Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com à Tougué, l’ancien maire de la commune urbaine, Elhadj Mamadou Saliou Baldé, a accusé l’ancien Préfet, Boubacar Barry, d’avoir comploté contre lui pour obtenir son départ de la commune en 2013 à cause de l’argent versé par Cellcom Guinée, neuf millions par an…
Selon Elhadj Mamadou Saliou Baldé, maire de la commune urbaine de Tougué de 2005 à 2013, l’ancien préfet, Boubacar Barry, a voulu s’accaparer des revenus alloués à la commune : « Il a été député pendant 7 ans. Ce sont eux que les Dadis ont renversé. Il est venu ici et a voulu prendre les recettes de la commune pour les gérer. Or, il y a le code des collectivités qui dit que les budgets des communes sont autonomes. Je me suis opposé à cela et tous les poteaux que vous voyez là, normalement, c’est la commune qui doit négocier avec les opérateurs. Quand j’ai constaté que ça n’a pas été le cas, j’ai fait des démarches à Conakry pour envoyer Cellcom. Ils sont venus avec leur attaché juridique. Les conseillers étaient tous d’accord avec moi pour qu’ils s’installent. Ils payaient 9 millions par an », a-t-il révélé.
Sur l’origine du clash entre lui et le préfet, Elhadj Mamadou Saliou Baldé explique : « Quand ils ont fait le premier paiement, je suis venu informer le Préfet. J’ai dit : monsieur le préfet, nous avons de l’argent grâce à Cellcom que je viens d’installer ici. Vous en êtes déjà informé d’ailleurs. Mais, le contrat, c’est 9 millions par an, payable à la commune. Il m’a répondu : ‘’vous savez ? Je me suis renseigné auprès des autres préfets. Les antennes chez eux, la répartition de l’argent, c’est 50% pour la préfecture, 50% pour la mairie’’. J’ai dit : monsieur le préfet, le code des collectivités que j’ai en main ne prévoit pas ça. Maintenant, je veux être large, puisque je sais que vous venez d’arriver et que vous n’avez pas trouvé grand-chose au niveau de la préfecture. Je peux vous donner 40%. C’était devant le chef section impôt qui nous a dit qu’il préfère qu’on s’entende (le Préfet, Boubacar Barry et le maire Elhadj Mamadou Saliou Baldé : ndlr). Malheureusement, le préfet a tenu en disant que c’est ce qui se fait ailleurs et c’est ce qui se fera ici. J’ai alors dit : monsieur le préfet, vous avez déjà 4 antennes à Tougué, c’est la préfecture qui a signé leur contrat, pas la commune. On ne nous donne que des miettes. Je voudrais qu’on revienne sur ça, il a répondu que ça sera sa dernière action à Tougué.
C’est ainsi qu’il m’a dit : « puisque je vois qu’on ne s’entendra pas, moi je ferais tout pour vous déstabiliser ici. J’ai dit : ‘’je sais que tu es capable de le faire’’. Mais, je savais qu’il était extrêmement difficile de cacher la vérité parce qu’elle a toujours des apparences. Mais, je n’ai pas peur de ça. Je suis l’un des rares cadres Guinéens à avoir travaillé à l’extérieur du pays pendant plus de 15 ans et rentré au pays. J’ai dit donc qu’on ne peut pas m’effrayer, j’ai beaucoup vu. Ce n’est pas pour me venter, mais je connais au moins 150 pays dans le monde. Je vous tends la main puisque ce n’est pas moi qui vous ai amené ici, c’est l’Etat. Mais, je voudrais respecter les textes. On s’est arrêté là et effectivement le monsieur (le préfet Boubacar Barry) a été malin, il a pu avoir certains conseillers de son côté qu’il a poussé à écrire contre moi. Comme la plainte avait été adressée à monsieur le gouverneur, Sadou Kéita, je suis allé le voir pour demander. Il a dit qu’effectivement les conseillers ont écrit pour dire qu’ils ne souhaitent plus continuer avec moi. Sadou Kéita a envoyé une mission d’inspection que j’ai nourrit personnellement pendant 10 jours. Ça m’a fait une dépense de 1 630 000 GNF. Je venais de sortir de l’hôpital, je n’avais pas d’argent. On avait trois plats par jour, 5 personnes dont des diabétiques auxquels il faut accepter un traitement spécial. Après, le gouverneur est venu dire puisqu’il voit que ça ne va pas, nous sommes tous suspendus. Mais, tout ça a été orchestré par le maire adjoint, Elhadj Adama Baldé, qui croyait que si j’étais chassé, il allait monter directement comme maire. Il assumait les fonctions de maire adjoint parce qu’il n’a pas été élu. Ce sont les conseillers qu’il a touché individuellement pour dire puisque la personne qui était maire adjointe, feue Oumou Kanté, est décédée, il faut donc assurer l’intérim. J’ai dit que je vais saisir l’administration pour qu’on organise les élections. Mais, ils m’ont tordu la main en disant que si j’accepte, on ne fera pas d’élection puisqu’on ne sait pas comment ça va se passer. J’ai été faible ! Mais, après, c’est lui qui s’est levé pour dire que si moi je parts, il sera maire. J’ai donc dit au gouverneur que je suis près à ce qu’on nous chasse tous. Il l’a fait mais, malheureusement, il a commis l’heure en approchant trois d’entre nous. Il a dit que ceux-là on peut les repêcher. Le gouverneur a demandé mon avis, j’ai dit que je ne donnerais pas. Il a le droit de suspendre tous, mais s’il chasse un groupe pour garder un autre, c’est arbitraire. Les gens m’ont appelé au calme, j’ai dit que je me suis fâché, mais j’aime dire haut ce que les autres pensent bas. Ce n’est pas normal, mais puisque vous l’avez fait, vous êtes le chef suprême, alors allons-y. C’est un poste que je perds…»
Sur le détournement dont on l’accuse d’avoir commis, Elhadj Mamadou Saliou Baldé a expliqué : « Je me souviens avoir laissé un chèque de 9 000 000 GNF. Je me rappelle avoir laissé à la banque BSRG de Labé 500 000 GNF. Au crédit rural de Tougué, je n’avais pas pris le compte. J’étais absent pendant plus de trois mois et quand je suis arrivé, j’ai trouvé que tout était déjà verrouillé pour moi, je ne pouvais pas accéder. J’ai laissé tomber. Mais, je ne sais pas comment l’équipe qui m’a remplacé directement a géré. Si la nouvelle équipe dit qu’elle n’a trouvé que 1 000 000 GNF, ce qui n’est pas très juste, mais je m’érige pas en inspecteur pour les autres. La vérité ne peut pas être cachée ».
De retour de Tougué, Mamadou Alpha Baldé pour Guineematin.com
Tél : 622 68 00 41