Affrontements meurtriers et destructions importantes à Touba : les gros sous et liens historiques

Le projet de mosquée qui fait objet de litige à Touba
Le projet de mosquée qui fait objet de litige à Touba

Les langues se délient de plus en plus pour dépeindre l’atmosphère et les dessous de cette affaire de construction d’une deuxième mosquée à Touba. selon certaines informations, les affrontements auraient déjà engendré deux morts directes, deux morts collatérales, sept maisons à étages meublées, deux villas et leurs contenues, trois véhicules de marques brûlées, etc.
À en croire un proche de l’association des volontaires pour le développement de Touba, deux milliards huit cent trente millions de GNF, envoyés par ladite association pour la construction de la nouvelle mosquée (objet du conflit), ainsi que d’autres montants en devises étrangères, seraient également disparus…

Parmi les ressortissants de Karambaya qui sont incriminées par les victimes comme étant les bras longs qui ont tiré sur les ficelles, on parle d’un marabout installé à Taslima, (Tamba Kounda) au Sénégal, ainsi que d’autres installés en France et en Guinée ici.

Pourquoi s’entre-tuer pour la construction d’une maison de Dieu ?

Clin d’œil historique

Mais, la question que tout le monde se pose aujourd’hui est celle de savoir comment on en est arrivé là, pour que des descendants d’un même ancêtre s’entre-tuent à cause de la construction d’une mosquée qui est de surcroît une « maison de Dieu ».

Touba, devenue aujourd’hui une ville sainte, du moins jusqu’au dimanche dernier, était jusqu’à la fin du 18ème siècle un hameau du Binani, zone se trouvant entre le Kinsi et la Komba et appartenant au Labé de Kaldouyabhé.

Quand le plus jeune des enfants de Mâma Kalidou (Alpha Mamadou Cellou, dit Karambho Alpha Mö Labé) a entamé la construction de la grande mosquée de cette ville, a fait appel à un de ses amis pour accomplir les premiers travaux avec un de ses amis, Sékou Aboubacar DIABY, venu du Macina avec son fils, Djikin Toura et son neveu Karamoko DIABY, fils de son demi-frère Mahamadou Fatouma pour accomplir les premiers travaux de cette construction.

Après cette étape de la construction de la mosquée de Labé, Karamoko Alpha offrit la résidence de son choix à son ami qui choisit l’actuel village de Touba tout en annonçant que ce bled deviendrait un lieu de pèlerinage où beaucoup de personnes convergeraient plus tard pour demander des bénédictions.

Karamoko Alpha lui demanda cependant de bien vouloir rester dans sa cours à Labé, demande que Sékou Aboubacar accepta et envoya son fils Djikin TOURA et son neveu Karamokoba résider à Touba et c’est de là que naquis la fraternité à plaisanterie entre les descendants de Mahamadou Fatouma et Sékou Aboubacar DIABY avec les descendants de Karamoko Alpha Mö Labé qui, par extrapolation, s’élargi à tous les peulhs et tous les djakankés.

A l’image du Labé où Karamoko Alpha a séparé le temporaire qu’il détenait au spirituel qu’il confia à Mâma Malal, aïeul des Bhoubhandiyan, le spirituel fut confié aux SYLLA qui dirigèrent la prière et le temporaire, c’est-à-dire le Khalifat aux Karamba issus de Karamokoba.

Quand aux Touraya, descendants de Djikin TOURA, ils récupèrent une place de noblesse dans la cité.

Plus tard, après la disparition plus ou moins de la rentabilité du temporel suite à l’indépendance, les Karamba reprirent le spirituel qui devenait une puissance économique vers laquelle convergeaient toutes les collectes de fonds.

Détenant à la fois l’autorité morale et l’autorité spirituelle, les Karamba semblaient démontrer une suprématie outrancière face aux Touraya, auxquels il était fait certains interdits comme l’occupation par exemple des premières rangées de la mosquée de Touba.

Depuis, chaque Fidaou générant d’importantes sommes d’argent, les Karamba sont accusés de gérer seuls et à leur guise ces mânes financières sans même faire bénéficier les pauvres citoyens.

Cette ségrégation qui sévira jusqu’aux morts où les Karamba ne sont pas priés à la même place engendra des frustrations chez les autres. C’est ainsi que les Touraya profitant de l’agrandissement du village et du besoin croissant d’autres lieux de cultes décidèrent de construire une deuxième mosquée.

Du coût, les Karamba sentirent une volonté d’indépendance de Touraya qui, aux dires de certaines sources, sont devenus plus riches…
Malgré l’intervention des sages de la région, la tension ne baisse toujours pas.

Gageons que le renvoie pour faute lourde de certains responsables de l’Etat accusés d’entretenir ce climat de clivage par le chef de l’Etat puisse ramener la paix dans la cité sainte de Touba.

Boubacar Diallo

 

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