L’honorable Kassoum Touré à Guineematin : « la frontière guinéo-malienne est mal tracée »

Député malien 1En séjour de travail à Bamako, l’envoyé spécial de Guineematin.com a mi l’occasion à profit pour rencontrer l’honorable Abdoul Kassoum Touré, président du groupe parlementaire de l’alliance pour le Mali (APM), élu en commune I du district de Bamako au compte de la majorité présidentielle. Plusieurs questions d’actualités ont étés abordées au  cours de cet échange, notamment le terrorisme, les conflits inter frontaliers entre la Guinée et le Mali entre autres. C’était au siège du parlement malien hier, vendredi 15 janvier 2016.

« Le Mali seul n’a pas les moyens de pouvoir combattre le terrorisme. Notre Nord là est un Nord qui est très vaste. Donc, on n’a pas les moyens de pouvoir contrôler ce qui se passe là-bas. C’est pourquoi on est en train de s’organiser avec les pays qui font frontières avec nous pour qu’ensemble, on puisse créer des patrouilles mixtes », a notamment dit le député malien, à l’occasion de notre entretien.

Décryptage :

Bonjour honorable Abdoul Kassoum Traoré et merci de recevoir Guineematin.com chez vous. Pour commencer, dites nous comment fonctionne l’Assemblée nationale malienne ?

Asemblée nationale du MaliHonorable Abdoul Kassoum Touré : Le fonctionnement de l’Assemblée nationale du Mali est un fonctionnement qui tire son origine de la constitution malienne, la loi et du règlement intérieur de l’Assemblée.

Guineematin.com : Ne subit-elle pas une pression de la part du pouvoir exécutif concernant l’adoption de certaines lois, comme c’est le cas dans beaucoup de pays africains ?

Honorable Abdoul Kassoum Touré : Comme vous venez de l’appeler par son nom, l’exécutif appartient à une institution, nous aussi on est une institution. Mais, nous travaillons avec l’exécutif. Les rapports que nous avons avec l’exécutif, c’est de voter les lois et de contrôler ces lois. Donc, dire que nous subissons, ça c’est par rapport à la diligence des lois à voter, sinon nous ne subissons pas de pressions particulières. Donc, quand il y a une loi qui est là et qui doit être conforme à une ratification avec les autres pays de la sous-région, etc., là ce sont des lois qui s’inscrivent dans des délais. Donc, par rapport à la pertinence, les écoutes  et tout ce qu’il y a comme informations à recueillir, on peu faire travailler les commissions jusqu’à des heures indues. A  part cela, il n’y a pas de rythmes d’imposition, parce que nous sommes une institution à part.

Guineematin.com : Honorable, comment le parlement aborde la question du terrorisme ?

Honorable Abdoul Kassoum Touré : Bon ! Les questions du terrorisme sont quand même des questions qui sont transversales parce que ce n’est pas seulement lié à un seul pays ou à une seule sous-région, c’est devenu un phénomène mondial. Donc, dans ce sens là, tous les pays s’organisent et ont leurs stratégies, parce que les réalités diffèrent. Mais, on a compris aujourd’hui qu’aucun pays à lui seul ne peut vaincre le terrorisme. Donc, les organisations se font de façon sous-régionale, de façon internationale. Nous, à l’Assemblée nationale du Mali, nous savons que nous sommes confrontés à cette histoire depuis un certain nombre d’années, et avant même notre arrivée au niveau du parlement, c’est vrai que ce problème là a été posé ici. Que sa soi au niveau de la CEDEAO ou d’autres institutions, et tout récemment avec l’organisation qui s’est passée au Niger… Tout cela, c’est dans le sens de s’organiser et de pouvoir palier à cette histoire de terrorisme. Donc, c’est un phénomène mondial. Les pays qui ont mêmes les grands moyens aujourd’hui n’arrivent pas à circonscrire ce problème de terrorisme, mais chacun fait en sorte qu’il y ait moins de dégâts.

Guineematin.com : Les conflits inter frontaliers sont récurents le long de la frontière guinéo-malienne, notamment dans la localité de Yanfoyla. Est-ce que cette question a été posée au niveau du parlement malien ?

Honorable Abdoul Kassoum Touré : Bon ! Les questions abordées au niveau de l’Assemblée nationale  se font à plusieurs niveaux. Ça veut dire que l’Assemblée peut être saisie, même pas seulement par le gouvernement, mais part rapport à des problèmes ponctuels. Cette histoire de frontières Mali-Guinée, c’est pratiquement à tous les niveaux, c’est la balkanisation, ces frontières là n’ont pas été bien tracées et ces frontières là font que les  villages qui sont de part et d’autres sont pratiquement les mêmes localités. Il est difficile de faire un truc où tout le monde se reconnais à 100 pour cent. Les conflits là sont des conflits d’intérêt et c’est dû au fait que les tracés ne se sont pas passés normalement. Mais, quand vous regardez un peu, nous avons des civilisations tellement anciennes que quelque soient les problèmes, si les autorités se retrouvent, ils arrivent toujours à trouver la bonne formule. Les pays qui font frontières avec le  Mali, comme vous venez de le dire, la Guinée par exemple. C’est un débat tellement intéressant que quand on va rentrer là dans, et qu’on va prendre village par village des frontières qui sont au niveau de la frontière, vous allez comprendre aisément que ces populations là ont un pied en Guinée et un pied au Mali. C’est pourquoi, on ne cessera jamais de dire que la Guinée et le Mali, sont les deux poumons d’un même cœur, parce que pratiquement, nous avons les mêmes civilisations, les mêmes origines et les mêmes histoires. Mais, le plus ponctuel est que aujourd’hui, il y a des choses qui sont en train de se passer, et là, c’est du banditisme, parce que ce ne sont pas les gouvernements qui sont en conflits, ce sont les populations par certains comportements. Et, quand on amène ces genres de débats là à l’Assemblée, le Président de l’Assemblée confie ce dossier à une commission qui sera chargée de se rendre dans les localités, de chercher à comprendre et de faire un rapport. En ce moment là, le dossier doit remonter au niveau de l’exécutif pour qu’on face un problème national.

Guineematin.com : Honorable revenons aux questions du terrorisme, pensez vous que le Mali pourra venir à bout du terrorisme dont il fait face actuellement ?

Honorable Kassoum Traoré : Bon ! On se donne le droit d’espérer. Sinon le terrorisme est un phénomène tellement complexe qu’aucun pays seul ne peut venir à bout de ça. Le Mali seul n’a pas les moyens de pouvoir combattre le terrorisme. Notre Nord là est un Nord qui est très vaste. Donc, on n’a pas les moyens de pouvoir contrôler ce qui se passe là-bas. C’est pourquoi on est en train de s’organiser avec les pays qui font frontières avec nous pour qu’ensemble, on puisse créer des patrouilles mixtes.

De Bamako, République du Mali, Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

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