« Nous avons désamorcé 52 grèves ici depuis 2011 », dixit le sous-préfet de Kamsar

Madame Sama Kaba, sous-préfet de Kamsar
Madame Sama Kaba, sous-préfet de Kamsar

La sous-préfecture de Kamsar est parmi les zones les plus sollicitées par les grandes sociétés minières : la CBG, l’ANAIM, Moubadala avec GAC et l’usine d’extraction de pétrole brut qui est annoncée à Kissimakouroun. Alors que, selon madame Sama Kaba, la patronne de la sous-préfecture qui a reçu Guineematin.com à son bureau, Kamsar n’a que 372 km2 avec 14 districts (en terre ferme et dans les îles) et une population de 365 800 habitants, d’après le recensement de 1996.

C’est dans la journée du mercredi 9 Décembre 2015 que le correspondant de Guineematin.com à Boké s’est rendu dans la sous-préfecture de Kamsar où il a été reçu par certaines autorités locales. Nous vous proposons ci-dessous le décryptage de notre interview avec Madame Sama Kaba, dans son bureau de sous-préfet de Kamsar.

Guineematin.com : Bonjour Madame le sous-préfet de Kamsar

Madame  Sama Kaba, Sous-préfet : Bonjour Monsieur le journaliste

Guineematin.com : Kamsar est une sous-préfecture qui abrite une société minière très importante, la CBG. Faites-nous la brève présentation de Kamsar.

Madame Sama Kaba : La sous-préfecture de Kamsar est située à 53 kilomètres de Boké, le chef lieu de la préfecture. Elle a une superficie de 372 km2 avec une population de 365 800 habitants d’après le recensement de 1996. Nous n’avons pas d’abord les résultats du dernier recensement. Kamsar est composé de 14 districts dont certains en terre ferme et d’autres dans les îles. Les principales activités pratiquées par la population de Kamsar sont l’agriculture, la pêche, le commerce, l’artisanat et l’exploitation minière. En plus, il y a l’extraction de l’huile rouge et le sel iodé.

Guineematin.com : le 19 Octobre dernier, nous avons assisté à l’installation de Elhadj Thiany Sylla à la tête de la commune rurale de Kamsar. Quelques semaines après, il a été remplacé par monsieur Djibril Trésor Bangoura. Vous êtes accusée d’être à la base de l’éviction de Monsieur Sylla. Qu’en dites-vous ?

Madame Sama Kaba : la décision rectificative des délégations spéciales n’émane pas d’un sous-préfet. C’est une décision nationale. Mais, pour la paix et la quiétude sociale à Kamsar, moi, je me suis réservée beaucoup pour éviter des problèmes. À Kamsar , il faut écouter beaucoup et parler moins. On ne répond pas à toutes les accusations, sinon on risque de ne plus être chef. Lui qui parle là, c’est un ancien collaborateur. Il n’avait pas son nom sur la liste proposée par le parti (RPG), c’est moi qui ai demandé à la section d’ajouter son nom et ils m’ont accepté. Mais, lorsque l’arrêté est venu, les gens ont contesté. Et, Kamsar a été parmi les communes pour lesquelles on a accordé une rectification. C’est là que le bureau politique du RPG a choisi le jeune Djibril Trésor Bangoura. La nouvelle liste a été envoyée à Conakry et le ministre a signé. Vraiment, je ne peux pas vous dire tout ce que cet homme  a fait pour me créer des problèmes. Si je parle, j’aurais oublié les conseils des sages. Mais, comme c’est moi qui suis le représentant du chef de l’État pour le moment à Kamsar, il faut que je prenne mes décisions pour éviter tout dérapage. Alors, Monsieur Djibril Trésor Bangoura a été installé à la tête de la commune ce lundi 7 Décembre 2015 dans les environs de 10 Heures et il fallait voir la foule qui était derrière lui.

Guineematin.com : Madame le sous-préfet, nous voyons plusieurs personnes derrière vous. Vous êtes très côtoyée, que faites-vous concrètement pour Kamsar pour être appréciée ?

