Après la résurgence confirmée de la maladie à virus Ebola dans la sous-préfecture de Koropara, préfecture de N’zérékoré, la question qui taraude les esprits est celle de savoir comment le virus a-t-il pu refaire surface dans cette localité reculée de la Guinée ? Guineematin.com a cherché des explications…
Le 28 mars 2016, la Guinée devait sortir de la période dite de surveillance renforcée de 90 jours, après l’annonce de la fin de l’épidémie par l’OMS le 29 décembre 2015. Voilà que tous les compteurs sont à nouveau remis à zéro.
En attendant la livraison de cette réponse « scientifique » des investigateurs, on peut légitimement essayer de comprendre comment le redoutable virus a pu de nouveau infecter et tuer au moins cinq personnes (dont trois cas confirmés).
Il faut rappeler que le virus Ebola, dont on pense que certaines espèces de chauves-souris constituent le réservoir naturel, peut se transmettre entre les animaux, entre « l’homme et l’animal », mais aussi entre « homme et homme » à travers les liquides biologiques (sang, lait maternel, sperme, urine, etc.). La période d’incubation de la maladie dure entre 2 et 21 jours.
Selon les spécialistes Ebola, la transmission « animal – homme » peut s’effectuer lors de la manipulation et la consommation de la viande de brousse.
Alors, un citoyen de Koropara aurait-il contracté la maladie à travers la viande de brousse ?
Cette hypothèse est très peu probable et ce, pour deux raisons :
– Le premier cas suspect de la maladie est une femme de 38 ans, décédée le 27 février passé. C’était une femme au foyer qui était mariée à un polygame. Elle ne pratiquait pas la chasse, activité exclusivement exercée par les hommes en Guinée ;
– La transmission du virus à travers la viande de brousse est très contestée dans notre pays au point de soulever de vives controverses. On se rappelle, à cet effet, de la déclaration tonitruante de feu Jean-Marie Doré au plus fort de l’épidémie en 2014, niant publiquement la possibilité d’attraper Ebola en mangeant de la viande de brousse.
Reste la transmission interhumaine. En principe, celle-ci n’est possible qu’au contact d’une personne saine avec les fluides biologiques d’une autre personne décédée d’Ebola, ou vivante mais présentant les symptômes de la maladie.
L’une des leçons apprises de l’épidémie d’Ebola de 2014 – 2015 est que le virus peut survivre dans le sperme d’un homme guéri pendant plus de 9 mois ! Or, selon un rapport de l’équipe cadre OMS et CDC, dix personnes sorties guéries d’Ebola vivent dans la sous-préfecture de Koropara, frappée par la maladie en 2014. Parmi ces personnes, plusieurs hommes dont au moins trois sont répertoriés à Koropara-centre où le premier cas suspect a été enregistré.
Un homme guéri d’Ebola de Koropara a-t-il pu transmettre le virus à une femme lors d’un rapport sexuel non protégé ?
C’est le scénario le plus crédible, soutenu par plusieurs spécialistes, même si on ne peut tirer aucune conclusion au stade actuel.
Quoi qu’il en soit, autant il est important de contenir le virus pour empêcher sa propagation, autant il est primordial de déterminer la façon dont il a resurgi pour la prévention.
Pour l’instant, la coordination nationale pour la lutte contre Ebola dit sa riposte a été rapide et bien organisée. Espérons qu’il n’y a pas eu des dispersions des contacts…
Enfin, selon une information confiée à Guineematin.com, le virus actuel est de la même souche que celui de 2014, mais serait moins virulent. Ce qui expliquerait le faible taux de cas (5) par rapport au nombre des contacts (près de 1000).
Ibrahima Baldé pour Guineematin.com