Le glissement de plusieurs parties d’une montagne qui a ravagé presque tout le village de Kolonkola, situé dans la préfecture de Boffa, survenu le dimanche 6 septembre 2015, sera sans doute l’un des drames les plus douloureux de la Guinée. Mais, la passivité et l’amateurisme des autorités dans la gestion de cette catastrophe font craindre d’autres risques de dégâts.
Le premier communiqué du gouvernement a caché (par erreur ou à dessein) le fait qu’une alerte avait été donnée 24 heures avant le glissement. Selon plusieurs témoignages, notamment de monsieur Malick Touré, cultivateur et survivant du drame, un bruit surprenant et très effrayant avait été entendu un jour seulement avant le sinistre. Mais, rien n’a été fait pour évaluer la situation et prendre des mesures de sécurité afin de limiter au moins les dégâts. Plusieurs hectares de champs agricoles, des habitations, du bétail et sept personnes périront dans le drame qui suivra cette passivité de ceux qui sont sensés protéger nos concitoyens.
Au lendemain du drame, le lundi 7 septembre, sept (7) corps étaient ensevelis dans les décombres. Pourtant, la Croix-Rouge et les autorités locales qui sont venues sur les lieux repartiront aussitôt, laissant les sinistrés seuls face à la catastrophe, alors qu’on avait pu retrouver que deux des sept disparus !
Ce sont donc les survivants et d’autres concitoyens des villages environnants qui se sont occupés de la recherche et ont pu retrouver deux corps dans la journée du mardi. Deux, dont une fille et un garçon, avaient été retrouvés le lundi. La première délégation gouvernementale, composée du ministre de la Santé, le médecin-colonel Rémy Lamah et son homologue de la pêche, Jean Réné Camara, est arrivée sur le terrain que dans l’après-midi du mardi.
Le ministre de la Santé a alors loué « les efforts de la Croix-Rouge », ignorant peut être que celle-ci et aucun autre service de secours d’ailleurs n’étaient sur les lieux durant toute la journée et qu’aucune denrée alimentaire n’avait été acheminée pour permettre aux gens de se nourrir.
Le soir, avant même que cette délégation ne rentre à Conakry, la cellule de communication du gouvernement a rendu public un communiqué erroné, en tout cas pas conforme avec le bilan réel du jour. Le gouvernement parlera de l’envoie de cette délégation en disant que cinq (5) corps parmi les sept morts étaient toujours ensevelis dans les décombres, alors que deux autres avaient été retrouvés par la population. Donc, il ne restaient plus que trois corps non retrouvés parmi les sept disparus…
Le lendemain, mercredi 9 septembre 2015, lorsque le Premier ministre s’est rendu sur les lieux, il a demandé à la population de quitter Kolonkola. Le ministre des Mines a ajouté qu’il fallait un cordon sécuritaire afin d’empêcher toute personne de s’approcher de la montagne. Mais, ce que le gouvernement n’a pas dit, c’est où devaient aller ces centaines de villageois qui ont survécu au drame.
A rappeler que ces personnes ont sollicité de l’Etat de leur venir au secours pour quitter les flancs de cette montagne devenue nerveuse. Malheureusement, malgré leurs appels répétés, les populations de Koba, Trambaly et quatre autres villages ne bénéficieront d’aucune disposition pour leur éviter ce qui est arrivé à Kolonkola… Un autre bruit inhabituel a été signalé dans l’un de ces villages situés tous à proximité de la même montagne dont une partie a cédé et s’est rabattue sur Kolonkola.
La majorité des sinistrés pensent que ce sont les travaux de sondage effectués par la société minière Alufer sur cette montagne qui sont à l’origine de ce glissement. Le premier ministre a promis une enquête. Mais, devant les enquêteurs, le même Premier ministre jure que la société Alufer, incriminée, qui reconnait pourtant avoir fait une dizaine de forages sur la montagne, ne saurait être à l’origine des dégâts…
Thierno Amadou Camara, envoyé spécial de Guineematin.com à Kolonkola, Boffa
Tél. : +224 622 10 43 78
