À l’occasion de sa tournée de reportage dans quelques préfectures de la Moyenne Guinée, l’envoyé spécial de Guineematin.com a rencontré le gouverneur de Labé pour une interview. Au cours de leur entretien, monsieur Sadou Kéita a expliqué sa décision d’interdiction du voile intégral, l’insécurité, la prolifération des lieux de consommation d’alcool et de drogue, mais aussi de ses attentes du futur gouvernement.
Guineematin.com : Bonjour monsieur le gouverneur, il y a quelques jours vous avez pris une décision interdisant le voile intégral au niveau du gouvernorat de Labé. Expliquez-nous ce qui a motivé cette décision ?
Sadou Kéita : Ecoutez, il y a deux choses différentes : interdire le port du voile et inviter les gens à se dévisager quand ils se présentent aux autorités, c’est très différent. Nous n’avons pas interdit le port du voile. Ça, c’est un acte du haut niveau qui doit le faire. Mais, pour une mesure de prudence, nous avons plutôt invité les femmes qui portent ces voiles, à chaque fois qu’elles sont devant une autorité administrative, de sécurité ou de défense, qu’elles se dévoilent le visage. C’est aussi simple que ça. Donc, cela nous évite d’être surpris par des terroristes. Ce n’est pas contre les personnes qui portent le voile, mais on ne sait jamais parce qu’on a vu des exemples. Au Tchad, par exemple, ce sont des porteurs de voile qui ont fait éclater des bombes ou des grenades en des lieux publics. On s’est servi de cette expérience pour dire que chaque fois qu’un citoyen ou une citoyenne qui porte le voile doit venir demander des services à nos administrateurs, qu’elle dévoile au moins le visage.
Guineematin.com : Cette décision ne fait pas l’unanimité surtout au sein des sunnites qui portent ces voiles. Est-ce que vous aviez eu des indices comme quoi, il y a une présence des terroristes en Guinée, notamment du côté de Labé ?
Sadou Kéita : Ecoutez, d’abord vous dites que ça ne fait pas l’unanimité. Mais, nous avons appelé la coordination avec laquelle nous avons parlé. Nous avons expliqué à travers les exemples que nous avons vécu tous, eux et nous. Même avant aujourd’hui, nous avons vu des gens qui ont porté ce voile et qui sont rentrés dans une banque pour la dévaliser. Nous avons donné une série d’exemples et nous avons convenus qu’eux-mêmes ils vont sensibiliser leurs militants pour que cette mesure soit respectée, il y a au moins 5 mois. La mesure a été respectée jusqu’à maintenant et c’est maintenant que j’apprends qu’ils ne partagent pas.
Ensuite, il n’y a pas question qu’un indice se présente chez nous. Non ! Des indices se sont présentés ailleurs, faut-il attendre qu’il y ait mort d’homme pour qu’on prenne des dispositions ou bien prendre des dispositions et éviter la mort des hommes ? Nous avons préféré être dans la prévention, nous nous inscrivons dans la prévention puisqu’il y a des faits qui attestent qu’il y a des hommes qui portent de voile et en dessous, ils ont des grenades, armes lourdes pour aller sévir dans des lieux publics. Alors, nous nous en servons pour prévenir. C’est pour cela que nous avons entretenu la coordination pour dire : voilà ce qui se passe au Tchad, au Nigéria et au Cameroun. Par rapport à ça, demandez à vos militantes, chaque fois qu’elles doivent se présenter devant un service administratif ou un service de sécurité de présenter le visage. On n’a pas besoin d’autre chose, mais qu’on sache avec qui nous avons à faire, c’est aussi simple que ça.
Guineematin.com : Certaines de ces sectes, qui ont des agréments, disent exercer dans la légalité, mais ils disent qu’ils n’ont pas été invités à la rencontre au cours de la quelle cette décision a été prise. Est-ce qu’ils ont été invités par les autorités administratives, notamment vous ou bien ce sont les autres qui ont été invités, c’est-à-dire les Tidjaniya ?
Sadou Kéita : C’est ce qui me surprend peut-être que vous n’êtes pas bien informé. Sinon, moi, j’ai invité la coordination des Sunnites, devant mon bureau ici.
Guineematin.com : Et, ils se sont présentés ?
Sadou Kéita : Ils sont venus au nombre de trois. J’ai communiqué ma vision de la chose. J’ai expliqué et ils m’ont dis qu’ils vont appeler leurs militants pour leur expliquer tout cela. Quand vous allez lire aussi l’interview que monsieur Sampiring a accordé à ces responsables, ils ont dis qu’ils ne sont pas contre la décision parce qu’il faut éviter que les gens se servent d’eux pour venir sévir dans le pays. Maintenant, ils ont invité toutes les personnes militantes de leur secte qui ne sont pas d’accord avec la décision d’inviter leurs épouses de rester à la maison. Moi, je ne vois pas quelle est la contradiction qui peut naître en cela parce que c’est pour le bien de tout le monde. Eux, ils sont protégés parce que quelqu’un ne peut pas se servir d’eux pour tuer. Mais, nous aussi nous protégeons la population parce que nous avons découvert qu’il y a un moyen par lequel, le terroriste peut passer pour compromettre leur secte et sévir sur la population. Nous nous jouons notre jeu, nous prévenons, mais on n’est pas contre une personne qui porte le voile, mais on est contre ceux qui se servent de ce voile pour tuer la population.
Propos recueillis par Mamadou Alpha Baldé, envoyé spécial de Guineematin.com à Labé