Madame Sama Kaba, sous-préfet de Kamsar
Madame Sama Kaba, sous-préfet de Kamsar

Madame Sama Kaba : Depuis ma nomination à ce poste le 17 septembre 2011; j’applique la loi à Kamsar et grâce à la paisible population de cette sous-préfecture, j’arrive à bien faire mon travail. Je travaille au nom du gouvernement de Mohamed Saïd Fofana et de son excellence le Professeur Alpha Condé. Vous savez, quand tu es chef, si tu ne peux pas quelque chose aux gens il faut bien les recevoir et surtout les assister socialement. J’ai réussi à désamorcer plusieurs grèves ici. Depuis mon arrivée, nous avons pu désamorcer 52 grèves. Kamsar étant une zone minière, une zone d’agitation les problèmes se soulèvent spontanément. Avant que je ne sois sous-préfet, il y a eu onze (11) morts à cause des mouvements de revendications pour le courant ou autres. J’ai réglé  beaucoup des problèmes inter sectoriels et inter communautaires grâce à la franche collaboration avec la ligue islamique, des sages Baga et aux bureaux des 14 communautés. Dès qu’il y a tentatives de grève, c’est tout le monde qui se lève pour m’aider à stopper. En plus, nous avons demandé à l’ANAIM de nous aider à envoyer les gens à la Mecque et ils le font depuis trois ans. C’est pourquoi si une tierce personne parle mal de moi, j’accepte parce que ceux qui me supportent sont les plus nombreux.

Guineematin.com : Quels sont les délits les plus fréquents à cause desquels les gens sont souvent interpellés à Kamsar ?

Madame Sama Kaba : C’est souvent le vol à la CBG, les conflits de parcelles et rarement des attaques des bandits aux commerçants.

Guineematin.com : nous avons constaté que dans plusieurs sous-préfectures il y a une insuffisance notoire des agents de sécurité. J’espère que ce n’est pas le cas à Kamsar !

Madame Sama Kaba : À Kamsar, il y a bien sûr un nombre insuffisant d’agents, mais quand même, toutes les unités sont représentées ici : la police, la gendarmerie, l’aviation et la marine. C’est seulement les moyens logistiques et financiers qui manquent aux forces de l’ordre. Ils n’ont pas de véhicules pour appréhender les bandits de grand chemin. Ils n’ont même pas de gaz lacrymogènes pour hypnotiser les voleurs. Mais, dans ce cadre, je tiens à remercier infiniment le gouverneur et le préfet de Boké qui nous ont toujours aidé à désamorcer les soulèvements en envoyant des renforts et supporter les coûts.

Guineematin.com : Il y a une situation difficile à comprendre à Kamsar. Dans la cité, il y a l’électricité sans rupture, mais en haute banlieue, c’est par rotation que les  quartiers sont pourvus en courant. Comment expliquez-vous cela ?

Madame Sama Kaba : Vraiment, ce n’est pas jolie à voir ! Mais, c’est une situation qui date de loin. Mais, le président de la République a aidé la banlieue de Kamsar à avoir le courant. Il nous a offert des groupes électrogènes. Pendant deux ans, tous les jours, de 19H jusqu’à 1H, tous les quartiers avaient le courant. Mais, avec les branchements illégaux, il y a eu un délestage. C’est pourquoi on donne maintenant le courant par rotation. Quand les uns ont le courant aujourd’hui, demain ça sera d’autres.

Guineematin.com : Quelles sont les sociétés d’exploitation minière installées à Kamsar ?

Madame Sama Kaba : Après la CBG, il y a la présence de l’ANAIM, il y aura la construction d’un port à Kamakouloun, un district de Kamsar situé à 12 km, une usine d’extraction de pétrole brut à Kissimakouroun. Il y a aussi les arabes Moubadala qui travaillent avec GAC qui viennent bientôt.

Guineematin.com : Votre dernier mot

Madame Sama Kaba : Pour le développement durable de la sous-préfecture kamsar, j’invite chacun et tous à rester serein et d’éviter tout mouvement de nature à troubler la quiétude sociale.

Guineematin.com : Merci madame le sous-préfet !

Madame Sama Kaba : À vous de même.

Interview réalisée par Mamadou Diouldé Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com à Kamsar

Tél. : 622 671 242 / 656 464 286

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