces délégations spéciales ensemble ? Nous avons proposé cela. Est-ce qu’ils ont besoin d’organisme au prêt de la CENI pour s’assurer de la fiabilité du fichier ? Qu’on en discute ! Est-ce que nous avons besoin de se mettre ensemble pour être sûr de  la transparence des élections, nous, nous sommes disponibles !

Guineematin.com : Mais qu’est ce qui bloque alors ce dialogue, Honorable ?

H. Damaro Camara : La mauvaise Foi !

Guineematin.com : Vous le pensez ?

Damaro Camara : Absolument ! J’en suis sûr d’ailleurs. Sinon, ce n’est pas des novices, ce sont des gens qui ont géré l’Etat à des niveaux plus élevés. Quand eux ils pensent que malgré le passage d’Ebola en Guinée, il n’y a pas de problème financier et qu’on peut organiser deux élections à moins de 100 jour, ce qui risque de nous coûter dans l’ordre de 500 à 700 milliards de francs guinéens, pour moi c’est de fermer les yeux à midi et dire qu’il fait nuit.

Guineematin.com : Mais, depuis 2010, le pouvoir actuel n’a pas fait organiser ces élections communales, est ce que ce n’est pas là l’origine de tout ce que nous vivons aujourd’hui sur la scène politique ?

Damaro Camara : Est-ce que vous voulez qu’on situe la responsabilité du futur chaos qu’ils veulent organiser ou vous voulez qu’on règle les problèmes qui se posent à la Guinée aujourd’hui ? C’est là le problème. Moi, je suis législateur, je ne suis pas responsable, je n’organise pas d’élections, c’est la CENI qui organise les élections. On devait organiser les élections en 2014, mais entre nous, sincèrement, quel est le Guinéen conscient qui pouvait penser à des élections communales au cours de l’année 2014.

Guineematin.com : Mais qu’est ce qui a empêché cela Honorable ?

Damaro Camara : Mais quand vous voyez, il y a eu combien de morts en Guinée.

Guineematin.com : Mais, Honorable, il y a eu une guerre civile au Mali, mais ça n’a pas empêché la tenue des élections.

Damaro Camara : La Guerre civile était au nord, le sud du Mali n’avait rien, mais il y avait Ebola partout ici. Est-ce que vous pouviez aller à Macenta, Guéckédou ou N’zérékoré, demander l’élection des chefs de quartiers et des maires.

Guineematin.com : Mais, pourquoi il n’y a pas eu un débat à l’époque pour faire comprendre à l’opinion que ce n’est pas de la mauvaise foi du pouvoir ?

Damaro Camara : Mais, il ne revient pas à nous d’organiser l’élection, c’est le rôle de la CENI. Il y avait quand même des priorités en ce moment. Les maires dont les mandats sont échus depuis 10 ans, les chefs de quartier, les chefs de districts n’avaient pas été élues depuis 1992, la Guinée ne s’en est pas bien portée. Mais, une année de plus ne nous aurait pas tué. Franchement, en tant que gouvernement responsable, il y avait d’autres priorités en 2014 que des élections communales. Les partis politiques ont d’ailleurs participé de manière appréciable à la sensibilisation contre Ebola. Est-ce que c’était le moment de faire un débat pour dire attention il y a Ebola, on ne peut pas organiser les élections.

Guineematin.com : Mais, n’est ce pas gênant pour un régime qui se dit démocratique, de cohabiter avec des institutions non légitimes, comme les délégations spéciales ?

Damaro Camara : Cellou Dalein Diallo qui réclame des élections communales aujourd’hui, c’est lui qui a installé ces maires en 2005.

Guineematin.com : Ce n’est pas par rapport à Cellou, mais par rapport à la démocratie !

Damaro Camara : Attendez ! Vous croyez qu’en 2005 la Guinée n’avait pas besoin de démocratie ?

Guineematin.com : Mais, on pensait que ça devait changer à partir de 2010 !

Damaro Camara : Ça devait changer, mais que ceux qui n’ont pas voulu qu’il y ait plus de démocratie il y a 5 ans seulement, ne nous fassent pas des leçons de démocratie.

Guineematin.com : Et le peuple ?

Damaro Camara : Le peuple en soufre depuis très longtemps et quand nous devons faire des élections, assurons-nous que ce soient des élections bien menées. En 2005, pour mémoire, le président Lansana Conté a ordonné à Cellou Dalein Diallo qu’il ne voulait pas l’opposition à Conakry, Cellou a chassé l’opposition dans 30 préfectures sur les 33. C’est ce monsieur qui aujourd’hui, 5 ans après, nous dit combien de fois la démocratie est utile comme si en 2005 la Guinée n’avait pas besoin de démocratie, c’est choquant.

Guineematin.com : Comment se porte le RPG arc-en-ciel aujourd’hui, à quelques mois de l’élection présidentielle ?

Damaro Camara : Il se porte bien, il a ses problèmes internes qui ne sont pas de nature à compromettre son fonctionnement.

Guineematin.com : même s’il y a beaucoup de défections en ce moment ?

Damaro Camara : Mais, c’est en ce moment que je l’apprends.

Guineematin.com : Le PEDN nous montre tout le temps des jeunes qui seraient venus de la Casse et de la Haute Guinée, des gens qui se disent déçus du RPG arc-en-ciel.

Damaro Camara : Alors, félicitation à eux ! Nous nous sommes suffisamment présents. Vous savez, il y a quelqu’un qui disait qu’un parti c’est comme le train. A chaque gare, certains montent et d’autres descendent.

Guineematin.com : Est-ce que votre parti ne voudrait pas renouer avec Lansana Kouyaté ?

Damaro Camara : Quand on va à une élection, on a besoin de toutes les voix. Chaque voix qui manque est une perte. Mais, il y a des voix qui peuvent manquer et qui n’empêchent pas le candidat d’être élu. Les voix du PEDN qui vont manquer à Alpha, ne l’empêcheront pas d’être réélu, même si on aurait préféré les avoir.

Entretien réalisé par Thierno Amadou Camara pour Guineematin.com

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