Lettre ouverte : Mamady Youla mérite-t-il un moratoire ?

Mamady Youla, Premier ministre, chef GouvernementLibre Opinion : Certes, il est de coutume d’accorder un moratoire de cent (100) jours à la faveur d’une nomination et/ou d’une élection à une haute fonction donnée. C’est bien le cas du nouveau Premier ministre guinéen. Or, celui-ci se trouve  confronté à de multiples et variées crises dans notre pays. La problématique du prix du carburant à la pompe constitue le nœud de tous les problèmes. Mamady Youla semble impuissant devant les nombreux problèmes qui assaillent nos compatriotes à tous les niveaux, affectant même le panier de la ménagère. Donc, à mon avis, il s’avère  nécessaire que le locateur de la Colombe fasse ses valises.

Nommé Premier ministre guinéen et contre toute attente par le Président de la Guinée le 26 décembre 2015, l’ex Directeur général de Guinea alumina corporation (GAC), Mamady Youla, s’est tout de suite vu confronté à de multiples et variées crises. Ces crises sont surtout d’ordre économique et social.

Malgré la baisse vertigineuse du prix du baril à l’échelle mondiale, la problématique du prix du carburant à la pompe est et demeure le point nodal en Guinée

Je rappelle que la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) en avaient fait leur cheval de bataille mais hélas ! En dépit de l’obtention par l’intersyndical de l’accord de douze (12) points sur les treize (13) inscrits sur la plate forme revendicative, j’atteste que la diminution du prix du carburant aurait eu un impact certain dans la vie des populations à tous les niveaux et sans aucune distinction.

En effet, l’argument développé par les représentants de l’Etat au cours des négociations auront fait croire aux syndicalistes que « la réduction du prix à la pompe en cette phase mettre le gouvernement guinéen dans l’incapacité de payer les salaires des fonctionnaires du mois de février ». S justifiant par le fait que les caisses de l’Etat sont vides et aussi que les différents secteurs d’activités sont en souffrance.

Alors pourquoi et comment en sommes – nous arrivé à ces situations déplorables et surtout insupportables pour le citoyen lambda ?

Pour situer l’état désastreux de notre économie par exemple, le gouvernement guinéen explique la baisse des prix des matières premières d’une part et aussi l’éloignement des investisseurs étrangers du pays à cause du virus maudit « Ebola ».

Un argument peu sincère et essentiellement invraisemblable. Car, toutes les dépenses et autres charges ou presque utilisées dans le cadre de la lutte contre Ebola auront été des fonds extérieurs accordés gracieusement à notre gouvernement. Ce sont en effet les partenaires techniques et financiers – PTF – et autres bailleurs de fonds qui ont mis la main dans la poche pour soutenir la Guinée et les autres pays de la sous région touchés par le virus Ebola.

Par la suite, les difficultés liées à la survie même des populations guinéennes sont exécrables. Ces difficultés concernent notamment le faible revenu et la cherté de  vie de plus d’un guinéen. Comme si ces difficultés sont voulues et entretenues par nos gouvernants.

D’où en effet la première grande grève générale illimitée du mouvement syndical dans la deuxième quinzaine du mois de février dernier dans l’ensemble du territoire national. Grève qui aura duré juste cinq (5) jours avant d’être suspendu après un accord tripartite signé entre le gouvernement guinéen, le patronat et les centrales syndicales avec l’intervention seulement du président de l’Assemblée nationale.

Au cours de ses négociations, l’on aura amèrement constaté l’impuissance des représentants d’Alpha Condé à convaincre les grévistes, ces derniers dénonçant le manque criard de confiance et de crédibilité des collaborateurs du Président de la République. Le Premier ministre comme le Haut Représentant n’auront rien pu faire pour faire à la signature de l’accord obtenu. Celui – ci aura été, de préférence, l’œuvre du Président de l’Assemblée nationale. Et c’est pourquoi l’on dit partout que l’Honorable Claude Kory Kondiano aura réussi où tout le monde a échoué.

Par ailleurs il convient de signaler que Mamady Youla n’a pas encore présenté à l’Hémicycle la « politique générale » de son gouvernement depuis sa prise de fonction le 29 décembre, contrairement au sortant. De même, il n’a pas mis en place, à l’image de son homologue ivoirien, Daniel Kablan Dencan, un plan d’urgences vue l’ampleur des problèmes auxquels nous tous confrontés. En définitive, il ne parvient même pas à cadrer le dialogue social dans notre pays.

Venu du secteur privé après un long séjour dans la fonction publique guinéenne, l’économiste et l’homme politique dont la nomination avait suscité beaucoup d’espoirs au sein des populations, des acteurs politiques et aussi de la communauté internationale ne serait – il pas entrain de décevoir l’opinion publique nationale et internationale ?

Après ce qui précède déjà et au-delà de ces situations déplorables, Mamady Youla semble bien marcher sur les pas de son prédécesseur Mohamed Saïd Fofana. Somme toute, le deuxième premier des ministres du régime d’Alpha Condé se trouve actuellement dans l’impasse. Une réaction positive, convaincante et rassurante de sa part est très attendue avant ses cent (100) premiers jours.

D’ici là il y a bien à méditer sur l’avenir proche de notre Premier ministre mais aussi et surtout sur le sort des Guinéens qui ne savent plus à quel saint se vouer.

En bref, Mamady Youla mérite – il notre confiance pour conduire les destinées de notre pays ou devrait – il rendre sans rien attendre le tablier ? A chacun de nous de réfléchir pour la suite à donner.

Ibrahima Diallo

DG Radio Liberté FM

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