Labé : le préfet menace de suspendre certains conseillers communaux et élus locaux

Commandant Mamadou Lamarana Diallo, préfet de LabéCommandant Mamadou Lamarana Diallo, préfet de LabéLe préfet de Labé, ne semble pas maîtriser les limites du droit de regard qu’il est appelé à exercer sur les collectivités décentralisées relevant de sa juridiction géopolitique, en sa qualité de tutelle rapprochée.

Récemment, le préfet de Labé a encore gratifié les auditeurs des radios locales d’une de ses sorties médiatiques fracassantes dont il est le seul à détenir le secret. Le commandant Mamadou Lamarana DIALLO a, en effet, annoncé sur les ondes des médias privés de Labé son intention d’organiser une tournée dans sa préfecture en vue, dit-il, de remplacer les chefs de quartiers et districts qu’il trouverait absents des localités visitées : « il y a beaucoup de chefs de districts qui sont fonctionnaires ou commerçants au centre ville. Ce n’est pas normal. Ils ne doivent pas abandonner leurs districts et venir s’occuper de leurs affaires en ville. Je vais organiser une tournée dans tous les districts de la préfecture. Partout où je trouverai que le chef du district est absent, je vais le remplacer automatiquement.»

Dans le même ordre d’idée, le préfet commandant Mamadou Lamarana DIALLO a menacé de suspendre certains conseillers communaux de Labé pour le seul motif qu’ils sont régulièrement absents de la mairie pendant les heures de travail.

Face à la non maîtrise des dispositions du code des collectivités, dont le seul préfet de Labé fait preuve, les réactions ne se sont pas faites attendre. Dans une déclaration teintée d’une courtoisie doublée d’une finesse propre au politicien averti, l’adjoint au maire de la commune urbaine de Labé, Elhadj Ibrahima Balassa BALDE a tenu à rappeler qu’aucun texte de loi en vigueur en République de Guinée n’oblige un conseiller communal à venir tous les jours à la mairie : « nous n’avons que quatre sessions par an. Le reste, c’est quand le maire a besoin d’un conseiller qu’il le fait venir à la mairie pour une mission bien précise.»

Par ailleurs, maître Mouley Ismaël Diallo, juriste de formation se montre catégorique : « Je n’ai vu aucun texte en vigueur en République de Guinée qui autorise un préfet à suspendre ou remplacer un élu. Monsieur le préfet peut bien nous aider à découvrir la loi sur laquelle il s’est appuyé pour faire sa déclaration.»

En réalité, dans l’exercice de son droit de regard sur les collectivités, le préfet ne peut que proposer au ministre de tutelle une sanction. Et l’arrêté ministériel qui suspend n’est valable que pour 90 jours. Trois mois pendant lesquels le Président de la République peut confirmer la sanction par une destitution pure et simple ou lever la décision de suspension. Si dans les trois mois, le Président ne prend aucun acte, l’élu concerné par l’arrêté de suspension reprend ses activités.

Il reste entendu que même pour cette suspension par le ministre de tutelle, il faut que l’intéressé ce soit rendu coupable d’une faute lourde constaté par un service compétent en la matière. Même un rapport d’inspection n’est pas suffisant pour suspendre ou destituer un élu. Il faut nécessairement une décision de justice confirmant la faute dénoncée par le rapport d’inspection.

Qu’à cela ne tienne ! Le préfet de Labé à la gâchette verbale facile n’a fait que tirer sur un corbillard. Sa sortie médiatique fracassante est intervenue au moment où le sort de ces élus dont le mandat a expiré depuis plusieurs années se discutait entre acteurs politiques dans le cadre du dialogue inter-guinéen qui a abouti à la signature de l’accord politique dit global le 20 août 2015.  Histoire de dire que le Commandant Mamadou  Lamarana DIALLO manque réellement de maturité politique. Même s’il peut être un bon gendarme. Étonnant !

Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Téléphone : (00224) 622 269 551 & 660 11 35 15

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