Mauvais état de la route, transport mixte et surcharge… entretien avec le patron du syndicat de Tougué

Cheick Oumar Touré, maître RamboSituée à quatre vingt six kilomètres (86 Km) à l’Est de Labé, Tougué est l’une des préfectures les plus enclavées de la Guinée. C’est du moins le constat fait par les usagers de la route Labé-Tougué dont l’envoyé spécial de Guineematin.com, actuellement en séjour dans la préfecture. Depuis plusieurs années, les populations locales plaident pour la réhabilitation de cette route de moins de cent kilomètres où il faut passer plus de 7 heures en taxi.

Interrogé par Guineematin.com, monsieur Cheick Oumar Touré, communément appelé « Rambo », le secrétaire général du syndicat des transporteurs et mécaniques générales de Tougué, déplore cet état de fait et s’interroge sur l’avenir de cette route pendant la prochaine saison hivernale, si rien n’est fait d’ici là.

« Les premières difficultés, c’est l’état des routes. Ça, il faut reconnaître que nos routes sont dans un mauvais état actuellement, surtout au niveau des points de franchissement, beaucoup ont cédé », a-t-il déploré.

Parlant des moyens par lesquels le syndicat des transporteurs de Tougué parvient à boucher certains nids d’éléphants sur la route, le secrétaire général, maître Rambo explique : « C’est une cotisation que nous faisons, une sorte d’entente entre nous et les transporteurs. La commune nous loue la gare routière à un taux qu’on fixe et nous aussi, on s’arrange à augmenter ce taux pour pouvoir rentabiliser et joindre les deux bouts », a-t-il dit.

A la question de savoir à combien son syndicat loue la gare voiture et sur la destination de cet argent, maitre Rambo se montre méfiant : « La gare routière de Tougué est louée à 400 000 GNF par mois. Nous payons la gare routière mais sur la destination de cet argent versé à la commune, on ne peut pas parler parce que c’est elle qui gère. Avec le reste, on entretien les routes. Tous les points noirs qui sont sur la route, c’est nous qui les faisons actuellement, parce qu’il n’y pas de TP (Travaux publics) ici. Vous avez vu le pont de Bâdy qui avait coupé Tougué de Labé, c’est le syndicat de Tougué qui l’a fait. Ça nous a coûté à peu près 2 500 000 GNF », a-t-il expliqué.

Aujourd’hui, le souhait le plus ardent du secrétaire général du syndicat de Tougué, y compris les usagers, est de voir cette route enfin réhabilitée. « On souhaite que cette route de Labé-Tougué soit réhabilitée. D’abord, les fonds que  nous, nous avons, ne peuvent pas faire l’entretien des routes. Les recettes que nous faisons ne peuvent pas, c’est ce qui fait que quand il y a un point noir, on utilise le peu que nous avons, ajouté à nos cotisations pour venir boucher les points noirs. Nous demandons aux autorités locales, préfectorales et nationales de penser à nous parce que la route est arrivée déjà à un certain niveau », a-t-il plaidé.

Autres problèmes, maître Rambo fustige aussi le comportement de certains chauffeurs et des locataires qui s’adonnent aux surcharges avec tous les risques d’accident.

Mais, pourquoi ceux-ci ne sont pas sanctionnés ? Maître Rambo admet qu’il y a effectivement des mesures contre ces conducteurs et locataires fautifs. Mais, c’est quand ils sont pris en flagrant délit. « Ils ont toutes les manières pour éviter le syndicat et le syndicat ne peut pas être partout sur les routes. Quand ils sont dans la gare routière, c’est normal. Mais, dès qu’ils sortent de la gare routière, on ne peut pas », s’est-il désolé.

Par ailleurs, le manque de moyens est aussi évoqué par le syndicat pour expliquer le comportement des transporteurs. « Nous mêmes, on se demande comment faire. Parce qu’on a des lieux tels que NGuéssa Woula, c’est à 120 kilomètres de Tougué, il faut rouler pendant toute une journée. Tu ne peux envoyer un taxi là-bas ou un car, c’est seulement les camions qui y vont. Qu’est-ce qu’il faut faire ? On connait les conséquences, mais qu’est-ce qu’il faut faire ? On n’a pas les moyens pour faire un contrôle », a-t-il fait remarquer.

A rappeler que lors du dernier passage du Président Alpha Condé à Tougué, il avait promis le désenclavement de cette préfecture en réhabilitant cette grande route : Labé-Tougué-Dinguiraye-Dabola.

En attendant, à Tougué, à tous ceux que Guineematin.com a demandé de réagir à cette promesse présidentielle, c’est une seule et même réponse : « attendons de voir ».

De Tougué, Mamadou Alpha Baldé, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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