120 longues heures de grève en Guinée : la société civile à la croisée des chemins

KoitaLibre Opinion : Notre pays vient de sortir d’une crise sociale suite au mot d’ordre de grève générale et illimitée, déclenchée par les centrales syndicales qui a perturbé toutes les activités du pays.

Dominés par des querelles de leadership basées sur des intérêts personnels et inavoués, les acteurs de la société civile ont choisit  d’intervenir dans cette crise en rangs dispersés. Si certains ont préféré participer directement aux négociations en solo, d’autres  de façon complaisante se sont embourbés dans les déclarations inopportunes. En conséquence, leurs actions n’ont servit que le mouvement syndical au grande dame de l’intérêt du citoyen moyen.

Pourquoi avons-nous donné raison à ceux qui pensent que la société civile guinéenne actuelle a perdu ses repères, car, ils estiment qu’elle ne répond plus aux valeurs et principes qui la régissent et qu’elle défend tout sauf le citoyen au nom duquel elle s’exprime ?

Alors que c’est d’elle que le déclic devrait venir, par son manque d’anticipation et d’initiative elle a manquée une occasion en or pour renaître et Capitaliser le peu de confiance qui lui restait. Surtout pour les plates-formes qui prétendent défendre les consommateurs mais qui ont brillé par l’inaction et l’oisiveté.

Le rôle de la société civile n’étant pas seulement d’être une force  d’opposition ou un contre-pouvoir, mais aussi une force d’interpellation et de  proposition, pour être efficace et efficiente, la société civile guinéenne a besoin de se « pluraliser » et de se redynamiser sur des bases concrètes :

  • L’éducation et le renforcement des organisations, les mouvements syndicaux et d’autres acteurs sociaux s’impose donc afin que la société civile réponde à l’essentiel des contributions réelles ou attendues d’elle à savoir : la construction de la culture citoyenne, de la paix, des droits humains, la surveillance des actions publiques en exigeant de pouvoir public de rendre comptes, et la prévention des tensions et

La construction de cette société civile que nous ambitionnons tous pose donc comme préalable, La consolidation de ses acteurs, et un  véritable travail sur les mentalités ;

En Guinée, il est évident que les  facteurs qui ont empêché la bonne cohésion sociale entre les acteurs sociaux et qui ont largement fait obstacle au maintien et à la consolidation d’une société civile efficace sont entre autres, le clanisme, l’opportunisme, le copinage, le manque de conviction et la politisation à outrance qui caractérisent son fonctionnement.

Or, La construction de cette  société civile efficace et responsable impose que l’on transcende ces débats et qu’on  renonce à la politique et   à cette rivalité aveugle qui ne nous amènera nulle part, et que l’on fait face au bien être collectif.

L’heure du réveille a sonnée pour sauver notre institution, en nous débarrassant de nos querelles de leadership interminables, et en  privilégiant d’unité d’action sur des questions d’intérêt national pour consolider l’héritage de nos héros qui ont mis l’essentielle de leur vie au service des citoyens comme Ben Sékou Sylla, Naby Diakité, Camarade Ibrahima Fofana ,Thierno Aliou Diaouné « que leurs âmes reposent en paix » et tant d’autres …

La nouvelle génération doit être déterminée, engagée et pleine de conviction et d’initiative. La société civile doit jouer pleinement son rôle. La  mal gouvernance, la gabegie financière,  et la mauvaise gestion de nos ressources économiques  que connait aujourd’hui notre pays, ne sont elles pas les conséquences de l’inaction et la démission de cette institution citoyenne qui  est censée contrôler l’actions des gouvernants, veiller, alerter, interpeller et proposer des solutions.

Pour être compétente, la société civile doit comprendre les politiques publiques, le mécanisme de leur mise en œuvre (financement, pilotage ….) et de leur suivi .Cela a pour finalité de permettre, à terme, d’avoir une société civile informée, consciente, et compétente de partager l’engagement et d’œuvrer en véritable force vive de la démocratie.

Dorah Aboubacar Koita

[email protected]                

Tél. : 00224-628020209

Facebook Comments Box