Retour sur le parcours du défunt gouverneur de Conakry, Soriba Sorel Camara

Soriba Sorel Camara 1L’année 2016 s’annonce sous le signe du deuil en Guinée. Après le président et candidat de l’UGDD à la dernière élection présidentielle, Georges Gandhi Tounkara, et l’ancien ministre et ancien député Elhadj Ismaël Ghuessein, c’est la troisième grande personnalité du pays que La Faucheuse frappe en ce mois de janvier. Soriba Sorel Camara, Gouverneur de Conakry, a tiré sa révérence dans la nuit du 19 janvier 2016 dans une clinique de Conakry des suites de maladie.

L’homme à la voix caverneuse présentait ces derniers temps, même sur le petit écran, des signes évidents de fatigue. Exubérant et toujours de bonne humeur contagieuse comme tout bon Soussou, les gestes de Soriba Sorel étaient devenus moins énergiques, le ton et le verbe fanés. Les superstitieux n’ont pas tardé à voir dans l’incendie qui a ravagé son domicile le 6 décembre 2015 à Conakry, le signe prémonitoire de son décès.

Trente-troisième haut responsable du gouvernorat de Conakry depuis Jean Bayol (1882 – 1890), le parcours de celui qui s’en est allé à jamais est loin d’être dénué d’intérêt.

En 2009, c’est par la petite porte que Sorel quitta le gouvernorat de Conakry, démis de ses fonctions de façon spectaculaire par l’ancien chef de la junte militaire, après avoir été hué au Palais du peuple par des jeunes partisans du capitaine Moussa Dadis Camara. Cinq ans plus tard, Soriba Sorel Camara redevient le numéro un de la capitale guinéenne, nommé par Alpha Condé, le 19 mars 2014, en remplacement du controversé commandant Sékou Resco Camara, limogé.

Il accède au poste de gouverneur pour la première fois le 14 octobre 2008 sous le régime du général Lansana Conté qui décède en décembre de la même année. Dégommé par l’insaisissable Dadis, Sorel n’est pas de genre à se faire oublier. Il sait attendre et profiter des opportunités.

Ingénieur agronome et professeur de sciences agricoles et de géologie, pour Soriba Sorel Camara le poste de Secrétaire général est taillé sur mesure. Il l’occupait précédemment au ministère de l’Élevage où il est arrivé après avoir démissionné de l’Union Démocratique de Guinée (UDG, pro mouvance), où il était également secrétaire général du parti de l’homme d’affaires Mamadou Sylla.

La jeunesse en politique, Sorel connait un rayon. Pendant 16 ans, de 1992 à 2008, il a été   la cheville ouvrière des jeunes du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP), ancien parti au pouvoir au sein duquel il a joué de nombreux rôles dont celui, évidemment, de Secrétaire général.

Parallèlement, il enseignait la géologie dans de nombreux lycées de Conakry. En 1992, il devient chef de la Division du matériel et de l’équipement de l’Assemblée nationale, puis député au compte du groupe parlementaire (PUP/PAA).

En 2008, pour deux mois (aout – septembre), Soriba Sorel Camara est nommée Conseiller politique au Secrétariat Général de la Présidence de la République. Le tremplin pour accéder au gouvernorat. Une fois, deux fois, … hélas, jamais la troisième. Repose en paix mon cher Sorel.

Saliou Bah

 

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