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Terrorisme : que cherche  Alpha Condé ? (éditorial)

Alpha Condé, profilFatigué de parler du virus Ebola, le président guinéen ouvre un nouveau front. Maintenant, contre toute attente, Alpha Condé évoque le danger que représente le djihadisme pour son pays.

En recevant Cellou Dalein Diallo au palais Sékhoutoureyah, il l’a invité à s’impliquer dans la résolution de différends entre wahabites et tidjanistes à Labé, ville natale du leader de l’UFDG. Là, certains y ont vu un chef soucieux de régler un problème par le dialogue. Mais, à Boké, Alpha Condé est allé un peu plus loin, en soulevant la question du port du voile islamique. Il étonne plus d’un. S’appuyant sur l’exemple tchadien, Condé en langue Soussou n’hésite pas à pointer du doigt les personnes qui arborent le voile intégral comme étant une menace. Dans son discours, le président n’exclu pas une interdiction de ce mode vestimentaire. Depuis, la polémique enfle et l’inquiétude gagne le rang de certains fidèles musulmans qui ne comprennent pas les raisons de la sortie médiatique du chef de l’Etat.

Quelques jours plus tard, à l’université de Sonfonia, le président de la République précise qu’il n’a jamais décidé d’interdire le port du voile estimant qu’il s’agit de rumeurs colportées par ses concitoyens. Il admet toutefois que le sujet est délicat et la sécurité du peuple lui incombe. Alpha souhaite un débat puisque, dit-il, une personne voilée peut bien s’introduire dans ladite université et ouvrir le feu sur les étudiants. Devant les jeunes, il prononce pour la première fois le nom de Boko Haram, groupe qui sème la terreur au Nigéria, au Niger, au Cameroun et au Tchad.

Alpha Condé récidive à Niamey quand il rencontre son homologue Issoufou. Vantant la présence d’un contingent guinéen au nord-Mali pour combattre l’insurrection islamiste, monsieur Condé se dit prêt à rejoindre la future force militaire contre le mouvement d’Abubakar Shekau. Désormais, il dit attendre des propositions de ses paires. Même chose à Dakar, sur la question de la burqa (voile), il sollicite une discussion au niveau de la CEDEAO.

A Sonfonia, Alpha Condé a fait savoir que les français l’ont averti sur l’imminence d’attaque contre la Guinée à partir de Mandiana.  Sans badiner, il a envoyé l’armée sur place.

Un adage africain dit que lorsque la case de votre voisin brûle, aidez-le à éteindre les flammes. Cette vérité est incontestable, car le risque de contagion est évident. Ce qui arrive aux pays d’IBK, de Mahammadou issoufou, de Buhari, de Deby et de Biya, peut également arriver au pays d’Alpha Condé. Le fléau du terrorisme, du fondamentalisme ou que sais-je encore est mondial. Nul ne sait réellement qui tire les ficelles de ce désordre universel qui endeuille des familles. Personne n’est à l’abri de ces barbares qui crient Allahou Akbar et qui se font exploser au milieu de croyants dans des mosquées et autres places publiques. Cette forme de djihadisme est plus satanique qu’islamique.

Mais, faut-il autant se créer des ennuies comme le fait le président guinéen ? Alpha Condé qui a eu une aura internationale avec Ebola, ne sent-il pas la fin prochaine du virus hémorragique au point de créer une autre source de propagande afin de s’attirer des fonds et la sympathie des grands de ce monde ? Pour qui connait Alpha, sait en tout cas qu’il est fin stratège.

A mon avis, la menace terroriste sur la Guinée ne se justifie pas actuellement. Le rouge, jaune, vert flotte à Kidal, mais jamais, Ansardine, le MUJAO…n’ont cité notre pays comme cible principale.

L’Islam pratiqué en Guinée n’a rien de différent que celui pratiqué ailleurs. Il se caractérise par des clivages entre communautés, sectes… ces divisions de plus en plus ouvertes ne sauraient cependant donner lieu à un affolement général. Au Mali voisin, la MINUSMA fait des efforts pour éradiquer le terrorisme, et puis Boko-Haram est loin de nos frontières. À ce stade, livrer une guerre à ces groupuscules n’a aucun avantage pour les guinéens. Les américains, aussi puissants soient-ils ne s’engagent dans un conflit que s’ils ont un intérêt spécial.

Monsieur le président, lorsqu’un monstre dort, on ne le réveille pas. La Guinée a bien entendu un passé sombre, ponctué par des violences politiques, les conséquences des guerres fratricides chez ses voisins, mais le pays reste stable malgré tout. Notre nation demeure quand-même fragile, car ici, l’étranger est roi, les contrôles sont banalisés, la corruption règne en maitre. Les forces de sécurité sont mal formées, mal équipées, le système de santé délabré. Il suffit juste d’attirer les djihadistes dans notre pays pour le voir sombrer avec au quotidien, un lot important de morts de nos paisibles citoyens.

A moins que le président trouve dans le terrorisme un moyen de s’éterniser au pouvoir en instaurant un autre Etat d’urgence, il devrait changer de discours. Le mieux, c’est de penser au développement de la Guinée plutôt qu’à son implosion.

Mamadou Samba SOW

 

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